La semaine dernière, la presse guinéenne a dévoilé une tentative de détournement de 13 milliards et demi de francs guinéens par des hauts responsables de l’Etat. Suite à une imitation de la signature de l’actuel ministre de l’Economie et des Finances, Kerfalla Yansané, ancien gouverneur de la Banque centrale de la République de Guinée, BCRG. Les présumés coupables ont émis «deux simples lettres de paiement au bénéfice d’une entreprise dénommée Makémé Prestations», dévoile le satirique guinéen, le Lynx dans ses colonnes du lundi 28 mai.
Le confrère ajoute qu’il ne s’agit-là d’un détournement de quelque 6,7 milliards de francs guinéens pour «des travaux de construction d’un immeuble de trois étages qui devrait être érigé à Kankan que l’on n’a pas encore vu sortir de terre malgré les décaissements». Le satirique ironise en indiquant que l’autre exploit acrobatique concerne une vaillante imprimerie de la place: Mill Prestations qui «aurait piqué 6,6 milliards de francs guinéens au titre de l’achat de livrets scolaires. Tous les travaux auraient été ordonnés alors que les prestations n’ont connu aucun début d’exécution», soutient le confrère.
Le détournement aurait été découvert par le Payeur-général du Trésor qui, répondant «à sa hiérarchie dans le cadre d’un rapprochement quotidien, a informé la Direction nationale du Trésor du traitement de ces deux lettres de paiement. Or, ces lettres n’émaneraient pas de son service. Pire, elles seraient des fausses grossières, recouvertes de la signature de M. le Ministre de l’Economie et des Finances», révèle le journal.
Des commentaires ont fusé de partout et des interrogations soulevées par le satirique, le Lynx dont: Comment des fausses lettres ont-elles pu dépasser toute la chaîne de décaissement pour atterrir à la Banque centrale avec un ordre de virement dûment établi? Comment la Banque centrale a-t-elle pu «mener à bien» des opérations de mise à disposition dans les banques primaires sans s’assurer de l’authenticité des lettres de paiement, eu égard au montant et à l’habitude de signature de son ancien patron? Comment ces lettres ont-elles pu être reçues et traitées alors que les paiements visés ne sont pas à l’ordre du jour du plan de trésorerie du mois de mai 2012?
Le silence des autorités du ministère de l’Economie et des Finances était amèrement critiqué. Mais, ce 30 Mai, le ministre Kerfalla Yansané, a délivré un communiqué, via le Bureau de Presse de la Présidence de la République pour informer l'opinion sur la dite affaire.
Un communiqué qu’AfricaLog.com publie in extenso dans ses lignes:
«L’Inspection Générale des Finances et la Direction Nationale du Trésor déjouent une tentative de détournement de plus de 13,5 milliards GNF. La brigade de gendarmerie du Ministère des Finances interpelle une dizaine de suspects.
Le Ministre de l’Economie et des Finances, Kerfalla Yansané, a annoncé le Lundi 28 Mai, l’interpellation d’une dizaine de suspects dans le cadre d’une enquête sur une tentative de détournement évaluée à plus de 13,5 milliards de GNF. La tentative de détournement a été décelée lors d’un rapprochement quotidien effectué par la Direction Nationale du Trésor.
Deux lettres de paiement, d’un montant de 13 656 796 812 francs guinéens, imitant grossièrement la signature du Ministre de l’Économie et des Finances, alors en mission a l'Extérieur, ont été transmises le Vendredi 18 Mai 2012 à la Banque Centrale de la République de Guinée pour paiement aux sociétés Makémé Prestations et Mill Impression. Aucune trace de ces lettres ne figurant dans les registres de la Direction Nationale du Trésor et de la Comptabilité Publique, le caractère frauduleux de ces ordres de paiement a été décelé au cours des rapprochements effectués dès le Lundi 21 mai.
Alerté, le Chef de Cabinet du Ministère des Finances a aussitôt saisi l'Inspection Générale des Finances et a envoyé un courrier officiel à la Banque Centrale pour faire opposition sur les deux ordres de virement, tout en exigeant la remise des lettres de paiement frauduleuses au Cabinet du Ministère de l'Économie et des Finances.
Le Directeur de la société Mill Impression a été également contacté pour surseoir à toutes opérations de retrait de fonds sur le compte de sa société. Sans succès, puisque, contre toute attente, le 22 mai, le Directeur de la société Mil Impression a émis sept chèques en faveur de diverses personnes : six chèques ont été payés pour un montant totalisant 2 0141 765 000 de francs guinéens; le septième chèque d'un montant de 1 500 000 000 de francs guinéens a pu être bloqué à la compensation à la Banque Centrale.
Le dossier a été confié à la Gendarmerie nationale, et le Procureur de la République près du Tribunal de Première Instance de Kaloum a également été saisi. Les premières enquêtes indiquent que cette fraude aurait été orchestrée par un réseau de fonctionnaires du Ministère de l’Économie et des Finances et des agents de la Banque Centrale de la République de Guinée, ainsi que des complices au niveau des banques commerciales et dans le monde des affaires. Une dizaine de personnes ont déjà été interpellées.
Le Ministre de l'Economie et des Finances, Kerfalla Yansané, tient le Premier Ministre régulièrement informé de l'évolution de l'enquête. Compte tenu des ramifications de cette opération crapuleuse, le Premier Ministre a demandé aux services de répression du grand banditisme d'apporter leur appui aux efforts de la Gendarmerie.
Le Ministre de l'Economie et des Finances a déclare que "la rapidité de la réaction et la qualité de la coopération entre les services compétents du ministère et des services de sécurité, témoignent, si besoin en était, de la volonté sans faille du Gouvernement du Professeur Alpha Condé, de lutter contre la corruption et de protéger les deniers publics."
Le Ministre de l'Economie et des Finances tient a rassurer l'opinion nationale et internationale de la détermination du gouvernement à déployer tous les moyens légaux nécessaires, afin que l’argent détourné soit remboursé, et que toutes les personnes associées à ce crime économique soient sanctionnées devant la justice, conformément aux lois en vigueur. "
"L’impunité n'a plus sa place en Guinée", a conclu le ministre Kerfalla Yansané.»
AfricaLog.com