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Alpha Condé dénonce les magistrats corrompus

Jun 04, 2012
Alpha Condé dénonce les magistrats corrompus

Le Président de la République dénonce les magistrats corrompus. «Le Premier ministre est un imam. Il a beaucoup pitié. Il m’a fatigué, fatigué», regrette Alpha Condé. «La justice fait notre honte. La plupart des juges sont corrompus, voleurs», dénonce-t-il.

«Il ne faut pas pointer du doigt le seul juge, il faut voir toutes les strates», estime le juriste Mohamed Camara.

Quinze mois après son accession au pouvoir, la sortie du Président de la République, le samedi 2 juin, était si musclée que ses organisateurs eux-mêmes ne semblaient pas s’attendre à pareil résultat en ce qui concerne la dimension des attaques du Professeur Alpha Condé aux différents maux qui "grippent" la bonne marche de la "machine Changement" en Guinée.

D’abord le chapeau est porté par Alpha Condé à son Premier ministre qui, selon le Chef de l’Etat, est un imam qui se laisse dominer par des sentiments à l’égard des auteurs de la gabegie financière: «le Premier ministre est un imam. Il a beaucoup pitié. Il m’a fatigué, fatigué. Mais, maintenant après 15 mois vraiment, ça suffit. Que le Premier ministre veuille protéger ou pas, maintenant c’est son problème. Cette semaine, je vais balayer tous ces gens. Aucun cadre ne sera protégé. Tous les cadres qui sont coupables de vol, non seulement, ils vont être radiés, mais ils vont être condamnés sévèrement».

Le Chef de l’Etat de s’interroger: «Comment on peut imiter la signature du Ministre des Finances [Kerfalla Yansané, NDLR] pour aller sortir 13 milliards de GNF à la Banque Centrale? Alors la mafia organisée aux Finances, au Budget, à la Banque Centrale, à la Fonction publique, on va lui couper la tête la semaine prochaine», annonce-t-il très amer.

Est-ce le tocsin du départ de certains Ministres et hauts cadres qui sonne ainsi? Attendons de voir.

Sur un autre chapitre, outre ces bandits à col blanc qui continuent d’évoluer dans les rouages de l’administration, les Ministres qui peinent à imprimer leur marque au sein de leur département ou les opposants qui "voudraient l’empêcher" de réaliser son programme, le Chef de l’Etat n’a pas hésité à dénoncer le comportement peu recommandable de certains magistrats.

Le Professeur part d’un exemple type pour dénoncer la corruption qui a cours au niveau de la justice: «J’ai appelé ce matin [samedi 2 juin, NDLR] le Président de la Cour suprême. Beaucoup de juges sont corrompus. Les gendarmes ont arrêté un vendeur de riz pourri. Il a voulu corrompre les gendarmes, ils ont refusés. Il est parti à la justice, le juge l’a libéré. Et il [le vendeur] téléphone aux gendarmes pour se moquer d’eux. J’ai appelé Syma [Mamadou Sylla, le Président de la Cour suprême, NDLR], la semaine prochaine, ce juge-là sera radié. Et tous les juges qui sont dans les combines qui rendront de mauvais jugements, ils seront tous radiés. L’armée a changé.
Aujourd’hui, les forces de sécurité font notre fierté. Mais la justice fait notre honte. La plupart des juges sont corrompus, voleurs. Ils donnent raison à ceux qui donnent l’argent. Ils estiment que le changement ne va pas les toucher. Alors, comme la justice est indépendante, j’ai dit à Syma, la gendarmerie va lui donner la liste de tous les juges qui ont rendu un mauvais jugement. Il doit les enlever».

Au regard du résultat obtenu de la rencontre que bon nombre qualifient de «rencontre de la vérité et de décisions à venir», les organisateurs semblent satisfaits. Selon le Président de la Coalition citoyenne, organisatrice de la cérémonie, le constat est alarmant: «Après plus de 50 ans d’indépendance, la Guinée n’a pas encore pu se donner les moyens de son développement».

Ibrahima Capi Camara d’apprécier la sortie du Président de la République: «Ce sont des messages comme ça que les Guinéens attendaient. Si l’on en croit aux paroles du Président [de la République], il n’y a pas de raison que ça soit autrement. Dès la semaine prochaine, des décisions vont être prise». Le Président de la Coalition citoyenne a toutefois le triomphe modeste: «je n’ai pas la prétention de dire que c’est la Coalition citoyenne qui est à la base de ça. Toutefois, on peut dire que c’est à travers une organisation-baptême de la Coalition citoyenne que le Président [de la République] renouvelle encore une fois cette volonté».

Le juriste et professeur de droit, Mohamed Camara interprète la sortie du Chef de l’Etat: «je dirais qu’il y a malaise entre les différentes institutions au niveau du climat qui prévaut à la base. D’un côté les pouvoirs publics veulent sévir contre la corruption, mais, à l’insu du Président de la République, il y a une information judiciaire qui fait état du détournement ou de tentative de détournement d’autant plus qu’il y a début de consommation de l’infraction en tant que telle avec les 2 milliards [déjà sortis des caisses de l’Etat, NDLR], il y a aussi des sorties avec des repris de justice le plus souvent. Donc, je pense que tous ces éléments-là, sont quelque peu symptomatiques du malaise qui prévaut dans les rapports qui existent entre les différents pouvoirs, l’indépendance de la Justice par rapport à l’Exécutif et aussi le travail que la Justice doit faire pour satisfaire tant soit peu la population».

D’autre part, M. Camara voit en cette sortie, une sorte de stratégie: «Par rapport à cette sortie médiatique, c’est vrai, sur fond de mécontentement, sur fond de nervosité à la limite, mais le mérite à donner à cela, c’est que ça devrait en principe pousser la Justice à prendre d’avantage ses responsabilités. Sur le fondement de l’article 107 de la Constitution, elle doit se montrer complètement indépendante du pouvoir exécutif. Et cette sortie du Chef de l’Etat peut également être une sorte de stratégie pour mettre une sorte de pression sur la justice surtout qu’il y a un certain nombre de procès qui sont pendants, qui sont en cours pour que la justice puisse prendre un certain nombre de décisions».

Ce jeune doyen de la faculté de droit relativise: «je pense qu’au niveau de la justice, il ne faut pas pointer du doigt le seul juge, il faut voir toutes les strates parce que dans le cadre de la Justice, il n’y a pas un seul maillon qui constitue la chaîne. Il y a un ensemble de niveaux de rupture de charges. Donc, je pense qu’il faudrait situer les responsabilités à ces niveaux-là».

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