Ce mardi 5 juin 2012, la ville de Mamou située à plus de 300 kilomètres de Conakry, a failli enregistrer de violents accrochages entre les chauffeurs de taxi et les agents des forces de l’ordre et de sécurité de ladite ville, a appris AfricaLog.com à Conakry.
L’origine de cet incident est liée à l’assassinat d’un chauffeur de taxi (un certain Ibrahima Diallo) la veille, d’une balle dans la tête qu’il a reçue d’un caporal-chef, un certain Saïbou Traoré, en service au Bataillon autonome de Mamou. Selon les sources concordantes, Ibrahima Diallo a voulu profiter de l’arrêt d’un autre véhicule soumis au contrôle pour franchir le poste de contrôle érigé à l’entrée de la ville, sur l’axe Conakry-Mamou, après qu’il s’est soumis à la vérification de «ses papiers». Mais faute de les avoir au complet, Ibrahima Diallo s’arrête et propose quelques billets pour «le prix de la sauce à l’agent contrôleur». Celui-ci aurait estimé la somme petite et le chauffeur a tenté de profiter quand un autre chauffeur a été soumis au même contrôle. Il démarre, mais à peine 15 mètres de parcours, un des pneus du véhicule crève. Le Caporal-chef le trouve-là et mécontent de son acte lui loge une balle dans la tête.
La ville de Mamou, communément appelée «la ville carrefour» pour être le passage obligé de tous véhicules en provenance des quatre coins de la Guinée à destination de Conakry ou vice-versa apprend la nouvelle et ses habitants paralysent tout.
Des jeunes en colère descendus dans la rue pour manifester leur irritation après l’assassinat dudit chauffeur tentaient d’en découdre avec les agents des forces de l’ordre venus calmer leurs ardeurs à coup de gaz lacrymogènes. Parmi eux, il se dit qu’une dizaine de gendarmes à bord d’un pick-up ont convoyé les passagers au gouvernorat, pour les empêcher de témoigner.
Des sources ont soutenu par téléphone que le commerce est fermé, l’administration fonctionne au ralenti, la circulation routière quasiment paralysée. Le syndicat des chauffeurs aurait interdit tout véhicule à circuler en direction de Conakry ainsi que de Mamou vers l’intérieur de la Guinée.
Selon des confrères, des responsables de la société civile locale ont confirmé les faits en disant que le chauffeur en partance pour Labé aurait été abattu au niveau d'un barrage routier érigé à l’entrée de la ville de Mamou.
Les circonstances de l’assassinat du chauffeur, Ibrahima Diallo, restent encore floues. Le Gouverneur de Mamou, Amadou Oury «Lemmy» Diallo (sur la photo), joint par notre correspondant à Conakry, n’a pas encore décroché le téléphone. Et les sources anonymes affirment ne pas être au courant des circonstances réelles du meurtre.
Cependant, elles soutiennent que le corps de la victime serait à la morgue de l’hôpital régional de Mamou. Même que son corps a subi sa toilette mortuaire, a confié à un confrère un membre de la société civile locale. Un autre a confié à AfricaLog.com que le présumé auteur du crime serait mis aux arrêts et le corps de la victime convoyé dans un village de Labé, sa préfecture d’origine.
Des délégués syndicaux auraient quitté Conakry et Labé (capitale de la région de la Moyenne-Guinée, l’une des quatre régions naturelles du pays) pour calmer les ardeurs et tirer l’affaire au clair avec les autorités de la ville de Mamou.
Aux dernières nouvelles au moment où nous mettions en ligne, la circulation redevenait normale, une délégation conduite par le préfet de Labé, Safioulaye Bah, s’est rendue à Mamou pour calmer les ardeurs. D’autres sources anonymes indiquent que la ville de Mamou est prise d’assaut par des syndicalistes, des chauffeurs et des jeunes qui «veulent venger» l’assassinat d’un des leurs dans un «un crime odieux».
Une vive tension serait montée au centre urbain de la ville de Labé, située à plus de 400 kilomètres au Nord-est de Conakry. Mais le gouverneur de ladite ville, Sadou Kéita n’a pas confirmé l’information.
En mai dernier, à l’occasion de la fête internationale du Travail, les huit principales centrales syndicales guinéennes ont dénoncé la multitude de barrages dits de sécurité érigés, sur les principales routes de Conakry et de l’arrière pays. Ils avaient demandé la levée de ces barrages, mais leur appel semble tomber dans des oreilles de sourds, du moins pour le moment.
AfricaLog.com