Selon des sources militaires, les visites vendredi et samedi du Premier ministre aux militaires de Ségou (135 km au nord de Bamako), zone de défense N°2 du pays, et celle du ministre de la Défense à Sévaré (646 km de la capitale) augurent de l'engagement imminent de la contre-offensive de l'armée malienne pour libérer les régions du nord occupées depuis début avril par des rebelles touaregs et des extrémistes musulmans.
Selon elles, Douentza (826 km au nord de Bamako) doit être reprise cette semaine pour préparer cette libération.
"L'une des raisons de la débâcle est que le front était dégarni en troupes. Il n'y avait pas suffisamment de soldats pour faire face à la situation. Présentement, des soldats ont été déployés à Sévaré (base du commandement opérationnel pour le nord depuis la prise de Gao en avril dernier) à partir des camps de Ségou, Sikasso et Kayes pour étoffer l'effectif", nous indique l'une de nos sources. Et des stratèges y sont aujourd'hui déployés pour préparer cette opération.
Il s'agit notamment des généraux Mahamadou Maïga (gouverneur de Kayes) et Minkoro Kané qui sont réputés dans l'art de la guerre et respectés par les troupes et la hiérarchie militaires. Ce dispositif est soutenu par un staff basé à Bamako qui réunirait des officiers d'expérience comme le général Gabriel Poudiougou, chef d'état-major général des armées au moment du coup d'Etat du 22 mars 2012.
Cette opération se préparerait dans la plus grande discrétion au point que tous les éléments qui sont impliqués sont aujourd'hui privés de leurs téléphones portables. La nouvelle stratégie de reconquête du septentrion malien impliquerait également des milices arabes, actuellement en conclave en Mauritanie, le Ganda Izo (peulhs et sonrai).
Il faudra également compter sur les deux fronts en gestation pour libérer Gao, Tombouctou et Kidal. Le premier est dirigé par le colonel Ould Meydou depuis la Mauritanie. Le second, en gestation, est piloté par l'énigmatique colonel Major Alhaji Ag Gamou.
Pour palier à la problématique des armements, en attendant l'appui logistique de la CEDEAO et de la communauté internationale, l'armée aurait réussi à monter un puissant arsenal à partir des ateliers centraux de Markala qui a ainsi repris du service.
"Il n'est pas question de renoncer à un seul centimètre carré de notre territoire", a martelé Cheick Modibo Diarra en visitant vendredi dernier le camp "Amadou Cheickou Tall" de la zone de défense N°2 à Ségou.
Lors de cette visite, les responsables militaires de la zone ont assuré que leurs éléments sont de plus en plus motivés depuis l'instauration de la nouvelle "prime d'opération" payée uniquement aux hommes engagés sur le champ des opérations. "L'armée garantie est décidée à se battre pour laver l'affront qu'elle a subi et mettre fin à l'humiliation de notre peuple".
"Visiblement, l'armée malienne est déterminée à marquer des points sur le front pour non seulement redonner espoir aux populations des régions occupées, mais aussi surtout consolider la position des autorités maliennes en vue de l'ouverture des négociations. Il faudra tout faire pour que celles-ci ne s'éternisent compte tenu de la durée de la transition préalablement fixée à 12 mois", commente un diplomate africain en poste à Bamako.
Pour lui, "le plus difficile ce n'est de reprendre des villes, mais de s'y maintenir. Pour leur reconquête définitive et dans les meilleurs délais, il faudra que l'armée malienne puisse acquérir une puissance et une suprématie aériennes. C'est là où le Mali a besoin de l'appui de la CEDEAO, notamment du Nigeria". – AfricaLog avec agence