Le Hamas palestinien, au pouvoir à Gaza, a fêté dimanche dans la liesse et au son de rafales d'armes automatiques la victoire "historique" du candidat islamiste en Egypte, Mohamed Morsi, escomptant trouver en lui un allié de poids contre Israël.
"C'est une nouvelle ère qui s'ouvre en Egypte. Il s'agit d'un revers pour le programme de normalisation et de coopération sécuritaire avec l'ennemi (israélien)", a dit Mahmoud Zahar, figure de proue du Hamas à Gaza, peu après l'annonce de l'élection du représentant des Frères musulmans à la présidence égyptienne.
Le Premier ministre du gouvernement Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh, a téléphoné au nouveau président égyptien mais également au chef des Frères musulmans, Mohammed Badie, pour leur adresser ses félicitations.
Cette confrérie panislamiste est considérée comme la "maison mère" du Hamas.
Sitôt après le résultat, des cris de joie et des klaxons, accompagnés de tirs à balles réelles en l'air, ont retenti dans la ville de Gaza.
Des dizaines de milliers de partisans du Hamas et du Jihad islamique se sont massés dans la soirée devant le bâtiment du Conseil législatif palestinien, dans une marée de drapeaux verts, noirs, palestiniens et égyptiens.
"L'Islam est la solution", pouvait-on lire sur des portraits de Hassan al-Banna, fondateur égyptien des Frères musulmans, et du cheikh Ahmed Yassine, fondateur du Hamas assassiné par Israël en 2004.
"La marche pour la libération de Jérusalem a commencé aujourd'hui", a lancé à la foule Mahmoud Zahar, en qualifiant Mohamed Morsi d'"ami et frère". "La Palestine a besoin de vous (Egyptiens) pour sa libération", a-t-il ajouté.
Les célébrations devaient se poursuivre dans toute la bande de Gaza.
A Rafah, ville frontière entre l'enclave palestinienne et l'Egypte, où un millier de Gazaouis s'étaient rassemblés, un participant a été tué et six autres blessés par des balles perdues, selon des sources médicales locales.
Les scènes de joie à Gaza contrastaient avec une relative indifférence à Ramallah (Cisjordanie), siège de l'Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas, et un certain fatalisme en Israël devant la victoire prédite du candidat islamiste.
Le président Abbas a sobrement félicité le président Morsi et a exprimé "son respect" pour le choix du peuple égyptien.
Mais contrairement à sa consoeur du Hamas à Gaza, la télévision de l'Autorité palestinienne a poursuivi ses émissions normalement.
Toute la journée, sur toutes les chaînes de radio et télévision de Gaza, les commentateurs politiques se sont attachés à analyser l'impact de la présidentielle en Egypte sur la situation dans le territoire palestinien.
La radio diffusait des chants politiques égyptiens pro-révolution.
Certains analystes ont attribué la confrontation des derniers jours entre groupes armés palestiniens à Gaza et Israël, dans laquelle le Hamas est monté en première ligne après plus d'un an d'éclipse, à l'imminence des changements politiques en Egypte.
Selon Ahmad al-Turk, professeur de journalisme à l'Université islamique de Gaza, la situation politique en Egypte "s'est renversée en faveur du Hamas et des Palestiniens" et pour cela il "n'est plus envisageable que les Palestiniens se taisent face à l'escalade israélienne".
Les islamistes "espèrent qu'un gouvernement islamiste au Caire sera plus complaisant envers les activités terroristes à Gaza et dans le Sinaï" égyptien limitrophe d'Israël, estime pour sa part un haut responsable israélien ayant requis l'anonymat.
Israël a salué dimanche le "processus démocratique" en Egypte et souhaité poursuivre sa coopération avec le gouvernement égyptien sur la base du Traité de paix de 1979. – AfricaLog avec agence