«Je ne peux pas travailler avec un groupe et derrière, il y a des gens qui me poignardent dans le dos», déclare, amer, Boubacar Barry.
Le Président du Parti National pour le Renouveau a démissionné ce dimanche 15 juillet 2012. Boubacar Barry, selon ses propres termes, «démissionne de la présidence et de toutes les instances du PNR».
A l’entame, l’homme affirme: «Moi j’ai été choisi et élu président du PNR. Mais aujourd’hui, les contradictions sont fortes au sein du parti au point que des réunions se tiennent au sein du bureau exécutif du parti sans que je ne sois informé en tant que président». C’est pour cette raison et pour bien d’autres que «j’en tire des leçons qu’il faut et que j’assume mes responsabilités».
L’annonce de sa démission a été faite par l’intéressé lui-même à la faveur d’une conférence de presse: «je vous [les journalistes, NDLR] ai appelés pour vous informer qu’à partir d’aujourd’hui, j’ai décidé en harmonie avec certains responsables du parti pour lesquels j’ai beaucoup de respect et avec beaucoup de peine, de démissionner du PNR».
Le Parti National pour le Renouveau a vu le jour au lendemain de la prise du pouvoir par les militaires le 23 décembre 2008 suite au décès du Président général Lansana Conté, sous la conduite du capitaine Moussa Dadis Camara. D’ailleurs, c’est en raison de la forte relation qui liait ce dernier au jeune leader que Boubacar Barry se verra nommé Ministre d'Etat à la Construction, de l'Aménagement du territoire et du Patrimoine bâti public.
Ainsi qu’on le voit donc, la raison de sa démission du PNR est due à des «divergence de visions avec certains cadres du parti».
En présence d’autres cadres du parti, Boubacar Barry a donné d’amples explications sur les motifs de son départ qu’il a qualifié, certes sous le coup de la colère, de "définitif" du parti: «Depuis un certain temps, il y a des soubresauts au sein du PNR, parce que nous ne sommes pas tous d’accord sur les nouvelles démarches à mener», tout en précisant que «le parti reste dans sa ligne politique actuelle, pour lui permettre de se construire lentement mais sûrement».
Bouba, son petit nom, a voulu être très précis avec les journalistes: «Il y a un certain nombre de structures indépendantes qui sont créées, telle la ‘’Coalition citoyenne’’ au sein de laquelle certains membres du bureau exécutif du PNR sont actifs. Il est vrai que c’est une structure indépendante qui se dit apolitique, mais quand on a besoin d’apporter son soutien à un mouvement quelconque en appartenant déjà à une structure politique, il est important de se référer à sa structure de base pour avoir au moins le quitus de pouvoir participer à ses activités. Parce que nos militants et sympathisants, parfois, ne comprennent pas».
L’homme ne semble pas ainsi accepter le comportement de certains de ses camarades qui, fussent-ils «fondateurs du PNR», à travers des attitudes lors des réunions: «ils voudraient s’appuyer sur un certain nombre de paramètres statutaires pour modifier, d’une part, les statuts et les faire entériner en dehors du congrès, d’autre part, définir la ligne du PNR toujours par le même procédé en dehors du congrès. Ce qui, à mes yeux, ne respecte ni l’éthique ni l’esprit qui nous a amener à créer le PNR», regrette-t-il.
Et pourtant dans une récente interview, Boubacar Barry avait balayé d’un revers de la main la rumeur d’un remue-ménage ou de guerre de leadership au niveau du Parti National pour le Renouveau. Il avait plutôt opté pour le terme "restructuration" : «Il n’y a pas de remue-ménage particulier. Nous sommes dans une dynamique d’améliorer le fonctionnement des structures du parti, donc en restructuration telle que prévue dans la dynamique d’installation du parti que nous avions prévue depuis l’élection présidentielle».
Il avait toutefois reconnu qu’ «il y a beaucoup de bruits que les gens veulent. Il y a beaucoup de supputations puisque l’information peut-être n’est pas passée avec beaucoup plus de clarté au niveau de l’opinion» car, soulignait-il, «au sortir de l’élection présidentielle, il a fallu en interne essayé de tirer les leçons de ce travail qui a été fait par un groupe de personnes ; donc, nous avons fait faire un audit administratif et financier au niveau du parti».
D’après le patron démissionnaire, «Cet audit a fait des recommandations dans la restructuration des instances du parti parce qu’on s’était rendu compte quand même, qu’il y avait quelques petits problèmes de fonctionnement liés à des problèmes dans les fonctions des uns et des autres, il y avait du bicéphalisme au niveau de certaines fonctions. Donc, il fallait mettre de l’ordre. Et c’est ce travail qui est en train d’être fait».
Au cours de cette interview, le Président du PNR avait mis en exergue la nécessité pour le bureau exécutif de démissionner en application des recommandations de l’audit: «Puisque nous voulons le faire dans la transparence, puisque nous avons toujours travaillé à l’esprit d’équipe, nous avons réuni le bureau exécutif et le bureau exécutif a décidé de démissionner dans sa globalité pour permettre de mettre en place une équipe complètement indépendante qui sera chargée de toiletter les textes du parti à savoir le statut et le règlement intérieur avant de la soumettre au Conseil national du PNR pour qu’un nouveau bureau exécutif soit mis en place».
C’est au regard de toutes ces réalités reprises ce dimanche lors de sa conférence de presse avec d’autres arguments ici rapportés, que Boubacar Barry a démissionné. Une réponse plus édifiante sera donnée dans les prochains jours ; au-delà de celle qu’il a avancée quelques heures après avoir rendu publique sa décision de quitter le navire PNR: «Ma démission est liée à des dissensions très fortes à l’interne par rapport à la réorganisation du parti et la ligne politique du parti» reconnait-il.
«C’est une décision irrévocable», lance-t-il, même si les propos du jour de l’homme politique s’inscrivent dans l’axe du combat politique qu’il entend poursuivre : «Cela ne veut pas dire que je quitte la politique. Je resterai dans la politique parce que je pense que j’ai un devoir d’aider notre génération à émerger. Je pense que c’est par la voie politique que nous pourrons permettre au maximum de jeunes de savoir qu’ils ont la force d’apporter le changement positif dans le pays. Je suis désolé de constater que certains de mes camarades ne sont pas d’accord avec moi, mais il faut que je reste en adéquation avec ma conscience. Je ne peux pas travailler avec un groupe et derrière, il y a des gens qui me poignardent dans le dos».
Boubacar Barry a conclu avec cet autre message: «Je suis là avec des cadres qui ont eux aussi démissionné du parti, on va décider de quelque chose très bientôt et au moment venu, la presse sera informée».
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