Massacres de Zogota: Les condamnations se multiplient | Alog News | www.africalog.com
home

Massacres de Zogota: Les condamnations se multiplient

Aug 09, 2012
Massacres de Zogota: Les condamnations se multiplient

Les déclarations des organisations non gouvernementales condamnant la répression de Zogota se multiplient. L’OGDH (Organisation guinéenne de défense des droits humains), le Comité de crise sur les massacres de Zogota et la coalition guinéenne de PCQVP (Publiez Ce Que Vous Payez) sont sortis de leurs réserves pour réclamer une enquête en vue de mettre la lumière dans l’affaire «Zogota-VALE.»

Le 9 août, la section guinéenne de la coalition mondiale «Publiez Ce Que Vous Payez» est préoccupée des «évènements tragiques et douloureux qu’endurent les pauvres populations des sites miniers de Zogota, à N’Zérékoré et de Fria». Elle déclare que ces évènements dont AfricaLog.com vous en a fait le point, sont les «conséquences de deux conventions minières opaques signées par les gouvernements précédents pendant que les populations d’accueil de sociétés minières, à travers leurs représentants, ne sont pas informées des retombées de l’exploitation minière de leurs localités puisque n’ayant pas été associés ni à la négociation de ces conventions, ni à leur conclusion.» PCQVP-Guinée a condamné l’utilisation de la force ayant entrainé «la mort, les blessures d’hommes et des dégâts matériels dans la localité de Zogota à N’Zérékoré où des habitants n’ont demandé que de l’emploi de leurs enfants par VALE, une société minière en voie d’installation sur leurs terres».

Quant à la crise qui mine l’usine d’Alumine de la compagnie minière Rusal, Publiez ce que vous payez, déclare qu’il est «cynique et inacceptable» pour ladite compagnie de refuser de payer ses travailleurs et de programmer l’arrêt de la fourniture d’eau et d’électricité pour fait de grève de ses employés. PCQVP s’interroge: «A quoi sert un syndicat qui, conformément à sa vocation et à la loi, ne revendique pas ou n’appelle pas à la grève pour l’amélioration des conditions de vie de ses adhérents ? Où est son crime ? Que dire de RUSAL, société minière qui en dehors de toute loi, toute concertation, toute négociation et tout dialogue expose aujourd’hui, en plus de ses travailleurs, la population de toute une ville à la maladie par la coupure de l’eau et de l’électricité ? » Ce qui est au yeux de PCQVP « des atteintes graves à la vie et aux droits de l’homme assimilables à des crimes contre l’humanité qui ne resteront pas sans suites ».

Toutefois, l’ONG mentionne que Rusal a le droit de fermer lorsqu’il ne trouve pas ses comptes, mais un retrait et une fermeture d’entreprise se préparent et se négocient pour éviter ce qu’elle fait aujourd’hui à Fria : livrer subitement les travailleurs et les habitants à la précarité, à la pauvreté, à la maladie et à l’insécurité de tous ordres. Parce qu’elle se serait une société obsédée «uniquement par l’appât du gain».

Dans ses recommandations, PCQVP demande au gouvernement, en dehors de l’enquête à diligenter pour identifier et punir à la hauteur de leur crime les auteurs des massacres de Zogota, d’informer les populations de la dite localité sur le contenu de la convention que l’Etat guinéen a signé avec VALE et les bénéfices qu’ils pourraient en tirer. Il faut aussi accélérer le processus en cours de diffusion et de révision des contrats miniers ressortant clairement les responsabilités et engagements de l’Etat et des sociétés minières dans le développement des localités d’accueil».

Le gouvernement devrait mettre fin, sans délai, à «la menace, à l’amalgame, au chantage et aux manœuvres dilatoires, intolérables et insupportables que fait peser RUSAL» sur la vie des travailleurs et des populations de Fria. Ainsi que de prendre les dispositions utiles pour assurer la continuité de la fourniture d’eau et d’électricité à la ville minière. PCQVP demande également au gouvernement de rechercher des voies et moyens pour la poursuite du «fonctionnement de l’usine d’alumine bradée à RUSAL dont toutes les conventions doivent être revisitées, conformément au nouveau code minier qui le prescrit.» L’ONG estime que la poursuite des activités de «l’usine de Fria peut et doit se faire avec ou sans RUSAL.» La compagnie minière VALE est sommée de diffuser sa convention et ses projets de réalisations en faveur des sites d’accueil de ses activités.

Publiez ce que vous payez-Guinée demande à la société civile guinéenne den prôner le respect de la loi, de l’ordre public, l’apaisement et la cohabitation pacifique avec les sociétés minières. La concertation, la négociation et le dialogue dans tous les cas de difficultés et de crises avec les sociétés minières devront être les principales voies de recours. L’implication des représentants des populations riveraines de sites miniers dans la négociation et la conclusion de contrats miniers concernant leurs localités doit se faire de façon transparente. Le Gouvernement devrait exiger des sociétés minières le respect du droit inaliénable et imprescriptible des populations locales à bénéficier de l’exploitation de leur sol et sous-sol, a réclamé l’organisation.

L'OGDH a condamné les crimes et délits commis à Zogota. Elle en appelle aux autorités judiciaires pour qu'elles diligentent, dans les meilleurs délais, des enquêtes afin d'identifier et de juger aussi bien les commanditaires que les auteurs de tous les crimes commis en cette circonstance.

L’ONG demande également aux partis politiques, aux organisations de la société civile ainsi que les sages des communautés vivant en Guinée Forestière pour «qu'ils mettent tout en œuvre afin d'aplanir la situation de crise latente que vivent les populations de cette région.»

Au gouvernement, l’OGDH demande qu’il ait la volonté politique de «prendre en main l'ensemble des défis sécuritaires et relationnels qui se posent à la Guinée en vue de créer les conditions d'une cohabitation paisible entre des populations qui ont toujours vécu dans l'harmonie et la paix sociale.» Il s’agira aussi pour le gouvernement de veiller au respect scrupuleux des droits fondamentaux reconnus aux citoyens Guinéens par l'ensemble des textes nationaux, sous-régionaux, régionaux et universels en vigueur en République de Guinée, a insisté l’organisation.

S’agissant à la communauté internationale, l’organisme guinéen de défense des droits humains souhaite qu'elle ne «se laisse pas distraire par l'absence de conflit ouvert et penser que la République de Guinée est un havre de paix.» L’OGDH estime que la Communauté internationale, tout en veillant à la «bonne conduite des reformes engagées dans les secteurs de la sécurité et de la justice, elle doit faire preuve de fermeté face à toute tentative de remise en question du processus démocratique seul garant de l'instauration d'une bonne gouvernance» en Guinée.

Par ailleurs, l’OGDH souligne que ces évènements interviennent dans «un contexte très tendu en Guinée Forestière», marqué d’une part par la «circulation massive d'armes légères et d'anciens rebelles incontrôlés des factions de l'Ulimo et du LURD toujours actifs dans une région frontalière avec des pays encore fragilisés par les conflits qu'ils ont connus (Côte d'Ivoire, Liberia, Sierra Leone).» D’autre part, cette situation est marquée par entre autres, des «conflits délibérément entretenus entre autochtones et allochtones éleveurs qui ont provoqué des massacres collectifs de plus de mille (1000) têtes de bœufs» en 2011 et par des «stigmates et rancœurs provoqués par les affrontements intercommunautaires à Galakpaye dans la préfecture de Yomou», l’an dernier.

Dans sa déclaration du 8 août, signée par Faya Millimono, ex-membre du parti NGR d’Ibrahima Abe Sylla, le comité de crise des massacres de Zogota (mis en place après le massacre: Ndlr), a lui estimé que les crimes de Zogota sont non seulement une violation grave et flagrante de la Déclaration universelle des droits de l’homme, mais aussi un crime contre l’humanité. Cela du fait, entre du caractère «nocturne, prémédité et planifié» des agents de forces de l’ordre présumés auteurs de ces crimes. Le comité exige que compte tenu de «l’extrême gravité des crimes commis, la destitution et l’arrestation des cinq ministres ayant effectué la mission à Zoghota dans les jours qui ont immédiatement précédé la nuit des massacres ainsi que celles du Gouverneur et du Préfet de N’Zérékoré, du Sous-préfet de Kobéla et de la hiérarchie des corps habillés (militaires, gendarmes et policiers) qui ont pris part aux massacres». En effet des informations indiquent qu’une délégation gouvernementale, conduite par le ministre guinéen des Affaires étrangères s’était rendue 5 jours avant la répression des manifestants de Zogota qui s’en sont violemment pris le 31 juillet dernier, aux installations de VALE qui exploite une mine de fer dans leur localité.

Rappelons que lors d’une répression d’une manifestation des populations de Zogota qui réclame à la compagnie minière VALE une embauche, les agents des forces de l’ordre et de sécurité ont tiré à balles réelles sur les manifestants. Bilan : cinq morts, selon certains, sept, selon d’autres témoins, avec au moins une vingtaine de blessés et plusieurs arrestations parmi les manifestants.

S’agissant de la crise qui mine la production d’alumine par la Compagnie minière RUSAL, la grève des travailleurs qui dure depuis plus de quatre mois, n’a pas connu son épilogue. Selon des sources syndicales, les travailleurs de RUSAL qui se sont rendus le 8 août au ministère guinéen des Mines pour reprendre les négociations, ont été priés de reporter la rencontre à une date ultérieure. L’affaire de Zogota devant être tiré au clair a estimé le ministre Mohamed Lamine Fofana, selon notre source qui a requis l’anonymat.

AfricaLog.com
 

Liens Sponsorisés