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Condamnation controversée du numéro 2 du parti de Gbagbo

Sep 01, 2012

La justice ivoirienne a condamné vendredi à six mois de prison ferme pour trouble à l'ordre public Laurent Akoun, secrétaire général du parti de l'ex-président Laurent Gbagbo, la défense dénonçant un "verdict politique" en plein regain de tension dans le pays.

A l'issue d'environ quatre heures de vifs débats, le procureur Allah Kouadio avait requis cinq ans de prison à l'encontre du responsable du Front populaire ivoirien (FPI) pour des propos tenus lors d'une réunion avec des militants, et repris dans la presse.
Ces propos, qui accusaient le président Alassane Ouattara de "mentir" et d'avoir voulu "tuer Gbagbo", "poussent à la révolte et sont de nature à menacer l'ordre public et à créer des troubles politiques graves", a lancé le procureur, fustigeant "un appel à l'insurrection".

Le président du tribunal, le juge Braman Koné, a interrogé l'accusé sur un éventuel lien entre les propos incriminés et les attaques contre l'armée qui ont commencé quelques jours plus tard, suscitant un tollé dans l'assistance, parmi laquelle se trouvaient des responsables du parti.

"Ce n'est pas en cassant et en muselant l'opposition qu'on arrivera à régler les problèmes dans ce pays", a répliqué M. Akoun, reparti après le jugemenent pour la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (Maca).

Sa défense avait réclamé une relaxe. "C'est une déception. On a compris tout le long des questions posées par le parquet que c'est un verdict politique", a dénoncé l'un de ses avocats, Me Toussaint Zahui Dako, annonçant que la défense allait faire appel.
"Condamner le secrétaire général à une telle peine, c'est vouloir décapiter le parti. Il ne revient pas à la justice de prendre une telle décision", a affirmé pour sa part Me Ambroise Farama, avocat burkinabé du leader du FPI.

Arrêté le 26 août, M. Akoun avait été inculpé de trouble à l'ordre public et placé en détention deux jours plus tard.

Ce verdict tombe alors que le pays connaît son plus grave regain de tension depuis la fin de la crise postélectorale (décembre 2010-avril 2011) qui a fait quelque 3.000 morts, après une vague d'attaques meurtrières contre l'armée en août, notamment à Abidjan, suivies d'arrestations de figures du camp Gbagbo.

Le gouvernement accuse des pro-Gbagbo d'être derrière les attaques, avec le soutien d'exilés au Ghana, ce que le FPI dément fermement.
Soupçonné par Abidjan d'implication dans ces opérations commandos, le porte-parole en exil de M. Gbagbo, Justin Koné Katinan, a été arrêté le 24 août par la police ghanéenne.

A Accra, la comparution de M. Katinan devant la justice a été repoussée vendredi au 5 septembre. La défense demande aux autorités ghanéennes de fournir des explications sur la détention du porte-parole, réfugié politique au Ghana depuis la crise et qui fait l'objet d'un mandat d'arrêt international émis par la Côte d'Ivoire pour "crimes économiques".

Avant MM. Akoun et Katinan, le secrétaire général adjoint du FPI, l'ex-ministre Alphonse Douati, avait été arrêté le 18 août puis inculpé et incarcéré pour "atteinte à la sûreté de l'Etat".

Jugeant la nation ivoirienne "en danger", le chef de la Commission dialogue, vérité et réconciliation, l'ex-Premier ministre Charles Konan Banny, a appelé cette semaine le président Ouattara à prendre des "initiatives" pour relancer le dialogue avec l'opposition, dans un entretien.

Soupçonné par la Cour pénale internationale (CPI) d'être "coauteur indirect" de crimes contre l'humanité commis lors des violences de 2010-2011, Laurent Gbagbo, arrêté le 11 avril 2011 à Abidjan, est détenu depuis fin 2011 à La Haye. – AfricaLog avec agence

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