Le 31 août, environ 16heures, une barque de fortune en partance aux îles Kassa a chaviré sur les larges du port de pêche de Boulbinet, commune de Kaloum a appris AfricaLog.com à Conakry. Au service des urgences de l’hôpital national Ignace Deen où AfricaLog.com a effectué le déplacement, le bilan établi fait état de 8 morts dont un bébé et un jeune garçon, contre 28 survivants sur une soixantaine de passagers, selon les témoignages. La barque était composée essentiellement de marchandes de poisson venues des îles de Loos. Pour certains, la surcharge serait la cause de ce naufrage, les services de sécurité affirment le contraire. Selon ces derniers, les passagers négligeraient le port des gilets de sauvetage. Des rescapés de la noyade soutiennent qu’une panne de moteur serait la principale cause de la catastrophe. Toutefois, indiquent-ils, il y a des passagers immergés dans l’eau. Des recherches sont en cours pour retrouver ces disparus.
Les victimes mortes se nomment: Mme Mariame Condé, Hadja Fatoumata Fakollet, M’Mah Camara, Youssouf Bangoura, Mamaïssata Soumah, Ramatoulaye Mansaré, Hadja et Damayè Lucas.
Le président Alpha Condé à l’hôpital Ignace Deen
Mamaïssata Conté, rescapée tout en larmes aux urgences d’Ignace Deen a témoigné: «Après notre embarcation, certains ont dit de diminuer le nombre de passagers. Mais les gens ne faisaient qu’embarquer des pasagers. Après quelques minutes, nous avons vu la barque se remplir d’eau avant de se renverser. Moi, c’est Dieu qui m’a sauvée. Ce que je me suis agrippée sur un bois qui flottait sur l’eau. Nous n’avions pas de gilets… » Mamaïssata Conté ajoute que la barque était pleine à craquer. « Notre pirogue était remplie de l’arrière jusqu’au bout avec des bagages…», a-t-elle souligné, avec des larmes au coin de ses lèvres.
Fatoumata Diarra, autre rescapée, dans son lit de malade, a ajouté : « Quelques temps après notre départ au port de Boulbinet, le moteur de la barque s’est éteint, mais on l’a rallumé. Quelques temps après, il s’est arrêté encore. Une vague a heurté la barque et l’eau l’a rempli, on a sauté dans l’eau. Je ne sais pas nager, mais j’ai attrapé la barque. Je me suis mise à crier. Des gens sont venus pour nous apporter secours. C’est là que j’ai vu un jeune que je connaissais. J’ai crié son nom et je lui ai dit que je suis fatiguée. Il est venu me prendre et me faire remonter. Beaucoup de gens sont encore dans l’eau », ajoute en sanglots.
Lieutenant-colonel Célestin Demba Léno, Commandant de la Gendarmerie départementale de Kaloum a affirmé: «Ce naufrage est dû à la négligence». Il dit ne pas avoir encore les chiffres fournis par la navigation maritime, mais il confirme le nombre de morts et de rescapés. Il a affirmé que deux pirogues de l’agence de navigation maritime continuent à rechercher des disparus.
Sékhouna Sylla, surveillant général de l’hôpital Ignace Deen qui a accueilli les patients a raconté: «Quand on m’a annoncé qu’il y a des patients victimes d’une noyade qu’on amène dans la coure, je suis venu au secours. Mais il y avait huit morts déposés à même le sol par les policiers et 20 survivants, dont deux dans un état critique. Quand j’ai contacté M. Awada, le Directeur général de l’hôpital, il m’a dit de prendre les mesures nécessaires pour s’occuper des victimes. Donc, les 20 survivants sont sous perfusion, ils ont pris leurs antalgiques et sont suivis. Les 8 corps sont déposés sous le hangar de la morgue, pour identification par leurs parents… » Et d’ajouter: «On m’a dit qu’il y avait 5 bébés, deux ont été récupérés, mais morts et les trois sont encore introuvables, malheureusement.» Il a poursuivi qu’il a demandé au commandant du Port des renseignements, celui-ci lui a affirmé qu’il y avait une soixantaine de passagers à bord. Avant de dire que la prise en charge est gratuite, Sékhouna Sylla a invité les services de la navigation maritime et des piroguiers de « prendre toutes les dispositions nécessaires pour éviter les mêmes faits, car c’est une perte d’une ressource humaine qui pourrait faire quelque chose pour le pays.»
Mohamed Awada, Directeur général de l’hôpital Ignace Deen a donné le même bilan avant de déplorer ces morts, mais ajoute qu’il y a 28 survivants. «Malheureusement, la barque a laissé d’autres personnes sous l’eau dont on n’a pas encore reçu les informations essentielles»
Mohamed Awada, Directeur général de l’hôpital Ignace Deen
Le président de la République, Alpha Condé a fait un déplacement sur le port de Boulbinet et à l’hôpital Ignace Deen, sous une forte escorte militaire, en compagnie du Premier ministre, Mohamed Saïd Fofana. Visiblement très ému, il s’est interrogé: «Comment pouvez-vous embarqué des gens dans une petite barque comme ça ?» C’était devant quelques pêcheurs et responsables de la navigation maritime au Port de pêche de Boulbinet. Le ministre délégué à la défense nationale, Almamy Kabélé Camara et le ministre de la pêche, Moussa Condé, les y ont rejoints.
Le chavirement des barques et des pirogues de fortune sont courantes en Guinée. Des morts sont souvent enregistrés et des disparitions notées.
AfricaLog.com