Des scènes de violences paralysent la banlieue. Après la marche des militants et sympathisants du Collectif des partis et de l’ADP du 20 septembre, les vendeurs de pièces détachées de la Casse, en majorité favorables au RPG arc-en ciel et au Président Alpha Condé, ont manifesté violemment sur l’autoroute et au marché Madina de Conakry, a observé AfricaLog.com sur place, ce vendredi 21 septembre. Cela a sérieusement affecté la circulation routière et le Marché Madina (le plus grand de la capitale guinéenne) qui a fermé portes et fenêtres. Le mouvement sur l’autoroute Fidel Castro s’est transporté dans le marché Madina, vers les zones de Madina-dispensaire, Madina-mosquée, dans le quartier Mafanco et celui appelé la SIG.
Les manifestants en colère s’en sont pris aux partisans de l’opposition qui avaient baissé les rideaux de leurs commerces hier, avant de s’attaquer aux véhicules dont au moins une dizaine ont été endommagés. Les mêmes témoignages soutiennent que des boutiques ont été quasiment vidées de leur contenu et incendiées. Des témoins affirment que cette manifestation de partisans du pouvoir serait une réponse aux militants de l’opposition qui ont manifesté la veille et qui auraient cassé des vitres de véhicules se trouvant le long de la route au niveau de la Casse.
Lors de la manifestation de ce matin qui aura duré plus de deux heures, les policiers de la CMIS (Compagnie mobile d’intervention pour la sécurité) qui étaient seulement à moins de 2 minutes des lieux, ne sont intervenus qu’après les incidents, avec un usage des bombes lacrymogènes. C’est le sauve-qui-peut. Mais sans empêcher des ripostes entre les clans rivaux, qui ont fait plusieurs blessées et de nombreux véhicules endommagés.
Les victimes de ces actes sont nombreuses. M. Diallo Ibrahima, boutiquier, a expliqué: «Ce martin, nous avons très tôt ouvert notre boutique. Peu après, des manifestants vendeurs de pièces détachées à la Casse ont commencé à manifester sur la voie de l’autoroute, bloquant la circulation routière. Nous avons essayé de fermer, mais aussitôt des manifestants nous ont offensé physiquement et se sont emparé de nos marchandises. Ils nous ont emporté 5 millions de francs guinéens et près de 1 000 euros » et d’indiquer : « Nous sommes tous des Guinéens. Ce genre de chose ne doit pas arriver dans notre pays. Je pense que c’est une affaire qui a des raisons purement politiques. Ce qui m’a surtout étonné, c’est quand j’ai demandé à un gendarme de nous aider à sauver nos marchandises, et qu’il nous a simplement dit de dégager des lieux».
Selon d’autres témoignages, des manifestants de la Casse étaient en colère contre la fermeture de leurs lieux de vente hier 20 septembre, pour cause de marche de l’opposition politique guinéenne. Ils auraient été victimes des scènes de vandalisme sur une dizaine de véhicules.
Signalons que des militaires de la garde présidentielle, communément appelés les bérets rouges ont effectué une descente musclée sur les lieux, non pour réprimer les manifestants mais pour sécuriser le domicile de la sœur du Président Alpha Condé, situé aux environs du marché de Madina, dans le quartier Mafanco.
La manifestation sur l’autoroute Fidel Castro a donné naissance en un échange de coups entre militants de l’opposition et partisans du pouvoir. Là, des jeunes en colère ont bloqué des taxis, y ont extrait des passagers qu’ils dépouillaient de tout: téléphones, argent, biens précieux. Des journalistes tant des médias publics que privés en ont fait les frais.
Quand la nouvelle est parvenue aux habitants des zones de Bambéto, Cosa, notamment, favorables à l’opposition, elle a suscité la colère des jeunes de ces zones réputées chaudes lors des mouvements sociaux à Conakry. Ces derniers se sont mis à barricader l’axe Leprince au niveau des ronds-points de Bambéto et Cosa. Là aussi, les passagers des taxis sont soumis à des contrôles.
Ceux qui sont considérés comme «intrus» ou «suspects» y sont extraits avant d’être dépouillés ou tabassés. C’est la réponse du berger à la bergère. Pour répondre aux scènes humiliantes que des jeunes de la Casse auraient commis sur des passagers de l’autoroute Fidel Castro et de la route du Niger qui ne seraient pas de leurs bords politiques. Des plaintes, il y en a eu partout.
La police et la gendarmerie ont dispersé les manifestants à coup de bombes lacrymogènes, non sans connaître des blessés dans leur rang, selon plusieurs témoignages concordants. Pour ramener les manifestants de Bambéto, Cosa, les agents des forces de l’ordre auraient commis des actes répréhensibles, contrairement à la Casse, où les premières manifestations se sont déroulées dans la matinée, selon des témoignages concordants. On parle d’un mort par balles réelles à Koloma, mais dont nous n’avons pu vérifier.
Au moment où nous mettions en ligne, à Bambéto et Cosa ainsi qu’à la Casse, des jeunes se livraient à des actes de nature à exacerber les tensions ethniques ou entre clans rivaux. Les agents de force de l’ordre passaient au décompte lesvictimes blessées, dans les deux endroits.
Selon des sources bien informées, à l’hôpital du Camp Almamy Samory Touré (basé à Kaloum), des médecins ont fait cas de 13 agents blessés dont 9 policiers et 4 gendarmes. Après avoir été reçus aux urgences, ils seraient en train de recevoir des soins intensifs.
Au moment où nous mettions en ligne, l’axe Hamdallaye-Taouyah, quatrième voie principale de Conakry, aurait été bloqué.
AfricaLog.com