Un tribunal d'Accra a annoncé avoir accordé mardi la liberté sous caution au porte-parole de l'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, Justin Kone Katinan, détenu au Ghana et dont Abidjan réclame l'extradition.
"Il est très probable que la procédure (d'extradition) soit retardée et par conséquent je vais accorder à l'accusé la liberté sous caution", a dit le juge Aboagye Tandoh.
Détenu depuis août au Ghana où il s'était réfugié avec des milliers d'autres fidèles de l'ex-président ivoirien, M. Koné Katinan est visé par un mandat d'arrêt international, émis par Abidjan.
Il est accusé de "crimes économiques" en tant que ministre du Budget durant la crise née du refus de Laurent Gbagbo de céder le pouvoir après sa défaite électorale face Alassane Ouattara en décembre 2010. Cette crise achevée en avril 2011 a fait quelque 3.000 morts.
Sa caution a été fixée à 50.000 cedis (26.000 dollars, 20.000 euros) et il doit se signaler aux autorités ghanéennes toutes les deux semaines, a ajouté le magistrat.
Les avocats de M. Koné Katinan ont déclaré à la presse que son passeport restait entre les mains de la sécurité nationale ghanéenne.
Ils affirment aussi qu'il ne peut pas être extradé vers la Côte d'Ivoire car il bénéficie du statut de réfugié au Ghana.
Le juge Tandoh a assuré que les droits de M. Koné Katinan seraient respectés.
A Abidjan, le parti de M. Gbagbo, le Front populaire ivoirien (FPI), a salué la remise en liberté sous caution.
"C'est une très bonne décision. Justice a été rendue et très bien rendue. Ce n'est pas en emprisonnant un adversaire politique qu'on va aller à la réconciliation. On devrait s'en inspirer", a déclaré Richard Kodjo, secrétaire général par intérim et porte-parole du FPI.
La justice ghanéenne examine depuis plusieurs semaines la demande d'extradition de la Côte d'Ivoire, suscitant l'impatience d'Abidjan dans un contexte de tension croissante entre les deux pays.
Le président Ouattara a ordonné vendredi la fermeture des frontières avec le Ghana, après l'attaque d'un poste frontière ivoirien par des assaillants venus du Ghana et qui s'y sont repliés, selon les autorités ivoiriennes.
La frontière aérienne a rouvert lundi, mais les frontières terrestres et maritimes restent fermées jusqu'à nouvel ordre, au grand dam des commerçants et des centaines de personnes bloquées.
De nombreux responsables politiques et militaires du régime Gbagbo ont trouvé refuge au Ghana, qui partage une frontière de près de 700 km avec la Côte d'Ivoire.
Depuis août, les forces ivoiriennes ont été la cible de plusieurs attaques où au moins quinze militaires et policiers ont été tués, marquant le plus grave regain de tension en Côte d'Ivoire depuis la fin de la crise post-électorale.
Ces attaques ont été attribuées par le pouvoir à des partisans de Laurent Gbagbo, ce que ceux-ci ont démenti. – AfricaLog avec agence