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Des réticences pour une intervention militaire au Mali

Sep 27, 2012
Des réticences pour une intervention militaire au Mali

Le Mali "se prépare" à la guerre, qu'elle soit imminente ou lointaine, pour libérer le Nord occupé par les islamistes armés: c'est le message que faisait passer Bamako jeudi, au lendemain d'une réunion de l'ONU laissant paraître des réticences à lancer une intervention internationale.

Au palais présidentiel de Koulouba, une source proche du président Dioncounda Traoré a affirmé: "On a senti un engagement de la communauté internationale à notre côté, une solidarité avec le Mali", mercredi, à New York, lors d'une réunion centrée sur la crise sahélienne en marge de l'Assemblée générale de l'ONU.

"On sait que l'Algérie est en train de créer un front du refus, avec sans doute la Mauritanie, le Niger" pour s'opposer au déploiement de forces étrangères au Mali. "Mais Paris va tout faire pour obtenir la convocation du Conseil de sécurité et une résolution autorisant l'intervention", ajoute cette source officielle malienne.

A Bamako, "on ne se dit pas quand est-ce que la guerre va commencer? mais comment réunir toutes les conditions pour la faire?. Pour nous, l'intervention n'est pas lointaine, elle se prépare", conclut-elle.

Professeur de droit international à l'université de Bamako, le Dr Madou Diallo a senti la communauté internationale "mitigée", "réservée". "On comprend la recommandation d'extrême prudence du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, car cette guerre peut causer des désastres humanitaires", dit-il. "Mais la population malienne de façon générale est vraiment pour une intervention dans le Nord", "c'est ce que l'on entend dans les rues", assure-t-il.

La France attend une résolution de l'ONU et les décisions de la Cédéao pour révéler le niveau de son "soutien logistique" à une éventuelle opération dans le nord du Mali qui devrait s'appuyer sur le dispositif de présence militaire français en Afrique.

Le ministère de la Défense a réfuté jeudi à Paris toute "planification militaire" d'une intervention dans le nord du Mali aux mains des groupes islamistes armés et a réaffirmé que Paris attendait une résolution de l'ONU et les décisions de la Cédéao (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest) sur cette opération.

Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian avait redit la semaine dernière que la France était prête à apporter "un soutien logistique" à une telle opération, une position à laquelle s'est tenue jeudi le porte-parole adjoint du ministère, le général Martin Klotz.

"Il n'y a pas de planification militaire française actuellement pour le Mali", a-t-il assuré, lors du point de presse hebdomadaire de la Défense.

"Ce sont les autorités militaires de la Cédéao qui travaillent sur une planification de leur opération qui devrait aboutir à la Micema" (Mission de la Cédéao au Mali, ndlr), a-t-il ajouté.

Lors d'une réunion de ministres européens de la Défense mercredi soir à Chypre, M. Le Drian "a fait état de la nécessité d'arrimer l'Europe à la résolution de la crise" au Mali, en affirmant qu'il y avait "urgence", a rapporté le général Klotz. Le ministre a prié ses homologues européens de faire, d'ici à leur prochaine réunion à la mi-octobre, des propositions sur leur participation.

Bamako a demandé à l'ONU un feu vert au déploiement de troupes ouest-africaines qui l'aiderait à reconquérir le nord du Mali. Le président François Hollande a demandé une convocation "au plus vite" du Conseil de sécurité de l'ONU pour examiner cette demande. Il souhaite que la définition de la force africaine, qui pourrait intervenir, soit bouclée "dans les prochaines semaines".

Pour des experts interrogés, la France pourrait soutenir le déploiement de la Cédéao au Mali en lui fournissant renseignement, assistance technique et moyens de transport. La France s'appuierait alors sur son dispositif africain, fortement revu à la baisse par Nicolas Sarkozy, soit deux bases opérationnelles, une sur chaque façade continentale (à Djibouti et à Libreville) et deux pôles plus modestes, au Tchad et au Sénégal.

Selon Eric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R) et spécialiste de la région du Sahel, la force de la Cédéao compterait six bataillons, soit 3.000 hommes, sans compter les soldats maliens.

La France fournirait du renseignement (écoutes, images satellitaires), des moyens de transport aérien vers la zone et une assistance technique pour aguerrir les unités maliennes. Du matériel (blindés légers et camions) d'origine française est entreposé dans les pays abritant une implantation militaire française et destiné à des interventions de pays africains.

Selon Eric Dénécé, le Mali souhaite être maître d'oeuvre de l'opération de reconquête du nord de son pays avant un déploiement de la Cédéao pour occuper le terrain repris aux groupes islamistes armés. Dans ce cas, poursuit ce spécialiste, le Mali pourrait mettre sur le terrain une dizaine de milliers d'hommes.

"Les risques d'une opération militaire au Mali, prévient un ancien chef d'un service de renseignement français sous couvert de l'anonymat, c'est l'enlisement face à un adversaire insaisissable et très mobile qu'il va falloir aller débusquer dans une région grande comme la France". – AfricaLog avec agence

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