Des dizaines de personnes soupçonnées de blanchiment de centaines de millions d'euros et arrêtées mardi en Espagne lors d'une vaste opération visant la mafia chinoise, devaient être présentées mercredi et les jours suivants à Madrid devant un juge.
Nous parlons d'une opération historique, une opération très importante dans la lutte contre la délinquance économique après plus de trois années d'enquête, a affirmé mercredi à la presse le directeur de la police Ignacio Cosido.
Dix des suspects interpellés sont arrivés mercredi dans des fourgons de police au tribunal madrilène de l'Audience nationale (plus haute instance pénale espagnole), où les auditions devraient se poursuivre jeudi.
Jusqu'ici, 83 personnes ont été interpellées, dont 58 Chinois, 17 Espagnols et huit d'autres nationalités, dans le cadre de ce grand coup de filet, baptisé opération Empereur qui a mobilisé plus de 500 policiers dans tout le pays, a précisé le directeur de la police.
Parmi les suspects figurent Nacho Vidal, un acteur espagnol connu dans le milieu du cinéma pornographique, qui a joué dans plus de 350 films et Jose Borras, un élu local de Fuenlabrada, une banlieue sud de Madrid.
Lui aussi arrêté, le propriétaire chinois d'une grande galerie d'art madrilène et de plusieurs entrepôts à Fuenlabrada, Gao Ping, est présenté comme l'un des chefs du réseau.
C'est à Fuenlabrada qu'est située une vaste zone commerciale chinoise de vente en gros de produits bon marché, Cobo Calleja, présentée comme la plus grande en Europe et où l'enquête a été menée.
L'un des suspects a été arrêté en Allemagne et d'autres interpellations pourraient intervenir en dehors de l'Espagne dans les jours à venir, a ajouté le directeur de la police.
Au total, des mandats d'arrêt visant 108 personnes ont été délivrés et 120 propriétés ont été perquisitionnées, avait indiqué le ministère de l'Intérieur mardi.
Dix millions d'euros en argent liquide et 200 véhicules ont été saisis par la police, qui a gelé les comptes bancaires de plus de 120 personnes, a précisé M. Cosido.
L'organisation est soupçonnée d'avoir blanchi jusqu'à 300 millions d'euros par an, soit 1,2 milliard d'euros en quatre ans de trafic présumé.
L'opération a mis au jour un vaste réseau qui blanchissait l'argent provenant de la prostitution et de l'extorsion de fonds, via des sociétés écran, notamment des bars à karaoké ou des restaurants.
L'argent sale, selon le parquet, était également placé dans des paradis fiscaux, avec l'aide d'intermédiaires espagnols ou israéliens, ou renvoyé en Chine en voiture ou en train. – AfricaLog avec agence