Ce 1er novembre, vingt-trois des vingt-cinq commissaires de la nouvelle Commission électorale nationale indépendante, CENI ont prêté serment à la Cour suprême de Guinée, a vécu AfricaLog.com à Conakry.
La salle d’audience a refusé du monde. La cérémonie est conforme à l’article 11 de la loi organique 2012/016/CNT du 25 septembre 2012. Les deux commissaires absents sont Dr Ibrahima Diallo de la NGR (opposition), en déplacement hors de Conakry et M. Ibrahima Kalil Kéita de la mouvance présidentielle , qui est lui à la Mecque.
La cérémonie s’est déroulée devant plusieurs acteurs politiques guinéens, les ministres de l’Administration du territoire, Alhassane Condé et celui de la Justice Garde des Sceaux, Me Christian Sow.
Le contesté par l’opposition réunie au sein du Collectif et de l’ADP, Jacques Gbonimy de l’UPG de l’ancien Premier ministre de la Transition, Jean-Marie Doré. L’opposition s’est donc apparemment contentée de ses neuf représentants, puisqu’aucun d’entre eux n’a voulu confirmer ou infirmer aux journalistes, si elle a déposé son recours en annulation du décret nommant les commissaires de la CENI.
Les membres du Collectif et de l’ADP tiennent à déposer leur recours d’annulation du décret de nomination, pendant que d’autres esquivent la question qui soutient que contester le décret d’un côté et prêter serment de l’autre sont contradictoires.
Pour revenir à la cérémonie de prestation de serment, il faut signaler qu’elle a été dirigée par le président de la Cour suprême, Mamadou Sylla alias SYMA, après un contrôle des présences des commissaires par la Greffière en chef et le réquisitoire de Mme le procureur général, Hadja Aïssatou Baldé. Elle a relu le décret du 29 octobre dernier, nommant les commissaires et rappelé la mission de la CENI avant que le président de la Cour suprême ne rappelle la formule de prestation de serment en ces termes: «Je jure, sur l’honneur, de remplir fidèlement et loyalement mes fonctions de membre de la Commission électorale nationale indépendante, de n’obéir qu’à la seule autorité de la loi, de n’exercer aucune activité susceptible de nuire à l’indépendance, à la neutralité, à la transparence et à l’impartialité de la Commission électorale nationale indépendante. De garder scrupuleusement le secret des délibérations et du vote, même après la cessation de mes fonctions. En cas de parjure, que je subisse les rigueurs de la loi ». Peu après, les 23 commissaires ont entonné tour à tour: «Je le jure».
Mamadou Sylla a alors pris acte de leur serment et leur a déclaré qu’ils sont installés dans leurs fonctions de commissaires à la CENI. Il leur a rappelé leur responsabilité en ces termes: «Dans une démocratie, la confiance dans les institutions républicaines est un enjeu essentiel, une condition pour l’instauration de la paix sociale et d’un Etat de droit. La CENI n’échappe pas à cette règle. Pour cette raison, à l’instar de toutes les institutions de notre pays, les commissaires de la CENI se doivent d’accomplir leur mission en toute neutralité et de manière prompte et crédible. Le serment que vous venez de prêter n’est pas une formalité que l’on remplit, mais un engagement que l’on souscrit et qui est sanctionné pénalement. Il me revient le devoir de préciser, tant pour les commissaires que pour l’ensemble des Guinéens, que l’indépendance de la CENI, dont chacun des membres doit se prévaloir, a une conséquence naturelle et évidente : c’est la responsabilité. Au regard de la loi, vous êtes indépendants. Dans l’accomplissement de chacun de vos actes, vous devez être responsables ».
C’est tout dire. Et les réactions de quelques uns au micro d’AfricaLog.com pourraient attester qu’ils sont conscients de leurs nouvelles responsabilités. Lisez!
Alpha Yéro Condé de la Mouvance présidentielle:
«J’ai un sentiment de responsabilité et de fierté dans ce qu’il y a à accomplir. En réalité, ce qui nous reste est plus important que ce qui vient de se passer. On va organiser des élections et je vous garantie qu’elles seront les plus transparentes dans l’histoire de la Guinée.»
Etienne Soropogui de NFD (Opposition):
«Je n’ai pas de sentiment particulier. Je crois que nous sommes venus à la CENI pour qu’en Guinée, des élections transparentes, crédibles puissent se tenir. C’est ce rôle que le peuple de Guinée veut que nous exercions en tant que nouveaux commissaires au niveau de la CENI. En tout cas, en ce qui me concerne, je m’emploierais de faire en sorte que demain, si un Guinéen décide de faire un choix, que personne n’ait la possibilité, que ce soit au niveau de la CENI ou ailleurs, de détourner ce choix. Je crois que ce combat-là, est patriotique et nous devons faire en sorte qu’il soit mené avec dignité, courage et persévérance.»
L’opposition n’avait pas l’intention de prêter serment. Qu’est-ce qui a changé? Etienne Soropogui de répondre: «L’important est qu’aujourd’hui nous sommes au niveau de la CENI pour voir dans quelle mesure il est possible que la Guinée puisse sortir de cette situation et que nous puissions organiser dans la transparence des élections.»
Mme Fatoumata Diallo Biya de l’UFDG (Opposition):
«J’ai un sentiment de beaucoup de responsabilité par rapport au travail que nous avons à accomplir, un sentiment qu’aujourd’hui, je suis face à l’histoire et que d’une autre façon dans mon combat, je vais participer à poser une pierre pour l’édifice de la nation guinéenne. Je suis flattée de la confiance qui a été placée en ma modeste personne. Je ferais tout ce qui est possible dans mes moyens pour que l’ancrage de la démocratie dans notre pays soit effectif et que au sein de la CENI qu’il y ait l’impartialité, la justice, pour que définitivement on sorte de la Transition qui n’a que trop duré, pour que notre pays entre dans le concert des nations.»
Jacques Gbonimy de l’UPG (Opposition?):
«Je suis de l’opposition, parce qu’aujourd’hui je suis sur la liste de l’opposition, en venant à la CENI. Cela ne veut pas dire que je ne vais travailler que pour l’opposition, je vais travailler pour le peuple de Guinée.»
Mais M. Jean-Marie Doré, le Secrétaire général de votre parti, UPG, dit que vous n’êtes ni de l’opposition ni de la mouvance présidentielle? Il voudrait que le CNT revienne sur la loi organique sur la CENI afin que le Centre dont il se réclame soit considéré comme une force politique en Guinée. Qu’en dites-vous?
«J’ai bien dit que je suis aujourd’hui de l’opposition parce que je suis sur la liste de l’opposition. J’ai un groupe dans lequel je vais évoluer. Donc je travaillerai avec ce groupe, avec toute la CENI pour aider la démocratie à s’installer en Guinée. Je ne vais travailler ni pour mon parti, ni pour quelqu’un, mais pour tout le peuple de Guinée afin d’instaurer cette démocratie dans notre pays…»
Le ministre Alhassane Condé qui n’a pas voulu se faire conter l’évènement a livré aussi ses sentiments: «Nous sommes très heureux que nos frères aient accepté de venir prêter serment. J’espère qu’ils vont respecter le serment et que dès demain, ils comment le travail. On attend d’eux, la transparence, la loyauté, l’impartialité et surtout le patriotisme.»
Vous avez une CENI consensuelle, apparemment?
«Oui, absolument ! Et je l’espère bien. Et vous avez vu tous sont venus, exceptés ceux qui sont absents. Il y a un qui est à la Mecque, l’autre est malade, mais le Président de la Cour suprême nous a confirmé que dès leur arrivée, ils vont prêter serment », a répondu le ministre Alhassane Condé.
Les 23 commissaires peuvent proposer un chronogramme ? Il a répondu: «Absolument ! Même s’ils n’étaient que 10 personnes. Le nombre n’est pas important. »
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