Le directeur et le rédacteur en chef de la télévision limogés. Par Arrêté N° 10307 du Ministre de la Communication en date du 22 novembre 2012, le directeur de la télévision nationale, Fana Soumah et le rédacteur en chef du journal télévisé, Mohamed Lamine Solano (image) ont été «démis de leurs fonctions pour faute lourde». AfricaLog a voulu savoir un peu plus sur les raisons de ce double limogeage.
Selon toute vraisemblance, l’acte du Ministre Togba Césaire Kpoghomou est lié au dossier Baïdy Aribot, récemment convoqué au tribunal de 1ère instance de Kaloum par le doyen des juges d’instruction «pour affaire le concernant».
En effet, le mercredi 21 novembre, lendemain de cette convocation, le Département de la Justice a voulu porté la raison de cette convocation à l’attention de l’opinion nationale, notamment. Ce, au regard de la tournure qu’elle avait commencé à prendre dans l’interprétation.
C’est ainsi, que le Chargé de communication du Ministère de la Justice a été chargé de passer le message. Enregistrement est fait. La bande acheminée à la RTG (Radio Télévision Guinéenne) de Koloma.
Selon Fana Soumah, le directeur démis, la bande s’est coincée dans la machine qui devait assurer le transfert de l’élément audiovisuel informatif sur la bande master de diffusion. Et c’est lui qui était à la présentation du journal télévisé. En toute responsabilité, n’ayant peut-être pas mesuré la portée du sujet, il demande de reporter sa diffusion le lendemain. Car, selon lui, il n’y avait pas de techniciens à cette heure pour pouvoir décoincer la bande rush. Et vouloir coute que coute faire sortir la bande coincée, aurait joué sur la diffusion du journal.
Pour se rattraper, durant toute la journée jusque la nuit du jeudi 22 novembre, l’élément était programmé dans les différentes éditions d’information sur instruction du directeur limogé, Fana Soumah.
Le Ministre de la Communication de justifier son acte: «ce sont des responsables qui se sont rendus coupables de la rétention de l’information». Togba Césaire Kpoghomou précise, d’autre part: «il y a des événements qui sont dus à de mauvaises interprétations parce que, actuellement, il y a des gens qui voient de la politique partout, qui voit la main du gouvernement dans toutes les affaires, même d’ordre civil. Lorsque des éclairages pourraient être faits sur ces événements et que les services compétents à qui on envoie des documents pour être diffusés pour que la religion des uns et des autres soit faite sur la question, nous ne voyons pas l’utilité pour un responsable de média public de refuser cette information-là».
D’après certaines sources, le limogeage des deux responsables aurait été décidé par le Président de la République en personne. Il parait, qu’il était dans une colère noire lors du Conseil des Ministres en qualifiant de «sabotage ce qui s’est passé». Les propos de la délégation de la communauté soso dépêchée par le patriarche El hadj Sèkhouna Soumah pour venir remonter le moral de Baïdy Aribot, ont certes dû lui parvenir par ses services. Des propos durs à son endroit comme nous l’avons souligné dans un article précédent en l’accusant même d’être derrière la cabale contre Baïdy Aribot.
Ce qui explique certainement, le fait que les deux responsables n’avaient même pas été interrogés sur la raison de la non diffusion de l’élément audiovisuel informatif et ils ne seront pas «avertis» par la hiérarchie. Ils seront purement et simplement «démis de leurs fonctions pour faute lourde».
Pour l’information de ses lecteurs, AfricaLog propose ledit texte qui devait être diffusé en format audiovisuel et qui a été lu par le Chargé de communication du Ministère de la Justice, Ibrahima Béavogui:
«Le Ministère d’Etat chargé de la Justice informe les populations guinéennes que M. Baïdy Aribot a été convoqué le 19 novembre 2012 à 10 h par le doyen des juges d’instruction du tribunal de 1ère instance de Kaloum suite à une plainte formulée par une société dénommée Sable Mining Limited, ayant son siège à Conakry à la Cité chemin de fer contre un ensemble de personnes pour escroquerie et complicité portant sur la somme de 6 Millions 200 Mille USD.
Sur le fondement de cette plainte, toutes les personnes concernées ou pouvant l’être, ont été convoquées.
A cet effet, M. Baïdy Aribot a été une première fois convoqué le 25 août 2011. Cette convocation a été servie par exploit d’huissier et a été reçue par le Chef de quartier de Manquepas, lieu de résidence de l’intéressé en raison de son absence du pays.
La présente convocation qui est la suite de la première, est consécutive à son retour en Guinée pour qu’il s’explique sur les faits mis à sa charge et cela, dans le souci du respect des principes du droit, d’équité et du contradictoire dus à chaque justiciable.
Il s’agit donc en l’espèce d’une procédure de droit commun où la présomption d’innocence est l’un des crédos de la justice.
A ce titre, il est demandé de chacun de faire preuve de sérénité et de comportement citoyen pour la préservation de la paix sociale tout en retenant que la loi est égale pour tous».
AfricaLog.com