Pour la première fois en Guinée, la campagne de sensibilisation contre les violences faites aux femmes. «Dans tous les pays, des femmes et des filles continuent d’endurer des souffrances terribles du fait de la violence. Cette violence compromet le développement, engendre l’instabilité et rend plus difficile l’instauration de la paix», dixit le Secrétaire Général de l’ONU à l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la violence faite aux femmes, le 25 novembre 2012.
Au lieu des 16 jours de Campagne internationale de sensibilisation sur la lutte contre les violences faites aux femmes, la République de Guinée va la lancer le 26 novembre à 10 h au camp "Alpha Yaya Diallo". Soit 15 jours francs. La période ciblée enregistre également la commémoration, le 1er décembre, de la Journée Mondiale de Lutte contre le SIDA.
L’objectif majeur de la Campagne d’activismes est de renforcer les efforts de sensibilisation et d’éducation des hommes et des femmes, avec l’appui des Nations Unies, de la société civile, des chefs religieux, des jeunes, des forces de défense et de la sécurité, des étudiants afin d’éliminer les violences contre les femmes.
Dans une déclaration officielle, la Ministre des Affaires Sociales, de la Promotion Féminine et de l’Enfance, Mme Mariame Mimi Coumbassa a assuré que «dans le programme des 15 jours d’activismes, seront menées des activités afin d’accélérer l’élimination des violences sous toutes les formes à l’égard des femmes et leurs justifications culturelles».
On se rappelle qu’en 2009, le rapport du Ministère des Affaires Sociales, de la Promotion Féminine et de l’Enfance indiquait que «50% des femmes interviewées ont rapporté avoir été victimes de violences sexuelles, 80% d’une forme de violence physique ou psychologique». Le rapport soulignait aussi que «chaque fois qu’une crise éclate dans le pays, des viols et des agressions sexuelles sont commis sur des femmes et des enfants».
A titre illustratif, on peut citer : les affrontements interethniques que le pays a connus entre les deux tours de l’élection présidentielle de 2010 où plusieurs cas de viols ont été enregistrés à Conakry et à l’intérieur du pays. Mais avant, il ya eu la répression sanglante des manifestations de l’opposition le 28 septembre 2009 avec un bilan de plus de 130 personnes tuées, au moins 109 victimes de viol et d’autres formes de violences sexuelles, plus de 1000 sont des blessés selon la Commission d’Enquête Internationale qui a qualifié les violations perpétrées par les forces de défense et sécurité de crimes contre l’humanité.
Dans plusieurs communautés du pays, les femmes sont de plus en plus battues, mariées de force, violées, répudiées, excisées ou soumises à la traite et à l’exploitation par le travail. Elles sont privées de leurs droits les plus élémentaires :l’éducation, la santé, l’expression etc.
Et comme le dira le Coordonnateur Résident du Système des Nations Unies en Guinée lors de la remise au Gouvernement de la Politique Nationale GENRE, le 02 janvier 2012, «Toutes les études menées sur la question de la pauvreté ont permis d'établir que les femmes sont les plus pauvres, les plus vulnérables et les moins dotées en capacités et en ressources».
C’est dans ce contexte peu reluisant que va se dérouler la Campagne internationale des 16 jours de Sensibilisation. Elle sera menée conjointement par le Gouvernement (à travers le Ministère des Affaires Sociales, de la Promotion Féminine et de l’Enfance, et le Ministère des Droits de l’Homme et des Libertés Publiques), la Société Civile (à travers certaines ONGs et Associations) et le Système des Nations Unies (à travers son Groupe Inter-Agences (Haut Commissariat aux Droits de L’Homme (HCDH), UNFPA, UNICEF, ONU FEMMES ONUSIDA et le Programme VNU).
Au menu du déroulement de la Campagne des 16 jours de Sensibilisation, des activités de plaidoyer qui auront lieu aussi bien à Conakry que dans les capitales régionales. Elles seront mises en oeuvre sous forme d’émissions radiotélévisées, de conférences-débats, de validations d’études sur les sujets, de spectacles artistiques notamment.
Il est attendu aux termes de la Campagne des 16 jours de Sensibilisation certains résultats dont une mobilisation, toujours accrue, du Gouvernement et des acteurs clés dont les Forces de Défense et de Sécurité et les religieux, pour mettre fin aux violences faites aux femmes et aux filles dans le pays et y instaurer une politique de tolérance zéro.
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