Présidentielle serrée au Ghana
Dec 08, 2012
Des résultats partiels de l'élection présidentielle au Ghana laissent entrevoir une lutte serrée entre les deux principaux candidats, John Dramani Mahama et Nana Akufo-Addo, à l'issue d'un scrutin marqué par des problèmes techniques mais que la Cédéao a jugé dans l'ensemble "paisible" et "transparent".
La mission d'observation de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), déployée dans chacune des dix régions administratives du Ghana, a néanmoins relevé que des pannes techniques avaient causé de "la tension et des troubles" dans certaines régions.
La Commission électorale avait décidé de prolonger le scrutin samedi là où des personnes n'avaient pu voter en raison de pannes de machines utilisées pour vérifier l'identité des électeurs.
La journée s'est déroulée dans le calme, mis à part dans un quartier de la capitale Accra où les autorités ont dû utiliser des gaz lacrymogènes pour disperser un groupe de plus de cent personnes qui protestaient après des rumeurs de fraude. Aucune preuve d'irrégularités n'était toutefois apparue samedi.
L'ancien vice-président John Dramani Mahama - propulsé à la tête de l'Etat en juillet après la mort de son prédécesseur John Atta Mills des suites d'une maladie foudroyante - a pour principal adversaire Nana Akufo-Addo, avocat et fils d'un ancien président.
Selon la radio privée Joy News, des résultats partiels donnaient M. Mahama en tête avec 49,83% des voix contre 48,68% à M. Akufo-Addo. Mais ces résultats ne portaient que sur 168 des 275 districts.
"C'est un grand jour pour le Ghana, qui va permettre de consolider sa réputation de démocratie", avait déclaré vendredi soir M. Mahama, 54 ans, après avoir voté dans son fief de Bole Bamboi (nord), au cours d'une intervention retransmise à la télévision nationale. Devant des partisans venus l'acclamer, le président sortant, candidat du NDC (Congrès national démocratique), s'est dit "sûr de gagner".
Son rival du NPP (Nouveau parti patriotique), Nana Akufo-Addo, 68 ans, avait perdu la présidentielle de 2008 de moins de 1% et compte cette fois-ci renverser la situation.
Si aucun des huit candidats ne rassemble plus de 50% des voix, les Ghanéens voteront le 28 décembre au second tour.
Le Ghana, qui soigne son image de "modèle" démocratique régional, expérimentait pour la première fois le vote biométrique mais certaines machines reconnaissant l'empreinte digitale des votants avaient connu des pannes. L'arrivée tardive de matériel a aussi empêché certains bureaux d'ouvrir à temps.
Le chef de la commission électorale Kwado Afari-Gyan a assuré qu'il ne s'agissait pas "d'un problème massif" sans toutefois préciser combien de bureaux étaient concernés.
"Aujourd'hui, on est arrivé à 2 heures du matin. Si je ne peux pas voter aujourd'hui, je ne partirai pas d'ici", promettait samedi Francisca Aseidua, mère de famille qui avait déjà passé plusieurs heures à faire la queue la veille.
On ignorait samedi si les résultats définitifs seraient bien communiqués dimanche, comme initialement prévu.
Les électeurs doivent aussi élire un nouveau parlement de 275 sièges. En 2008, le NDC avait obtenu quelques sièges d'avance sur le NPP.
Les deux principaux partis ont alterné au pouvoir depuis l'avènement du multipartisme en 1992, faisant du Ghana un modèle de stabilité dans une région où les élections sont souvent synonymes de crises violentes.
Le pays connaît une forte croissance économique due à ses exportations de cacao et d'or, auxquelles vient s'ajouter, depuis 2010, une production pétrolière encore modeste mais pleine de promesses.
La campagne a été plus que jamais axée sur les programmes des candidats même si dans ce pays de 24 millions d'habitants, les appartenances ethniques et régionales continuent à avoir de l'importance.
La gestion de la manne financière générée par le pétrole a été au coeur des débats. Mahama a promis plus d'investissements dans les infrastructures, Akufo-Addo a défendu sa promesse-phare: le lycée gratuit pour tous. – AfricaLog avec agence
