Le Président de la CENI apporte des précisions mais, ne se fait pas comprendre. Suite au tollé que sa sortie médiatique du mardi 11 décembre a suscité, le Président de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) a apporté des éclaircissements.
Bakary Fofana justifie les motivations de son intervention télévisée: «l’établissement de chronogramme, c’est comme un plan d’action, un plan d’activités. Nous avons identifié toutes les activités en leur affectant des jours, le nombre de jours de réalisation. Donc, c’est comme ça qu’on monte un chronogramme.
Telle activité, on estime qu’on peut réaliser dans combien de temps : en une semaine, en deux jours, etc. Ensuite, sur la base de ça, nous affectons les dates. Nous mettons ça maintenant sur la base de calendrier.
C’est comme ça que le chronogramme s’est retrouvé pour le 9 [mai, NDLR]. Un avait établi un chronogramme prévisionnel aussi à Bel air [lors de la retraite, NDLR]. Ce chronogramme avait fixé d’ailleurs pour fin avril, des élections probables.
Mais, on a introduit des éléments. On a introduit des étapes et chaque étape va faire l’objet d’évaluation. Et puis on continue.
Par exemple, le choix de l’opérateur, nous avons introduit la période dans laquelle nous allons prendre une décision par rapport au choix de l’opérateur à la suite d’une activité qu’on a identifiée, c’est de faire une publication des listes électorales de 2010 pour que tout le monde puisse venir vérifier si ses noms figurent dessus ou pas ; si les renseignements qui figurent sont bons ou pas.
Si on fait l’évaluation, on trouve par exemple que le résultat n’est pas bon, tous les Guinéens seront au courant et témoins, que l’opérateur choisi n’est pas bon».
Malgré cette mise au point du Président de l’Institution chargée de l’organisation de toutes les élections en Guinée, Bakary Fofana n’est pas parvenu à convaincre les sceptiques. Pour ces derniers, il est dans le droit chemin de celui qu’avait emprunté son prédécesseur.
C’est le cas du porte-parole de l’opposition, Aboubacar Sylla: «Alors que nous savions que la CENI était en pleins débats sur les questions de chronogramme, que nous voyions le Président de la CENI, annoncer une date qui est loin d’être consensuelle, qui n’a pas fait l’objet de discussion et de consensus au sein de la CENI. Je crois que tout le monde, y compris les membres de la CENI, pour la plupart, a été surpris de l’annonce de cette date par le Président de la CENI. Donc, on se situe dans la continuité des pratiques de M. Lousény Camara [ex Président de la CENI et prédécesseur direct de Bakary Fofana, NDLR].
A peine donc annoncée la proposition de date pour la tenue des élections législatives, que la mouvance de l’opposition au sein de la CENI a tiré la conséquence qui s’imposait. Estimant que le communiqué lu par le Président de la CENI était «unilatéral».
C’est ainsi que dans leur déclaration, les 10 Commissaires (voir liste et signatures) relèvent que la publication du «chronogramme que nous estimions en chantier et dont aucun des préalables n’est à ce jour satisfait, augure d’un lendemain obscur pour la CENI … »
Dès l’entame de leur déclaration, ils s’étonnent d’abord de l’heure du passage à la télévision de Bakary Fofana: «Dans un Communiqué rendu public tard dans la soirée du Mardi 11 décembre 2012 (au-delàs de 22 heures), Monsieur le Président de la CENI a fait état d’un chronogramme dans lequel la date des élections législatives est fixée au 12 Mai 2013».
Les Commissaires signataires du document estiment «utile de rappeler que depuis leur sortie de la Retraite stratégique de Bel Air, les Commissaires de la CENI, dans une parfaite harmonie, étaient entrain de bâtir une nouvelle Institution qui serait capable, par les actes qu’elle pose, de réconcilier les guinéens a travers l’organisation d’Elections Législatives transparentes, crédibles dans un climat de paix et de confiance retrouvée».
«Malheureusement, regrettent-ils, l’acte que vient de poser Monsieur le Président de la CENI n’obéit pas aux principes cardinaux de fonctionnement de l’Institution. Il vient en effet, de contrevenir de manière unilatérale, à des décisions de la Plénière souveraine et dont la plus importante était qu’aucune Décision sur le chronogramme et sur l’Operateur Technique en charge du fichier électoral ne devrait intervenir avant le 22 Décembre 2012, et seulement après présentation et analyse du Rapport de l’OIF».
«La précipitation avec laquelle le Président de la CENI a rendu public un tel chronogramme que nous estimions en chantier et dont aucun des préalables n’est à ce jour satisfait, augure d’un lendemain obscur pour la CENI qui, pourtant, à sa naissance, était porteuse de l’espoir renaissant et convergent des guinéennes et des guinéens. C’est la preuve tangible de la mise sous tutelle de la CENI, ce qui porterait gravement atteinte aux idéaux de paix, de justice et de démocratie dans notre pays».
«Mis face à une telle situation que nous jugeons inacceptable tant dans sa forme que dans son contenu, nous signataires de la présente, déclarons publiquement notre total désaccord avec le Président de la CENI et que sa déclaration du mardi, 11 décembre 2012 ne nous engage point».
Les signataires:
1. Etienne Soropogui - NFD
2. Mamie Sia Tolno - PPG
3. Abdourahmane Telly Touré - UFR
4. Pathé Dieng - UFDG
5. Jacques Gbonimy - UPG
6. Ibrahima Diallo - NGR
7. Fatoumata Fafa Baldé - UFC
8. Charles Andre Soumah - GéCi
9. Hadja Fatoumata Biya Diallo - UFDG
10. Mamady Lamine Condé – PEDN
Joint ce jeudi, 13 décembre 2012, le Président de la CENI n’a pas réagi outre mesure que de dire que c’est la plénière de la CENI qui a fixé la date des élections: «la plénière de l’institution est souveraine», devait-il souligner, pas plus.
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