Le gouvernement relève les salaires indiciaires des fonctionnaires de 50%, par tranche. Il y a lieu de souligner à l’entame du présent article, que depuis quelques mois, des discussions sont engagées entre lepouvoir et le syndicat qui exige la hausse du salaire indiciaire à hauteur de 200%.
La dernière rencontre au palais "Sèkhutureya" entre le Président de la République et les membres de la Commission nationale paritaire de négociation collective sur la fixation du SMIG, la gestion de la protection sociale, de la retraite et de la sous-traitance n’avait pas pu aboutir à un résultat satisfaisant.
Au regard des extraits d’interventions proposés à cette occasion dans le journal télévisé, on semblait suivre un dialogue de sourds.
Le 1er camp avance que toutes ses revendications visent l’amélioration des conditions de vie et de travail des travailleurs. Le second reconnait quant à lui le faible niveau de traitement des travailleurs, mais les exigences de l’heure ne permettaient point de satisfaire les doléances.
Après avoir parlé de l’exemple allemand notamment, le Président Alpha Condé va proposer une hausse de 10% d’augmentation de salaire.
Mamadou Mansaré, porte-parole des syndicalistes s’adressera au Chef de l’Etat en ces termes: «il est de notre devoir de vous transmettre les paroles de vos travailleurs, de vos militants et de vos citoyens. Excellence monsieur le Président, avec tout le respect que l’on vous doit, nous ne pouvons pas accepter les 10% d’augmentation de salaire. Ça ne pourra pas résoudre nos problèmes et nous allons continuer à tricher, nous allons continuer à voler, nous allons continuer à faire semblant de travailler. Tous les maux que vous avez cités-là, proviennent de là ! Nous allons continuer à pratiquer le système D, à nous débrouiller ; à aller de gauche à droite. Nous allons continuer à chercher trois à quatre emplois. Nous ne voulons plus être ce fonctionnaire d’hier qui a triché ce peuple».
Le Secrétaire général de la Confédération Nationale des Travailleurs de Guinée, Ahmadou Diallo va même perdre quelques plumes lorsqu’il a voulu faire entendre la raison à ses camarades, à leur retour à la base. Il sera taxé de «corrompu à la solde du pouvoir» qui avait proposé la satisfaction des besoins à hauteur de 10%.
Du côté du pouvoir, la Ministre de la Fonction publique et du Travail, Mme Camara Fatoumata Tounkara se verra recalée lors du remaniement partiel du gouvernement et son départ, un mois plus tard de son poste. Mais avant, le centre de la conduite des négociations va changer de cadre. De "Sèkhutureya" il va se retrouver au petit palais, à la primature.
Ainsi, alors que l’on est au quatrième mois du début des négociations, le gouvernement vient de lâcher du lest. L’argument tant rebattu, étant l’invite à la patience jusqu’à l’atteinte de l’initiative PPTE ne tient plus la route. Car la Guinée l’a décrochée avec une remise de plus de la moitié de la dette du pays. Même si la Com qui a précédé l’atteinte du point d’achèvement a été mal menée, c’est seulement après l’atteinte du point d’achèvement qu’elle sera rectifiée pour une Com mieux explicative.
Le gouvernement vient donc d’accepter, à travers la signature ce vendredi 14 décembre 2012, d’un protocole de relèvement des salaires indiciaires des travailleurs de la Fonction publique à hauteur de 50%.
L’acte de signature a eu lieu dans la salle de conférence de la primature avec la présence effective du Premier ministre, Mohamed Saïd Fofana.
On se souvient que c’est dans cette même salle qu’étaient parties les premières discussions suite au changement de cadre, le 21 août au décembre 2012 de la Commission tripartite : Gouvernement, Patronat et Mouvement syndical.
Le protocole avance que les parties conviennent de l’augmentation du point d’indice de 50% en trois phases : 10% à compter du 1er octobre 2012 ; 15% à partir du 1er janvier 2013 et 25% avant fin 2013.
Invitant «le gouvernement à continuer les mesures d’assainissement du fichier général de l’administration», les parties «saluent des hautes autorités de l’Etat pour les résultats obtenus» avant d’appeler «le gouvernement à prendre les mesures d’accompagnement nécessaires, en vue de la maitrise des prix des denrées de première nécessité, des transports et des loyers administratifs».
Quelques extraits des déclarations faites à cette occasion:
- Mohamed Saïd Fofana, Premier ministre: «toutes les promesses du gouvernement seront tenues. J’invite toutes les parties au respect des dispositions du présent protocole d’accord».
- Mamadou Mansaré, Représentant du Mouvement syndical: «je me réjouis de l’augmentation de l’indice salarial des fonctionnaires guinéens de 50%. Aujourd’hui, nous pouvons dire fièrement que le vent du changement a commencé à souffler en Guinée. Il ne peut avoir une démocratie dans un pays sans justice sociale. Par ailleurs, j’invite les autorités à promouvoir les compétences aux différents postes de responsabilité. Le mouvement social guinéen s’engage à respecter scrupuleusement les clauses du protocole d’accord tripartite».
- Hadja Gnouma Traoré du Patronat: «j’invite les différentes parties signataires au respect du présent protocole pour le bonheur des travailleurs et pour le maintien de la paix sociale dans le pays».
A la fin de la cérémonie, il a été convenu d’un calendrier de négociations fixé au 1er septembre de chaque année, entre gouvernement, patronat et mouvement syndical.
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