Les groupes armés MNLA et Ansar Dine se sont dits prêts vendredi à Alger à cesser les hostilités au Mali et à négocier avec les autorités, au lendemain du feu vert du Conseil de sécurité de l'ONU à l'envoi d'une force internationale pour chasser les islamistes du nord du pays.
Ansar Dine (Défenseurs de l'islam), essentiellement composés de Touareg maliens, et la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), se sont engagés sous l'égide de l'Algérie à "s'abstenir de toute action susceptible d'engendrer des situations de confrontation et toute forme d'hostilité dans les zones qui sont sous leur contrôle".
Le MNLA avait lancé en janvier l'offensive dans le nord du Mali, avant d'en être évincé peu après par les groupes islamistes armés Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Muajo) et Ansar Dine.
Les deux groupes, qui avaient entamé une amorce de dialogue avec Bamako début décembre à Ouagadougou, ont aussi convenu de "conjuguer et coordonner" leur action pour "toute démarche visant la recherche d'une situation pacifique et durable" avec les autorités de transition, tout en dénonçant un éventuel déploiement militaire étranger.
"Ce n'est pas la solution", a déclaré à Alger le représentant d'Ansar Dine, Mohamed Ag Akharib.
Les deux groupes ont promis "d'aider à la libération" des otages détenus dans le Sahel par Aqmi et le Mujao, dix Européens, dont sept Français, et au moins trois algériens.
"Il appartient maintenant au pays médiateur (l'Algérie) de fixer un calendrier des négociations. C'est un processus qu'on vient d'engager, il faut qu'on aille vite", a déclaré, au nom d'Ansar Dine, Mohamed Ag Akharib.
Il a en revanche dit que son groupe refusait "catégoriquement de renoncer à la charia", la loi islamique appliquée avec rigueur dans tout le nord du Mali.
L'engagement d'Ansar Dine et du MLNA intervient au lendemain du vote au Conseil de sécurité de l'ONU d'une résolution approuvant le déploiement d'une Mission internationale de soutien au Mali (Misma), tout en insistant sur la nécessité de dialoguer avec les groupes armés du Nord qui rejettent le terrorisme et la partition du pays.
La résolution, qui autorise par étapes et sans fixer de calendrier précis le déploiement de cette force composée et commandée par des Africains, avec l'appui logistique Occidentaux, a satisfait la majorité des Maliens.
"Nous sommes reconnaissants à la communauté internationale, un consensus s'est dégagé sur la situation malienne" s'est réjoui un conseiller du président malien par intérim, Dioncounda Traoré.
Si le feu vert à l'envoi de cette force de 3.300 hommes que réclamaient l'Union africaine (UA) et la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), marque une première étape dans le processus de reconquête du Nord, il reste toutefois assorti de conditions qui pourraient retarder son déploiement.
La résolution 2085, adoptée à l'unanimité, appelle d'abord les autorités de transition à Bamako à rétablir l'ordre constitutionnel et à organiser des élections avant avril 2013. Elle les invite aussi à engager des négociations "crédibles" avec les groupes présents dans le Nord, essentiellement les Touareg.
Outre ces conditions, sur le plan militaire, la remise en marche de l'armée malienne, ébranlée par le coup d'Etat du 22 mars et humiliée par sa défaite face aux islamistes armés, sera également nécessaire, repoussant une éventuelle offensive à l'automne 2013.
Et ce n'est que lorsqu'il s'estimera "satisfait" de l'état de préparation de la Misma que le Conseil permettra son déploiement. En attendant, l'ONU a demandé à l'UA de lui faire rapport tous les soixante jours sur les progrès accomplis dans ces domaines, avant toute décision.
En visite à Bamako au moment du vote à New York, le représentant de l'ONU pour l'Afrique de l'Ouest, Saïd Djinnit a exprimé vendredi "la disponibilité des Nations Unies" pour assister les autorités de transition dans l'application de la résolution.
Dans le même temps, des ONG et organisations de défense des droits de l'Homme ont appelé l'ONU et la communauté internationale à prendre en compte les conséquences humanitaires d'une éventuelle intervention armée et à s'assurer que les militaires africains qui la composeront seront formés pour éviter les violations des droits de l'homme envers les civils. – AfricaLog avec agence