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Comment libérer le potentiel entrepreneurial africain?

Dec 23, 2012
Comment libérer le potentiel entrepreneurial africain?

Par James Shikwati

En Afrique, nos paysans travaillent dur. Ils se lèvent très tôt, traient leurs vaches, vont au champ la binette à la main, vont à pied faire paître leur bétail. Les plus chanceux récoltent cinq sacs de maïs – chanceux parce qu’ils n’appliquent en réalité que très peu d’ingéniosité à déterminer la récolte. Nous connaissons nos travailleurs urbains: eux aussi se lèvent tôt, vont travailler à pied sur des chantiers ou des ateliers informels, pour revenir le soir après avoir gagné 1 $ dans la journée. Il y a aussi les
cols blancs qui très souvent travaillent selon une routine prévisible.

Mais il y a une autre catégorie d’Africains, ceux qui sont très vigilants et
réceptifs à des opportunités qui ne sont pas perçues par les autres. Ils
scrutent l’horizon, prêts à faire des découvertes. Le résultat de leur
travail est toujours une surprise pour le grand public: la solution que ces
entrepreneurs présentent sur le marché semble généralement facile et
évidente après coup. Généralement, de tels individus ne travaillent pas
durement mais intelligemment. Or, en Afrique, ces individus ne sont pas
assez nombreux.

En effet, les Africains ont une culture du «travailler dur» qui commence
déjà avec notre système éducatif. Tous les matins nos enfants marchent en
moyenne deux kilomètres dans la fraîcheur de l’aube, passent huit années au
primaire, quatre au lycée et quatre à l’université. Et après leur diplôme,
ils se demandent comment ils vont être absorbés par le marché du travail. La
mentalité du « travailler dur » est inculquée à nos esprits aussi par le
système éducatif qui donne une large place à la notation : on cherche plus à
obtenir la bonne note qu’à être intelligent.

La majorité de ceux qui «flairent les opportunités» et les exploitent de
manière courageuse ne sont pas des diplômés de haut niveau. Les diplômes
n’ont pas grande place dans la définition de ce qu’est l’esprit
d’entreprise. Certains économistes définissent cet esprit d’entreprise par
la capacité manifeste et la volonté des individus (seul ou dans des équipes
ou des organisations) de percevoir et créer de nouvelles opportunités
économiques (nouveaux produits, nouvelles méthodes de production, nouveaux
schémas organisationnels, de nouvelles combinaisons de produits de marché)
et d’introduire leurs idées sur le marché et ce, en présence d’incertitude
et d’autres obstacles.

Pour développer l’attitude entrepreneuriale en Afrique, les individus, les
entreprises, les institutions de l’éducation et l’Etat doivent promouvoir un
processus compétitif qui génère une émulation entre les individus. Il faut
aussi se débarrasser de certaines attitudes voyant des relations «magiques» entre certains phénomènes, et inculquer plus de rationalité. Certains
économistes rappellent aussi que certaines valeurs sont essentielles à
l’entrepreneuriat: l’ouverture d’esprit vers les autres cultures, la
curiosité, la créativité, l’expérimentation, la persévérance, l’épargne et
la volonté de constituer un patrimoine. Enfin, le cadre réglementaire
étatique ne doit pas étouffer l’activité entrepreneuriale. Il faut donc que
les indicateurs du succès sur le marché soient possibles. Et justement les
profits entrepreneuriaux indiquent à l’entrepreneur s’il a correctement
rendu service à ses clients.

Les Africains doivent adopter une attitude entrepreneuriale de manière
urgente. En particulier parce que la mondialisation génère des opportunités
comme jamais dans l’histoire de l’humanité.

James Shikwati est directeur de l'IREN au Kenya.

Publié en collaboration avec LibreAfrique.org

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