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La rébellion centrafricaine à l’offensive: deux nouvelles villes tombent

Jan 05, 2013
La rébellion centrafricaine à l’offensive: deux nouvelles villes tombent

Les rebelles centrafricains de l'alliance Séléka ont pris deux nouvelles villes samedi alors que les préparatifs pour des négociations réunissant le pouvoir, la rébellion et l'opposition politique à Libreville la semaine prochaine s'accélèrent.

«Les rebelles ont pris deux villes près de Bambari: Alindao et Kouango. Cela montre leurs velléités de faire la guerre même quand il y a des négociations», a déclaré le ministre de l'Administration territoriale Josué Binoua.

Alindao, une ville de 40 000 à 50 000 habitants, est située à une centaine de kilomètres au sud-est de Bambari, tandis que Kouango, ville plus petite, se trouve à une centaine de km au sud de Bambari, dans un cul-de-sac routier se terminant sur le fleuve Oubangui qui marque la frontière avec la République démocratique du Congo.

Il s'agit sans doute d'une démonstration de force du Séléka avant les négociations, l'intérêt stratégique de ces deux villes éloignées de Bangui semblant faible dans l'optique d'une éventuelle attaque de la capitale.

«Le gouvernement demande à la communauté internationale de tirer les conséquences de ce non-respect de leur propre parole», a commenté le ministre.

Les préparatifs pour les négociations à Libreville, probablement le 8 janvier, se sont accélérés. Les modalités pratiques ont été arrêtées.

«Il y aura trois délégations de 15 membres. Pouvoir, rebelles, opposition. Soit 45 personnes au total», a affirmé M. Binoua, ajoutant que «le président François Bozizé se rendra aussi à Libreville».

Le président Bozizé venant en tant que chef d'État, la délégation du pouvoir sera conduite par le ministre d'État de l'Enseignement supérieur Jean Willybero Sacko et comprendra aussi des membres du parti présidentiel KnK (Kwa na Kwa, «le travail rien que le travail») et d'autres personnalités, a détaillé le ministre, qui sera également du voyage. Cette délégation partira dimanche.

Une certaine confusion régnait toujours samedi sur la venue des rebelles et la composition de leur délégation, le porte-parole du Séléka contredisant les informations données par le gouvernement et la Communauté des États de l'Afrique centrale (CEEAC).

La délégation rebelle sera composée au total d'une dizaine de membres de l'Alliance Séléka, de sources concordantes. Selon la CEEAC, qui se pose en médiateur dans le conflit, le chef du Séléka Michel Djotodia, son porte-parole Eric Massi, et les chefs militaires Florian Ndjadder et Djouma Narkoyo feront partie de la délégation qui arrivera à Libreville dimanche. Leur voyage est pris en charge par la CEEAC.

Selon le ministre Josué Binoua, cette délégation comptera aussi quatre représentants de groupes politico-militaires ex-rebelles qui adhèrent toujours au processus de paix.

Toutefois, le porte-parole du Séléka Eric Massi s'est étonné vendredi de ces dispositions, assurant ne pas en avoir été informé.

Les troupes rebelles se trouvent à seulement 160 kilomètres de la capitale centrafricaine, Bangui, après avoir pris plusieurs villes du pays depuis le début de leur offensive le 10 décembre.

Rassemblement hétéroclite de différentes factions rebelles, la Séléka affirme avoir repris les armes le 10 décembre pour réclamer «le respect» d'accords de paix conclus entre 2007 et 2011, qui prévoyaient notamment un programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion et sont restés lettre morte depuis.

Quant à la troisième délégation, celle de l'opposition politique, elle sera conduite par l'avocat Nicolas Tiangaye, la présence du principal opposant Martin Ziguélé étant aussi annoncée.

De nombreux observateurs sont sceptiques sur l'issue des négociations.

«Il y a un dialogue de sourds. La rébellion exige le départ de François Bozizé, le président s'y refuse», estime l'un d'entre eux sous le couvert de l'anonymat.

M. Bozizé a en effet prévenu qu'il comptait terminer son mandat courant jusqu'en 2016, après avoir fait des concessions, proposant notamment un gouvernement d'union nationale.

Les dirigeants des pays voisins d'Afrique centrale ne voient pas d'un bon oeil une éviction du président Bozizé sous la pression des rebelles, alors que la communauté internationale veut éviter à tout prix un «bain de sang» et le chaos à Bangui, selon une source diplomatique.

Les négociations sont aussi compliquées par le caractère hétéroclite de la rébellion qui ne présente pas un front politique uni.

Dans la nuit de vendredi à samedi, le Conseil de sécurité de l'ONU a demandé vendredi aux parties de négocier «de bonne foi» et réitéré sa demande aux rebelles de «cesser les hostilités.

Des sources au sein du régime craignent aussi que le départ vers Libreville du président Bozizé, fragilisé par la crise, ne favorise «un coup d'État». – AfricaLog avec agence

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