Alloys Emokori, 55 ans, ancien consommateur d’alcool en voie de guérison, vit dans la ville de Busia, dans l’est du Kenya, à la frontière avec l’Ouganda. Diagnostiqué séropositif en 2004, M. Emokori a perdu cinq femmes. Il a raconté à IRIN/PlusNews son combat contre l’alcoolisme.
« Ma vie entière tournait autour de l’alcool et des femmes. A cause de l’alcool, j’ai perdu quatre femmes, qui sont parties parce qu’elles ne toléraient pas que je boive ; une autre de mes femmes est morte du VIH. Certaines de mes femmes buvaient aussi, et nous nous disputions toute la journée. Avec l’une d’entre elles, nous rivalisions même : c’était à qui boirait le plus ou découcherait le plus. Elle avait ses amants et moi mes maîtresses. » « Aujourd’hui, je suis seul, je m’occupe des enfants que mes femmes ont laissés derrière elles. » « C’est seulement quand je suis devenu incapable de marcher tellement j’étais malade que mes enfants ont décidé de m’emmener de force à l’hôpital. On m’a dit que j’étais séropositif, mais j’ai quand même continué à vivre dans le déni. » « Un ami a fini par me convaincre de commencer un traitement antirétroviral, et j’ai accepté. Mais dès que je me suis senti mieux, je suis retombé dans l’alcool et j’ai même arrêté de prendre mes médicaments. Ma santé s’est gravement dégradée. Les travailleurs de santé communautaires m’ont aidé et ont fait en sorte que je reprenne le traitement. » « Un de mes compagnons de bouteille, qui avait arrêté de boire et rejoint un groupe de soutien pour personnes dépendantes de l’alcool, est venu me proposer de participer à ce groupe. Il n’a jamais abandonné, il est allé jusqu’à m’accompagner au bar, et je me suis finalement laissé persuader, je suis allé avec lui à une des rencontres. » « Avec le temps, j’ai réussi à arrêter de boire, et je me suis de plus en plus investi dans les réunions du groupe de soutien – cela m’a énormément aidé. Aujourd’hui, je conseille moi-même des gens, je leur parle des dangers de l’alcool – en particulier des personnes qui, comme moi, vivent avec le VIH. » « Pour ceux qui me connaissent, je suis un témoignage vivant du fait qu’alcoolisme ou toxicomanie ne font pas bon ménage avec le VIH. Et s’ils s’entendent, c’est pour vous tuer encore plus vite. » « Quand je regarde en arrière, je vois les dégâts que l’alcoolisme a faits dans ma vie, et je remercie Dieu pour aujourd’hui, parce que ma vie aurait pu beaucoup plus mal tourner… au moins, je suis encore en vie, et je m’occupe de mes enfants ». - IRIN