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À Berlin, le plus vieux métier du monde s'adapte à la crise

Jul 18, 2009

Les maisons closes, légales outre-Rhin depuis 2002, multiplient les offres «discount» pour garder leur clientèle.

Outre-Rhin, la crise touche aussi la très prospère et légale industrie de la prostitution. Mais avec son concept «discount», la maison de passe située en face de l'aéroport Schönefeld de Berlin a trouvé un remède miracle. Dès l'ouverture à 20 heures précises, les clients affluent.

Un tract publicitaire distribué partout dans la capitale allemande attire le chaland. Le club propose un «forfait tout compris» : boissons alcoolisées, buffet dînatoire et «sybarites» à volonté. Sans oublier la télévision câblée, pour ne manquer aucun match de foot de la Bundesliga. Et, en juillet, une offre spéciale «barbecue avec saucisses à volonté». La journée, le forfait est facturé 70 euros. Le tarif s'élève à 100 eu¬ros en soirée.

Vendre son corps est légal en Allemagne, où les prostituées possèdent les mêmes droits que les autres travailleurs, y compris en matière de sécurité sociale et d'assurance-chômage. Elles sont environ 450 000 dans le pays, dont 22 000 à Berlin. Le commerce du sexe s'est ancré dans les mœurs après la libération sexuelle d'après 1968. La pratique extensive du FKK (Freie Köper Kultur), la culture du corps libre, ou le nudisme décomplexé par une «communion avec la nature», lui a ouvert les portes. Les prostituées qui travaillent dans la rue ne représentent que 3 % du total. L'immense majorité exerce dans des maisons closes, des salons de massage ou des résidences privées. La demande reste soutenue, mais le nombre de prostituées a augmenté car de plus en plus de personnes ayant perdu leur emploi se tournent vers le plus vieux métier du monde, explique Marion Detlefs, de l'organisation allemande de défense des prostituées Hydra. D'où une concurrence sévère.

«Baisser les tarifsnuit à la qualité du service»

«Gina», une Roumaine âgée de 21 ans vêtue d'un minishort, est venue déposer sa candidature au club de Schönefeld. La patronne chasse les deux hommes trapus qui l'accompagnent. «Je ne suis pas là pour soutenir les maquereaux», explique-t-elle, tout en admettant ne pas savoir où va l'argent gagné par ses filles. La légalisation de la prostitution, décidée en 2002, a réduit l'activité criminelle du milieu lié à la Mafia, sans l'éliminer. Comme «Gina», elles sont une quinzaine par semaine à se présenter ici pour un emploi. «Les filles sont payées entre 100 et 250 euros la journée», explique la tenancière. Signe de sa prospérité, le club prévoit d'ouvrir prochainement un nouvel espace «wellness» (bien-être) avec spa, piscine, jacuzzi et piste de danse géante.

Les établissements plus luxu¬eux refusent de casser les prix, en dépit d'une baisse de leurs recettes. «Cela n'apporterait rien», af¬firme le patron du Monrouge, installé derrière son bar en acajou. Vautrés dans des canapés en velours rouge, deux messieurs observent le défilé lascif des trois prostituées de service. «On ne peut pas lutter contre les usines à sexe. Baisser les tarifs nuirait à la qualité de nos services et à notre image», affirme le maître des lieux.

Les employĂ©es de son Ă©tablissement se plaignent d'une chute de leurs revenus depuis six mois. «Les clients ne veulent plus payer pour des “extras”, raconte Katharina, «hĂ´tesse» roumaine. Nous devons ĂŞtre de plus en plus entreprenantes pour convaincre les clients.» DĂ©sormais, Katharina fait des heures supplĂ©mentaires en tant que call-girl, après son service au Monrouge, pour boucler ses fins de mois. Mais elle n'irait jamais travailler dans un Ă©tablissement du type de Schönefeld. Elle juge que ses consĹ“urs y subissent un «vĂ©ritable esclavage». – Le Figaro 

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