Un couple homosexuel, jugé coupable d'avoir violé «l'ordre de la nature», a été condamné jeudi à la peine maximale de 14 ans de prison et aux travaux forcés au Malawi après avoir organisé la première cérémonie symbolique de mariage gai du pays.
«Je vous condamne à 14 ans de prison, une peine assortie de travaux forcés. C'est la peine maximale selon le code pénal», a déclaré le juge Nyakwawa Usiwa Usiwa.
«La condamnation que je vous inflige est destinée à faire peur afin de protéger le public de gens comme vous pour que nous ne soyons pas tentés de reproduire cet exemple horrible», a-t-il justifié.
«Le Malawi n'est pas prêt à voir ses fils mariés à ses fils», a estimé le juge qui les avait reconnus coupables mardi d'avoir violé «l'ordre de la nature».
Tiwonge Chimbalanga, 20 ans, et Steven Monjeza, 26 ans, se sont rencontrés dans une église du Malawi début 2009. Ils vivaient ensemble depuis cinq mois lorsqu'ils ont décidé d'officialiser leur union dans un pays où l'homosexualité est interdite et la sodomie passible de 14 ans de prison.
Ils ont été arrêtés le 28 décembre à Blantyre, capitale commerciale du pays, deux jours après avoir organisé une cérémonie d'union.
Jugé en janvier et février, les deux hommes avaient plaidé non coupable.
Leur avocat Mauya Msuku a déclaré à l'issue de l'audience qu'ils allaient envisager les possibilités d'appel.
Pour l'avocat Richard Bridgen, du Centre de contentieux d'Afrique australe, cette condamnation constitue une «réelle tragédie pour la société malawite», dont une minorité ne peut faire valoir ses droits.
Les deux hommes n'ont pas réagi à l'annonce de leur condamnation, conforme aux réquisitions du procureur, dans une salle d'audience pleine de journalistes et de curieux.
Sous forte escorte policière, ils ont été rapidement transférés vers la prison. Une femme, dans la foule rassemblée devant le tribunal bondé, leur a lancé au passage: «le Malawi ne devrait jamais autoriser l'homosexualité».
Dans ce pays, qui fait partie des 38 États africains pénalisant l'homosexualité, la société civile, l'Eglise protestante et le conseil de l'ordre des avocats ont condamné cette pratique. D'autres homosexuels ont été inquiétés depuis le début de cette affaire.
Les communautés de défense des droits de l'Homme, des organisations de lutte contre le sida ainsi que des donateurs internationaux se sont de leur côté mobilisés en faveur des deux hommes.
Amnesty International s'était indignée mardi du traitement réservé à MM. Chimbalanga et Monjeza en détention. Selon cette organisation, ils ont été battus par la police et ont subi un examen anal pour déterminer s'ils avaient consommé leur union.
La répression de l'homosexualité au Malawi complique la lutte contre le virus VIH, alors que le taux de prévalence est de 14% dans ce pays de 13 millions d'habitants.
Undule Mwakasungura, directeur du Centre pour les droits de l'Homme et la réinsertion, a prédit que cette peine allait conduire de plus en plus d'homosexuels à se cacher.
«Le Malawi doit résoudre la question des homosexuels (...) Il y en a beaucoup qui ont besoin d'avoir publiquement accès à l'information sur le VIH-sida», a-t-il déclaré à l'AFP.
«La menace de prison ne va pas empêcher cette pratique. C'est un problème qui concerne tout le Malawi et pas seulement Tiwonge et Steven», a souligné ce militant des droits de l'Homme. - AFP