Le Vatican s'apprêterait à briser un tabou: régulariser la situation des prêtres concubins et de leurs enfants. L'information est venue du quotidien italien La Stampa dans son édition du 11 août. Instruction serait donnée aux prêtres vivant dans le péché, pères d'enfants illégitimes ou en voie de l'être, de faire reconnaître leur ou leurs enfants. Cette instruction est actuellement en cours de discussion à la congrégation vaticane du clergé.
Il ne s'agit pas de mettre fin à l'hypocrisie, encore moins de revenir sur la sacro-sainte règle du célibat ecclésiastique, ou de passer l'éponge sur ce que l'Eglise considère comme un grave manquement des prêtres, pères d'enfants naturels, à leur devoir et leur vœu de célibat. Il s'agit surtout de prévenir les actions en justice pour reconnaissance en paternité qui commencent à se multiplier notamment en Amérique latine ou dans des pays européens comme l'Autriche, la Suisse ou les Pays-Bas. On ne dispose d'aucune information chiffrée sur l'ampleur du phénomène. Mais la banalisation des tests ADN constitue un encouragement objectif à des poursuites. La menace de scandales à grande échelle pèse sur la réputation de prêtres et l'image de l'Eglise. Elle a aussi des aspects sonnants et trébuchants. Des procès coûtent cher, comme l'ont montré les affaires de pédophilie du clergé, notamment aux Etats-Unis. Concrètement, le prêtre serait invité à reconnaître devant les tribunaux civils sa paternité. Il demanderait que soient garantis les droits de son enfant et de la mère, y compris ceux liés à la succession et au bénéfice d'un héritage. L'enfant pourrait même être autorisé à porter le nom de famille de son père prêtre. Cette évolution est proche de celle constatée dans le droit civil de pays où des enfants illégitimes peuvent désormais prétendre à des parts d'héritage. Cette information a été jugé «sans fondement» par le porte-parole du Vatican. En réalité, la mesure est bien à l'étude. Elle constituerait un pas en avant dans la transparence. Mais, avant de trancher, l'Eglise veut être assurée de ne pas y perdre. Elle entend protéger ses avoirs dans les questions de succession, autrement dit mettre en place des mécanisme distinguant les biens personnels du prêtre de ceux qui sont liés à sa fonction et qui, pour l'autorité vaticane, doit rester bien d'Eglise. - Slate