Le Sénégal est sur une "bonne voie" en matière de prévention contre le VIH/sida et est considéré comme un modèle sur le continent africain, son taux de prévalence étant contenu à 0,70 %. "Le Sénégal est sur une bonne voie, car c'est l'un des rares pays à avoir réagi dès le début de l'épidémie en 1986, en faisant participer tous les acteurs du milieu sanitaire, scientifique et de la société civile", a déclaré à Xinhua le secrétaire général du Conseil national de lutte contre le sida (CNLS), le Dr Ibra Ndoye.
Concernant le traitement des malades, "le Sénégal est le premier pays d'Afrique à avoir mis en place l'accès aux antirétroviraux (ARV) en 1998" et "a rendu gratuit l'accès aux ARV aux personnes vivant avec le VIH/sida" en 2004, a-t-il rappelé. Cette mesure est considérée comme un facteur de réussite de la prévention de la pandémie au Sénégal. Début novembre, l'organisme des Nations Unies au Sénégal avait félicité les efforts consentis par le pays. Pourtant, le Sénégal "a accusé un retard dans le dépistage et le traitement prophylactique", constate le CNLS. Par ailleurs, "le bilan médical est coûteux, et pose aujourd'hui problème", avertit la directrice exécutive de l'Alliance nationale contre le sida (ANCS), Mme Magatte Mbodj. Le Sénégal accuse aussi un net retard de la prévention de la transmission mère-enfant. Le nombre de dépistages des femmes enceintes au Sénégal a pourtant progressé. En 2007, on comptait 40.000 femmes ayant fait un test du VIH/sida. Au premier semestre 2008, ce chiffre est passé à 45.000. D'après les médecins et organismes de lutte contre la maladie, le Sénégal se heurte à des barrières socio-culturelles fortes. Certaines femmes enceintes séropositives refusent d'effectuer un dépistage. "Nous nous confrontons à un problème d'ordre culturel. 65% des femmes de nos centres font le dépistage. Mais il y a encore 30% de déperdition, en raison des maris qui refusent que leur femme fasse le test", observe le Dr Ndoye. Ce blocage culturel a une incidence sur le traitement des malades. L'ANCS est une organisation qui coordonne la prévention au niveau communautaire. Cette institution observe "des réticences " de la part des malades. "Il y a encore des réticences liées à la stigmatisation et à la discrimination", témoigne Mme Mbodj. "Bien que les ARV soient gratuits, dans certaines localités du pays, les gens hésitent à aller les prendre, de peur d'être stigmatisés. Ils craignent qu'en restant chez eux, à prendre les médicaments, que les gens soupçonnent leur état sérologique", ajoute-t-elle. Pour la seconde fois, le Sénégal abrite la Conférence internationale sur le sida et les infections sexuellement transmissibles (IST) en Afrique du 3 au 7 décembre. La rencontre vise à encourager le partage des découvertes récentes en matière de VIH/sida et d'IST sur le continent. - Xinhua