Le Ministre malien de l’Economie numérique, de l’Information et de la Communication a récemment effectué une mission d’information aux Etats-Unis d’Amérique. Il s’agissait pour Mahamadou Camara de présenter la version officielle du Gouvernement malien suite aux troubles qui ont été enregistrés, notamment dans la ville de Kidal.
Cette mission se voulait double. D’une part, informer Washington de la version de Bamako et d’autre part, donner la bonne information à la communauté malienne vivant aux USA ainsi qu’aux médias dans leur ensemble. Comme il le dira d’ailleurs, «ma mission est de permettre aux amis du Mali d’avoir une idée exacte de la crise que connait mon pays».
C’est ainsi que le Ministre a bien voulu répondre aux curiosités de votre site. Mamadou Camara souhaite la justice pour les victimes de la ville de Kidal, entre autres vœux. Il répondait ainsi aux questions d’Adam Ouologuem d’AfricaLog:
AfricaLog : Avez-vous eu des consultations avec des parlementaires et des responsables du Département d’Etat?
Mahamadou Camara: Non, mon collègue des Affaires étrangères s’occupe de ce dossier… Il viendra sous peu aux États-Unis pour des entretiens avec des responsables américains.
Quelle est la situation à Kidal ? On parle de cessez-le-feu, d’un rôle de l’ONU, de problèmes internes du Mali, d’une implication d’Al-Qaïda, en gros de problèmes multiples à plusieurs niveaux?
Je vais commencer par le début. Le Mali a été occupé en 2012 puis libéré par une opération conjointe de la France et des pays de la CEDEAO. Il y a eu après, des élections. Le Président Ibrahim Boubacar Kéita a été élu. Son souhait est de pacifier le Mali et d’assurer la sécurité du pays en préservant son intégrité et de procéder à la réconciliation nationale. Il vous souviendra qu’en juin 2013, il y a eu l’Accord préliminaire de Ouagadougou avec les groupes armés qui ont obligation de respecter l’intégrité territoriale du Mali et de rompre leurs liens d’avec les terroristes. Ces groupes armés devaient commencer le cantonnement et le désarmement. Malheureusement, jusqu’à date, ils n’ont pas respecté l’accord auxquels ils ont souscrit.
C’est une question vitale. Le Sahara est très important pour ces groupes. Nous assistons au développement de problèmes similaires au Nigeria. Il y a des problèmes dans tout le nord de l’Afrique. En ce qui concerne le Mali, j’ai parlé à des experts qui disent que les Etats-Unis ne semblent pas percevoir l’importance de protéger le Sahara, l’importance de ne pas laisser cette région tomber aux mains de ces groupes terroristes.
Comment pouvez-vous mettre fin Ă cela? Parlez-nous de ces groupes. Qui sont-ils?
Vous savez, le Mali a été occupé par des groupes extrémistes islamistes comme Al-Qaïda, le Mujao (Mouvement pour la Justice en Afrique de l’Ouest), Ansar-Dine et d’autres groupes. Je ne pense pas que la situation au Mali soit aussi grave qu’au Nigeria. Mais nous craignons une possible jonction entre Boko Haram et Al-Qaïda parce qu’ils ont la même philosophie, la même idéologie. C’est pourquoi nous cherchons un soutien total pour le Mali, pour le combat contre le terrorisme, dans son ensemble. Le Mali ne peut pas affronter ce problème tout seul. C’est une situation régionale qui a commencé en Libye avec des problèmes de gouvernance. Il y a des groupes qui peuvent aller d’un pays à un autre. Les frontières sont très poreuses. Nous devons donc, rester très prudents. Le Mali ne peut pas se battre tout seul contre le terrorisme, encore une fois.
Les Français ont semblé rappeler leurs troupes dont la venue, à travers l’opération Serval, était pourtant saluée par beaucoup de maliens. Ne pensez-vous pas que les Français ont tôt fait de rappeler leurs soldats?
La France a fait l’essentiel. Elle a empêché la conquête du Mali par les terroristes. Le Mali a repris le nord. Leur mandat était de combattre le terrorisme. Ils ont des drones, des avions, des forces spéciales qui combattent les terroristes. C’est le mandat des Français au Mali. Et puis, il y a les troupes de l’ONU [MINUSMA ; NDLR] dont le mandat est de protéger les institutions du Mali. Nous regrettons que le Premier ministre ait été attaqué pendant sa visite à Kidal.
Cela voudrait-il signifier une renaissance d’Al-Qaïda au Mali?
Je ne pense pas qu’Al-Qaïda ait complètement disparu. Raison pour laquelle, le Mali cherche un soutien tous azimuts pour le combat contre le terrorisme. Encore une fois, le Mali ne peut pas affronter ce problème tout seul car, il est régional.
En attendant, comment convaincre les gens du MNLA de négocier avec le Gouvernement malien?
Nous avons une solution politique. Nous allons faire en sorte qu’ils [les membres du MNLA ; NDLR] soient mieux représentés. Il y aura des élections régionales. Ils auront des représentants régionaux. Et puis, le Gouvernement central répondra à leurs préoccupations. C’est de la contre-vérité que d’affirmer que le gouvernement malien les ignore. On s’occupera de l’enseignement et des autres besoins qui se présenteront.
Quelle est la situation du fameux avion dont on parle tant, acheté par le Président Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) et qui aurait chèrement coûté au contribuable malien?
Le président a acheté l’avion parce que ça coûte moins cher d’acheter que de louer. Le Président voyage beaucoup. Donc, il a mieux fallu d’acheter un aéronef que de louer à chacun de ses déplacements, un appareil.
Quel souhait vous tient-il à cœur au terme de cet entretien?
Je veux la justice pour les victimes de Kidal. Nous irons porter plainte Ă la Cour PĂ©nale Internationale.
Merci, Monsieur le Ministre pour avoir répondu aux questions d’AfricaLog.
C’est moi qui vous remercie. Car, c’est une autre occasion de présenter la réalité du terrain au Mali ainsi que les impératifs de développement qui nous interpellent. Une bonne lecture des faits tels qu’ils ont été vécus mais, pas comme on voulait les présenter de façon biaisée.
Interview réalisée par Adam Ouologuem