Six policiers de Baltimore ont été inculpés vendredi pour la mort d'un jeune Noir, grièvement blessé lors de son transport dans un fourgon de police, une annonce qui intervient après plusieurs jours de troubles dans cette ville de l'est des États-Unis.
Cette décision de poursuivre les policiers, annoncée par la procureure locale, a été saluée par la famille de la victime et des habitants de la ville, théâtre de manifestations quotidiennes depuis la mort du jeune homme Freddie Gray et qui ont viré aux émeutes lundi dernier.
Elle a en revanche été vivement dénoncée par l'avocat du syndicat de police local.
La procureure Marilyn Mosby a annoncé des poursuites contre les six policiers, y compris pour meurtre ou homicide contre quatre d'entre eux. Ils avaient interpellé le 12 avril puis transporté dans un fourgon le jeune homme de 25 ans qui est décédé une semaine après.
«Nous remercions la procureure et son équipe pour leur courage sans précédent, et leur réponse mesurée et professionnelle à cette crise», a déclaré un avocat de la famille, William Murphy.
Dans le quartier de Baltimore le plus touché par les violences de lundi, les habitants ont accueilli sa décision avec des cris de joie et des bruits de klaxons.
«Ça fait longtemps qu'on attendait ça», a déclaré Dexter Dillard, 47 ans, au coin des rues West North et Pennsylvania, où un supermarché a été pillé et incendié lors des pires émeutes à Baltimore depuis les années 1960.
«J'ai Baltimore dans le sang», pouvait-on lire sur le tee-shirt d'un manifestant qui défilait le poing en l'air en lançant des cris de joie.
L'avocat du syndicat des policiers a lui dénoncé une décision précipitée. «Je n'ai jamais vu un tel empressement à engager des poursuites», a dénoncé Michael Davey, un ancien policier devenu avocat du syndicat de l'Ordre fraternel de la police de Baltimore, qui représente les six policiers.
«Nous sommes convaincus que ces agents seront exonérés, car ils n'ont rien fait de mal», a-t-il dit.
Sur les six policiers, qui avaient déjà été suspendus la semaine dernière, cinq sont en détention, a précisé la maire de Baltimore, Stephanie Rawlings-Blake. Selon des médias locaux, un sixième agent est également détenu.
Selon l'enquête et l'autopsie, le jeune homme est mort d'une «blessure qui lui a été fatale alors qu'il ne portait pas de ceinture dans le fourgon de police où il avait été embarqué», fourgon qui s'est arrêté à trois reprises, a précisé la procureure lors d'une conférence de presse.
Une blessure «grave»
Le jeune homme a «subi une blessure grave et potentiellement mortelle au cou venant du fait qu'il était menotté, les pieds entravés et qu'il n'était pas attaché» alors que le véhicule de police circulait.
«Quand Freddie Gray a été arrêté, il a été menotté mains dans le dos. Il a eu des difficultés à respirer et a demandé en vain des médicaments», a raconté Mme Mosby, précisant que les policiers, après l'avoir fait asseoir, avaient «trouvé un couteau dans son pantalon».
Mais, selon elle, ils «n'ont pu fournir aucune justification» à cette arrestation et de ce fait, trois policiers sont poursuivis pour l'avoir arrêté «illégalement».
L'un d'entre eux, Caesar Goodsen, âgé de 45 ans, est notamment poursuivi pour meurtre résultant d'une action dangereuse pour autrui et sans se soucier de la vie humaine.
Le gouverneur du Maryland, Larry Hogan, a affirmé «croire en la justice pénale» et a «exhorté chacun à continuer à se comporter d'une manière pacifique».
Depuis les violences de lundi, plusieurs milliers de militaires de la Garde nationale ont été déployés dans les rues de Baltimore où un couvre-feu nocturne a également été instauré depuis mardi et pour une semaine.
Le président Barack Obama a souhaité que toute la lumière soit faite sur ce décès. «Ce que les habitants de Baltimore veulent, plus que toute autre chose, c'est la vérité», a-t-il souligné.
«C'est aussi ce que tout le monde attend à travers le pays», a-t-il ajouté.
Des rassemblements ont également été organisés dans d'autres villes américaines cette semaine. Vendredi, plusieurs centaines de personnes manifestaient à New York pour réclamer la «justice pour Freddie Gray».
Le drame de Baltimore et plusieurs faits divers similaires, comme à Ferguson (centre), ont réveillé les tensions raciales latentes aux États-Unis entre la communauté noire et la police. D'autant que les policiers, dans la grande majorité des cas, ont échappé à des poursuites.
Des citoyens de Baltimore célèbrent l'annonce de poursuites contre six policiers en lien avec la mort de Freddie Gray, qualifiée d'homicide par la procureure Marilyn Mosby.
Aucune assistance médicale
La procureure a levé le voile sur les circonstances de la blessure de Freddie Gray dont la colonne vertébrale a été «sectionnée à 80 %, dans la région du cou», avait indiqué la semaine dernière un avocat de la famille de Gray.
«Quand Freddie Gray a été arrêté, il a été menotté mains dans le dos. Il a eu des difficultés à respirer et a demandé en vain des médicaments», a raconté Mme Mosby, précisant que les policiers, après l'avoir fait asseoir, ont «trouvé un couteau dans son pantalon». Mais, selon elle, ils «n'ont pu fournir aucune justification» à cette arrestation survenue le 12 avril, le port du couteau trouvé sur le jeune homme ne constituant pas une infraction criminelle. De ce fait, trois policiers sont poursuivis pour l'avoir arrêté «illégalement».
Dans le fourgon, le jeune homme n'a pas été attaché avec une ceinture de sécurité contrairement au règlement.
Après avoir circulé un certain temps, a poursuivi la procureure, le fourgon s'est arrêté et les jambes et les chevilles de Freddie Gray ont été attachées avec des liens en plastique puis les policiers «l'ont mis au sol, sur le ventre». Sans qu'il ne soit attaché.
Le jeune homme a «subi une blessure grave et potentiellement mortelle au cou venant du fait qu'il était menotté, les pieds entravés et qu'il n'était pas attaché» alors que le véhicule de police circulait.
L'un des policiers, voyant que Gray restait sans réaction, «n'a fait aucun effort pour évaluer ou déterminer son état» et «malgré la détérioration de son état médical, aucune assistance médicale» n'a été sollicitée.
Le lendemain de l'annonce de son décès, la police avait annoncé que «plusieurs» agents avaient été suspendus avec salaire. Six noms avaient été rendus publics deux jours plus tard: il s'agissait de cinq hommes et d'une femme âgés de 25 à 45 ans.
Ces six policiers vont être poursuivis pour divers chefs d'accusation, a précisé la procureure. L'un d'entre eux, Caesar Goodsen, âgé de 45 ans, est notamment poursuivi pour meurtre résultant d'une action dangereuse pour autrui et sans se soucier de la vie humaine.
Le drame de Baltimore et plusieurs faits divers similaires ont réveillé les tensions raciales latentes aux États-Unis entre la communauté noire et la police. D'autant que les policiers, dans la grande majorité des cas, ont échappé à des poursuites.
Des dizaines de manifestations, dégénérant parfois en émeutes, se sont déroulées dans le pays ces derniers mois. C'est la mort de Michael Brown, 18 ans, à Ferguson dans le Missouri en août dernier qui a mis le feu aux poudres, mais, depuis, plusieurs autres drames sont survenus. – AfricaLog avec agence