Ali Bongo, fils de feu Omar Bongo, déclare que les résultats préliminaires de l'élection présidentielle au Gabon dimanche le placent largement en tête du scrutin mais deux de ses adversaires ont également revendiqué la victoire.
La police a été déployée dans la capitale, Libreville, pour prévenir tout incident et les autorités ont appelé la population au calme dans l'attente des résultats. "Aujourd'hui, des informations fondées reçues de différentes circonscriptions au Gabon et à l'étranger me donnent largement gagnant", a déclaré Ali Bongo lors d'une conférence de presse au siège du Parti démocratique gabonais (PDG). "J'attends maintenant que les instances compétentes annoncent officiellement les résultats. D'ores et déjà , je remercie toutes celles et tous ceux - jeunes, femmes - dans les neuf provinces qui m'ont accompagné dans cette victoire en m'accordant massivement leur soutien." Les premiers résultats officiels, initialement attendus dimanche soir, pourraient ne pas être publiés avant mardi ou mercredi. Au moins deux autres candidats, Pierre Mamboundou et André Mba Obame, ont aussi revendiqué la victoire. La France s'est félicitée du "bon déroulement du scrutin du 30 août et de la bonne participation en dépit de certaines difficultés techniques". "Nous faisons confiance aux institutions dirigées par Mme (la présidente par intérim Rose Francine) Rogombe pour que le processus continue à se dérouler dans le calme jusqu'à la proclamation des résultats", a précisé le ministère français des Affaires étrangères. Ali Bongo abordait en favori le scrutin destiné à trouver un successeur à son père, décédé en juin dernier, mais il doit compter avec la concurrence d'André Mba Obame, un autre ancien allié de son père et ex-ministre de l'Intérieur, qui a fédéré une partie de l'opposition autour de lui. La télévision gabonaise a laissé entendre qu'André Mba Obame avait réalisé de bons scores dans certaines circonscriptions. "Il n'y a pas de résultats officiels mais les trois principaux candidats, Pierre Mamboundou, Ali Ben Bongo et André Mba Obame ont tous revendiqué la victoire", rapporte lundi Radio France Internationale (RFI). Pierre Mamboundou est un opposant de longue date sans liens historiques avec le PDG d'Omar Bongo. FRONTIÈRES FERMÉES JUSQUÀ JEUDI MINUIT Aucun des trois camps n'a appuyé ses revendications sur des résultats concrets mais Pierre Mamboundou a déclaré que le Gabon "tournait une page" de son histoire et André Mba Obame s'est dit "sûr" d'avoir remporté l'élection, ajoute RFI. Dans le système électoral à un tour du Gabon, le candidat qui obtient le plus de voix est déclaré vainqueur, même s'il ne réunit pas la majorité absolue. Dimanche soir, les autorités ont renouvelé leurs appels au calme. "Nous avons commencé cela dans le calme, continuons dans le calme", a déclaré la présidente par intérim, Rose Francine Rogombe, qui a demandé aux candidats d'accepter les résultats de cette élection et de ne pas envoyer leurs partisans dans la rue. Ministre de la Défense dans le gouvernement de son père, Ali Bongo a d'abord paru s'acheminer sans difficulté vers la victoire après une campagne bien financée pour laquelle il avait le soutien du PDG. Mais le désistement tardif de cinq candidats d'opposition en faveur d'André Mba Obame a modifié la donne. Des investisseurs ont minimisé les risques de troubles, mais des rumeurs d'irrégularités ont circulé et certains observateurs craignent des débordements à mesure que les résultats seront égrenés. Daniel-Franck Idiata, le chef d'une mission internationale chargée d'observer le déroulement du scrutin, a toutefois jugé que les procédures de vote semblaient avoir été généralement acceptables en dépit de l'attente parfois longue. Omar Bongo est mort en juin à Barcelone après avoir dirigé pendant plus de 41 ans le Gabon, petit pays de 1,5 million d'habitants épargné par les conflits ethniques et qui est le cinquième producteur de pétrole de l'Afrique subsaharienne. Son fils, âgé de 50 ans, a quitté le ministère de la Défense après s'être vu reprocher par l'opposition de bénéficier d'un avantage injustifié dans la campagne en restant à ce poste. Les frontières maritimes et terrestres du pays sont fermées jusqu'à jeudi minuit. Des témoins ont signalé des agents de sécurité armés aux abords de bureaux de vote de la capitale, notamment dans les quartiers connus comme des bastions de l'opposition. Le Gabon exporte du pétrole depuis les années 1960, mais la plus grande partie de sa population vit dans la pauvreté et, après des années de contrôle sans faille, la fin du règne d'Omar Bongo a été assombrie par l'ouverture d'enquêtes en France sur son énorme fortune personnelle. Les réserves pétrolières du pays diminuant peu à peu, plusieurs candidats - dont Ali Bongo - ont jugé venu le temps de diversifier l'économie gabonaise. - Reuters