Le président américain Barack Obama a quitté samedi soir le Ghana au terme de son premier séjour de président en Afrique noire et d'une tournée de six jours qui l'a conduit en Russie et en Italie. Il est arrivé dans la nuit de samedi à dimanche à Washington. Au cours de sa visite de moins de 24 heures au Ghana, M. Obama, accueilli avec une immense ferveur par la population, a appelé l'Afrique à prendre en main son propre destin et à combattre les pratiques antidémocratiques, les conflits et la maladie.
M. Obama a amplifié l'intensité de sa première visite de président à l'Afrique noire en rappelant ses origines, en parcourant l'un des hauts-lieux de la traite négrière et en ravivant le grand slogan de sa campagne électorale victorieuse, "yes, we can". Des foules colorées et exultantes de Ghanéens qui arboraient des tee-shirts à son effigie se sont pressées par milliers le long de son parcours et ont pris les toits d'assaut pour lui proclamer leur adoration avec l'espoir qu'il verrait des messages comme "Obama tu es le vrai fils de l'Afrique, on t'aime". Devant le palais présidentiel où il allait être reçu par son homologue John Atta-Mills, Ama Agyeman, une femme de 80 ans clouée dans un fauteuil roulant, expliquait: "je veux voir le premier président noir d'Amérique avant de mourir". "Je peux vous dire sans crainte d'être contredit que tous les Ghanéens veulent vous voir. J'aimerais pouvoir vous envoyer dans toutes les maisons du Ghana", lui a dit M. Atta-Mills. Face à un tel engouement, M. Obama a conjugué les messages très politiques et beaucoup plus personnels. Il a appelé les Africains à ne plus invoquer le colonialisme pour expliquer les guerres, la maladie, le sous-développement, les pratiques antidémocratiques et la corruption. "Vous pouvez vaincre la maladie, mettre fin aux conflits, changer fondamentalement les choses. Vous pouvez faire ça. Oui, vous le pouvez" ("yes, you can"), a-t-il dit, soulevant les clameurs des députés ghanéens devant lesquels il s'exprimait. "Mais cela n'est possible que si, vous tous, vous assumez la responsabilité de votre avenir. Cela ne sera pas facile (...) Mais je peux vous promettre ceci: l'Amérique sera à vos côtés, à chaque étape, en tant que partenaire, en tant qu'amie", a-t-il dit. M. Obama, fils d'un Kényan émigré aux Etats-Unis pour étudier avant de rentrer au pays, a rappelé devant le parlement que "le sang de l'Afrique" coulait dans ses veines. Il sait donc le mal que le colonialisme a fait à l'Afrique. Mais, a-t-il ajouté, "l'Occident n'est pas responsable de la destruction de l'économie zimbabwéenne au cours de la dernière décennie, ou encore des guerres où on enrôle les enfants dans les rangs des combattants", a-t-il dit. Obama, qui avait choisi le Ghana comme un des rares exemples en Afrique de transitions démocratiques et de réussites économiques, a ainsi appelé les Africains à adopter des règles de bonne gouvernance, parce que "l'Afrique n'a pas besoin d'hommes forts, elle a besoin d'institutions fortes". Il a signifié que le soutien américain au développement dépendrait de cette adhésion aux règles démocratiques. Il a insisté sur la notion de partenariat. Il a rappelé que, si son grand-père avait été appelé "boy" une grande partie de sa vie sous l'autorité britannique au Kenya, ce sont le tribalisme et le népotisme qui ont bloqué la carrière professionnelle de son père. Il a encore amplifié la charge émotionnelle de ce voyage en se rendant dans l'après-midi avec son épouse Michelle, elle-même descendante d'esclave, et leurs deux filles, au fort esclavagiste de Cape Coast, d'où des milliers d'Africains partirent vers l'Europe, l'Amérique et les Caraïbes pour un voyage sans retour. Il a vu là un lieu d'une "profonde tristesse", mais aussi le début de "l'expérience" noire américaine. Il a aussi pensé à ses deux filles Sasha et Malia, des privilégiées auxquelles cette visite devait inspirer "le sens du devoir qu'il y a à combattre l'oppression et la cruauté où qu'elles se trouvent". - AFP