Elles sont nues, si ce n'est pour un string et de la peinture sur les seins et elles posent avec vous sur la plus célèbre place de New York, en échange d'un bon pourboire.
Mais ces «artistes de rue» comme elles aiment à se présenter, leur poitrine généreuse, leurs talons hauts et un N et un Y sur les fesses, ont du mal à conquérir le coeur de la presse new-yorkaise et encore moins celui du gouverneur de l'État, Andrew Cuomo, qui veut qu'elles partent. Et vite.
«Je pense que c'est illégal, je pense que nous devons appliquer la loi et nettoyer tout ça et c'est exactement ce que nous allons faire», a-t-il promis sur la chaîne de télévision locale NY1.
«C'est une affaire sérieuse. Et cela commence à me rappeler le temps où Times Square était mal famé», a-t-il ajouté, exagérant un tantinet la comparaison historique.
Avant de devenir la place où les touristes du monde entier viennent en famille faire des égoportraits avec les gratte-ciel couverts de panneaux lumineux, Times Square était un haut lieu du trafic de drogue et de la prostitution. Deux commerces qui se faisaient au milieu de cinémas pornos, clubs de strip-tease et autres peep-shows glauques.
«Ce n'est pas bien», a renchéri le maire de la ville, Bill de Blasio et «nous allons nous y attaquer de façon très agressive».
Elles étaient jusque-là une douzaine à venir tous les jours, mais aujourd'hui, face à la levée de boucliers, seule une toute petite poignée continue à défier les autorités.
«Chacun a le droit d'avoir une opinion. S'il (le maire) veut se débarrasser de nous qu'il essaye!» lance Saira Nicole.
«On s'amuse. Nous sommes des artistes et les gens nous aiment», renchérit sa collègue Angel.
Elle ne voit pas malice dans son métier et même une pointe de revendication féministe.
«Le corps d'une femme ne devrait pas être un objet sexuel. Un enfant ne devrait pas grandir en pensant que le corps d'une femme est quelque chose de purement sexuel», avance-t-elle.
Mais Times Square Alliance - l'association qui supervise les activités du quartier - souligne que les visiteurs se plaignent, pas seulement des seins nus, mais aussi d'autres personnes déguisées en personnage de bande dessinée.
Un sondage montre que 45% des gens qui travaillent autour de Times Square ont eu ou ont été témoins d'une expérience désagréable avec ces artistes de rue qui font la manche.
Et qu'en pense l'un des piliers de la place, mondialement célèbre, le Naked Cowboy?
Qu'il pleuve ou qu'il vente, depuis 16 ans Robert Burck vient sur Times Square, en slip blanc, chapeau et bottes de cowboy assorties, la guitare en bandoulière.
Pour marquer sa différence et sa désapprobation, il a même porté un haut de bikini aux couleurs du drapeau américain.
«J'essaye de leur apprendre les bonnes manières», plaisante-t-il dans un entretien en costume et en situation.
Il souligne que contrairement aux autres artistes de rue, il attend que les gens viennent vers lui.
«Si encore vous êtes nus et que vous marchez vers quelqu'un et le prenez par le bras - encore que si vous êtes un mec et que c'est une fille avec des gros nichons je ne vois pas où est le problème -, mais elles s'en prennent à tout le monde».
«Je pense qu'ils ont franchi une ligne rouge, ils font la manche de façon très agressive», estime-t-il.
«On peut être audacieux, mais il ne faut pas trop se distinguer. Il ne faut surtout pas énerver tout le monde et devenir célèbre parce qu'on est un idiot», conseille le vétéran.
Il est tout à fait légal de se promener torse nu à New York. Le premier amendement de la Constitution des États-Unis permet de se promener dans la rue dans n'importe quel costume et on a aussi le droit de faire la manche dans la rue.
Les autorités n'ont donc guère de marge de manoeuvre si elles veulent mener leurs promesses à bien.
La seule chose interdite c'est de quémander de façon agressive.
Le Daily News, un des tabloïds de la ville qui fait campagne pour que les jeunes femmes soient interdites sur la place, propose de faire un parc de Times Square. Faire la manche y serait alors interdit. – AfricaLog avec agence