En vue de la relance des activités de la Société de télécommunications guinéennes, la Sotelgui, le gouvernement guinéen a contracté un prêt au taux concessionnel de 2% pour 17 ans, de 50 millions de dollars US près d’Eximbank de Chine sous le couvert de l’équipementier Huawei.
Ainsi, la Guinée devrait rétrocéder 10 millions de dollars à Huawei. Quant aux 40 millions, ils seront consentis au rééquipement de la Sotelgui pour pouvoir tenir la concurrence.
C’est dans l’optique donc de cette relance de la guinéenne des télécoms, que le Ministre d’Etat, Ministre en charge du secteur a annoncé ce jeudi, 23 janvier 2014, «la relance de la Sotelgui avec une société spécialisée avant fin 2014». C’était au cours des travaux de restitution des résultats de l’enquête initiée par l’Autorité de Régulation des Postes et Télécommunications (ARPT) par rapport aux prestations des différents opérateurs de téléphonie évoluant en Guinée.
Le Ministre d’Etat Oyé Guilavogui a publiquement annoncé la reprise des activités de la Sotelgui fermée depuis près de deux ans à la suite de la faillite de la société: «Nous informons le peuple de Guinée qu’avant fin 2014, la Sotelgui va être relancée pour retrouver sa position de leader de téléphonie mobile», a-t-il lancé avant d’ajouter que «Les premiers conteneurs des équipements de relance et de modernisation de la Sotelgui sont déjà arrivés au Port Autonome de Conakry, en attendant les derniers conteneurs attendus au mois de mars prochain».
Le Ministre d’Etat est revenu sur l’obtention des 50 000 USD: «La Guinée a déjà obtenu un fonds de 50.000 dollars US pour cela avec une nouvelle gérance confiée à une société spécialisée qui nécessitera un nettoyage de sa gestion et de son image». Il a précisé d’autre part que «Quand on aura fini la modernisation et l’extension, la gestion intérimaire sera confiée à une société qui va être recrutée par appel d’offres pour une durée de deux ans après la signature d’un contrat d’exploitation entre l’Etat guinéen et une société spécialisée».
Toutefois, il ressort des confidences parvenues à AfricaLog, que les commandes lancées dont a parlées le Ministre Oyé plus haut, et confiées à Huawei l’ont été sans l’établissement d’aucun cahier des charges.
Un économiste rencontré par AfricaLog mais qui a souhaité garder l’anonymat, précise que «Le cahier des charges est un document qui permet de formaliser avec précision le besoin du demandeur». Autrement dit, renchérit-il, «Le cahier des charges est le tableau de bord qui définit le projet et détaille les conditions dans lesquelles il doit être réalisé. Il décrit l’ensemble des caractéristiques attendues des fonctions de service. C’est le lien de compréhension entre l’entreprise et le client».
Une façon de dire que la garantie de fournir des équipements fiables n’est point assurée et l’absence de cahier des charges, peut amener l’équipementier «à fournir des équipements dépassés et nous placer dans les contraintes de lancer de nouvelles commandes quelques temps après».
Reconduit dans ses fonctions avec le titre de Ministre d’Etat, le Ministre des Postes, des Télécommunications et des Nouvelles Technologies de l’Information, Oyé Guilavogui, soutient que «Tout s’est passé dans la plus grande transparence. Ce, jusqu’à la signature de l’accord de prêt en passant par le contrat commercial».
Sans faire cas du cahier des charges, le Ministre annonce, tout confiant, que «Les 30% du prêt sont déjà décaissés et les premiers équipements sont même arrivés à Conakry. La sélection de la maison spécialisée qui doit venir diagnostiquer les équipements existants et qui se chargera de la gestion intérimaire pour une durée de deux ans est en cours aux Grands Projets [Administration et Contrôle des Grands Projets, ACGP; NDLR]».
En attendant, regrette-t-il, «La Sotelgui s’est retrouvée dans cette situation parce que l’Etat était le seul actionnaire. Mais l’Etat ne sera plus le seul actionnaire; les actions seront vendues aussi bien à des Guinéens qu’à des étrangers. La Sotelgui ne sera plus gérée comme avant».
Seulement qu’il y a un hiatus entre le Chef du Département et les techniciens. Les deux camps ne paraissent point en harmonie de points de vue.
En effet, le Ministre s’interroge sur l’application d’un plan social par rapport aux 1600 travailleurs de la Sotelgui. Sans compter la situation de la quarantaine de décédés ou de familles disloquées.
Pour les techniciens, «C’est un autre scandale en cours de préparation avec la commande d’équipements sans une base technique, c’est-à -dire, sans cahier des charges».
Les techniciens s’interrogent surtout sur la passivité du Comité de gestion de la Sotelgui que dirige le Directeur général de l’ARPT, Moustapha Mamy Diaby. Gestion intérimaire de deux (2) années au terme de laquelle, soutient le Ministre d’Etat, «L’Etat guinéen ouvrira le capital de la Sotelgui avec la vente des actions aux privés guinéens et étrangers».
Les quelques travailleurs de la Sotelgui qu’AfricaLog a rencontrés disent que «C’est la mort dans l’âme que nous avons suivi le décret de reconduction du Ministre Oyé dans le Gouvernement. Nous avons déjà perdu 36 de nos collègues. Ils sont tous décédés. Des familles ont été disloquées et nos enfants ont été renvoyés des écoles privées».
AfricaLog.com