Le parti de Blaise Compaoré a rempli samedi le plus grand stade de Ouagadougou, trois semaines après l'opposition, marquant un soutien massif à un éventuel référendum permettant au chef de l'Etat d'être candidat à la présidentielle de 2015 au Burkina Faso.
Le stade du 4 août, d'une capacité de 35.000 places, affichait déjà complet à 15H00 locale et GMT, une heure avant le début du meeting du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), la formation du président Compaoré.
Dans les tribunes, de multiples banderoles affichaient un soutien inconditionnel au chef de l'Etat - Tous avec Blaise Compaoré pour la paix et le progrès au delà de 2015 - ou à la consultation populaire dont il a évoqué en décembre la tenue: Non aux arguments fallacieux contre le référendum ou encore Nous revendiquons notre droit au référendum.
En jeu, la modification de l'article 37 de la Constitution, qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels et empêche pour l'instant Blaise Compaoré d'être candidat à l'élection de novembre 2015.
L'opposition crie au coup d'Etat constitutionnel du président burkinabè, arrivé au pouvoir en 1987 par un putsch, qui termine son deuxième quinquennat après avoir effectué deux septennats.
Vouloir le référendum est un droit. La loi l'autorise, mais certains sont contre, alors que c'est la seule façon pacifique qu'il y a pour départager les deux bords, a réagi Yves Yameogo, un militant venue de Pabré (centre).
Des délégations en provenance de plusieurs provinces du Burkina Faso et de pays voisins (Mali, Côte d'Ivoire et Niger) étaient présentes samedi à Ouagadougou, a constaté l'AFP.
Nous aussi, nous pouvons mobiliser. La preuve est que le stade est plein et il y a toujours du monde dehors. Le référendum aura lieu, advienne que pourra, a lancé M. Yameogo.
Ce meeting est une opportunité pour le CDP de démontrer sa grande capacité de mobilisation des militants, en vue d'accompagner le président du Faso, a commenté Ollo Anicet Pooda, secrétaire à l'organisation du CDP, qui a rejeté toute dynamique de chiffre ou de réplique à quoi que ce soit.
Le 31 mai, l'opposition, fortement mobilisée contre le référendum, avait réussi son pari de remplir le stade du 4 août, dans ce qui s'était apparenté à une démonstration de force.
Remplir le stade du 4 aout n'était pas un défi. Nous en avons l'habitude, c'est la énième fois que le CDP (le) remplit, a observé Assimi Kouanda, le secrétaire exécutif du CDP, pour qui la mobilisation de samedi, qui se retrouve dans d'autres villes du pays, donne l'assurance que le référendum sera organisé et que la victoire du +oui+ est certaine.
Juridiquement nos textes autorisent la modification de l'article 37 et la convocation d'un référendum, a analysé Assimi Kouanda, ajoutant qu'il n'y avait donc pas lieu de tergiverser.
Ceux qui ont peur du référendum ont simplement peur de la sanction du peuple, a-t-il affirmé, voyant un boulevard pour la réélection du président Compaoré.
L'opposition au référendum est surtout jeune et urbaine, dans un Burkina Faso où 60% de la population a certes moins de 25 ans, mais où la majorité vit à la campagne.
Le CDP dispose en outre d'un redoutable appareil politique à même de lui faciliter la victoire.
Lors des élections législatives de 2012, le parti du président Compaoré avait recueilli 55% des voix, puis 66% des sièges aux municipales de 2013. Sur les 367 communes urbaines et rurales du pays, l'opposition en dirige moins d'une cinquantaine. – AfricaLog avec agence