Le chef de l'État mauritanien sortant Mohamed Ould Abdel Aziz a obtenu plus de 80% des voix à l'élection présidentielle, s'assurant une large victoire au premier tour, selon des résultats officiels provisoires publiés dimanche.
M. Abdel Aziz, 57 ans, était en lice face à quatre autres candidats, dont une femme, pour ce scrutin organisé samedi.
Selon les résultats publiés par la Commission électorale nationale indépendante (Céni), il a obtenu 81,89% des voix, loin devant le candidat classé deuxième, le militant anti-esclavagiste Biram Ould Dah Ould Abeid, crédité de 8,67% des suffrages.
Boidiel Ould Houmeid, candidat du parti El-Wiam, une formation de l'opposition dite «modérée», s'octroie la troisième place avec 4,50% des voix, suivi d'Ibrahima Moctar Sarr, représentant la communauté négro-mauritanienne (4,44%).
L'unique femme de la liste est dernière au classement avec 0,49%.
Les candidats ont 48 heures pour faire des réclamations auprès du Conseil constitutionnel, qui proclamera les résultats définitifs.
Le taux de participation a été de 56,46%, en baisse par rapport à la précédente présidentielle (en 2009) où il avait atteint 64%.
Les résultats de la Céni confirment les tendances recueillies après le scrutin, que les principaux opposants du président Abdel Aziz rassemblés au sein du Forum national pour la démocratie et l'unité (FNDU, opposition dite «radicale») avaient appelé à boycotter, estimant qu'il a été organisé de manière «unilatérale» par un «pouvoir dictatorial».
Dès samedi soir, avant même la fermeture des bureaux de vote et sans fournir de chiffres, le président du FNDU, Cheikh Sidi Ahmed Ould Babamine, avait estimé que l'appel au boycottage avait été «un succès total» et parlé de Nouakchott comme d'une ville «quasiment morte» pendant l'élection.
En visitant plusieurs centres de vote, les journalistes n'avaient pas constaté d'immenses files d'attente, mais plutôt un flot régulier d'électeurs.
Après avoir voté dans la capitale, le président Abdel Aziz avait affirmé qu'il ne craignait pas un fort taux d'abstention «au vu de l'engagement des Mauritaniens, de ceux qui ont manifesté leur intérêt pour les meetings» qu'il a tenus pendant la campagne.
La présidentielle a été surveillée par 700 observateurs, dont 200 venus de l'étranger. Ceux de l'Union africaine (UA) étaient dirigés par l'ancien Premier ministre tunisien, Béji Caïd Essebsi.
Au cours d'un point de presse dimanche soir à Nouakchott, M. Essebsi s'est déclaré satisfait du déroulement du scrutin, sur la foi des observations d'un groupe de 46 personnes ayant sillonné les différentes régions du pays.
«Globalement, cette élection s'est déroulée dans la paix et dans un esprit de tolérance politique. (...) Je salue le sens du civisme des Mauritaniens», a-t-il déclaré.
Il a rappelé que le scrutin avait eu lieu en l'absence d'une partie de la classe politique, faisant allusion à l'appel du FNDU au boycottage.
La mission d'observation de l'UA a à cet égard «engagé le gouvernement et les partis politiques à poursuivre la concertation politique au-delà de cette élection» et demandé aux partis de poursuivre le dialogue pour «contribuer à toute amélioration qui serait utile au dispositif électoral» du pays.
Mohamed Ould Abdel Aziz, un ancien général qui avait pris le pouvoir à la faveur d'un putsch en 2008, avait été élu en 2009 pour cinq dans des conditions déjà contestées par l'opposition.
La plupart des électeurs interrogés avaient généralement souligné que pendant son premier mandat, Mohamed Ould Abdel Aziz avait débarrassé la Mauritanie des groupes islamistes armés qui y ont sévi jusqu'en 2010.
Ce vaste pays désertique de 3,8 millions d'habitants bordant l'océan Atlantique, riche en minerai de fer, aux eaux poissonneuses et qui exploite du pétrole depuis 2006, a enregistré en 2013 un taux de croissance de 6%.
Outre l'éradication d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), le président Abdel Aziz se targue d'avoir fait reculer le taux d'inflation à moins de 5% et d'avoir mené une politique d'aide aux plus pauvres. – AfricaLog avec agence