L'ex-chef de l'État cubain Fidel Castro a pris la plume lundi pour répondre aux «paroles sirupeuses» du président américain Barack Obama, qui avait appelé à des changements dans le pays communiste lors de sa visite historique la semaine dernière à La Havane.
Dans cette longue lettre portant le titre «Le frère Obama», l'ex-président cubain, retiré du pouvoir depuis 2006, ironise sur le discours prononcé par M. Obama le 22 mars, au dernier jour de sa visite à La Havane, la première d'un président américain depuis 88 ans.
«On était censés courir le risque d'un infarctus en écoutant ces paroles du président américain», poursuit dans la même veine sarcastique l'ex-Lider Maximo, 89 ans, dans ce texte publié par plusieurs médias cubains.
Mais «que personne ne se fasse d'illusions sur le fait que le peuple de ce pays noble et désintéressé renoncera à la gloire et aux droits, à la richesse spirituelle acquise par le développement de l'éducation, la science et la culture», a écrit l'ex-président lundi, comme pour annoncer que les changements désirés par le président américain ne seront pas pour demain.
Dans la foulée du rapprochement spectaculaire entamé fin 2014 entre les deux pays, le président américain a effectué une visite historique du 20 au 22 mars à La Havane, où il a appelé dans un discours «à enterrer le dernier vestige de la Guerre froide».
Mais le président américain s'était également lancé, sous les yeux de son homologue Raul Castro et devant les caméras de la télévision cubaine, dans un plaidoyer en faveur des libertés publiques et la démocratie sur l'île, tout en se défendant de vouloir «imposer des changements à Cuba».
«Nous sommes capables de produire des aliments et les richesses matérielles dont nous avons besoin grâce aux efforts et à l'intelligence de notre peuple. Nous n'avons pas besoin que l'empire nous fasse cadeau de quoi que ce soit», a répondu le père de la révolution cubaine.
«Qu'il réfléchisse!»
Au lendemain de ce discours, plusieurs médias d'État s'en étaient pris à Barack Obama, soutenant que ses qualités d'orateur ne devaient pas faire oublier les nombreuses différences de vues entre les deux pays.
«Le président américain est un bon communiquant (...) Il semble improviser mais il a face à lui un téléprompteur que le public ne voit pas. Sa logique discursive laisse des espaces qui éludent, minimisent ou manipulent les faits», avait notamment écrit un des éditorialistes du quotidien officiel Granma.
Après avoir énuméré une liste de contentieux passés et persistants entre les deux pays, Fidel Castro a aussi regretté que M. Obama n'ait pas évoqué dans son discours l'extermination des peuples autochtones à Cuba et aux États-Unis, et qu'il n'eût pas reconnu les réussites de l'île en matière d'éducation et de santé.
«Ma modeste suggestion est qu'il réfléchisse et qu'il n'essaie pas d'élaborer des théories sur la politique cubaine», a encore admonesté Fidel Castro, rappelant la jeunesse de Barack Obama, né en 1961, année de la rupture totale entre La Havane et Washington sur fond de Guerre froide.
Fidel Castro, qui aura 90 ans le 13 août, ne s'est jamais ouvertement opposé au rapprochement avec l'ancien ennemi conduit par son frère Raul, mais après l'annonce du rapprochement fin 2014, il avait attendu un mois et demi pour approuver mollement cette initiative, tout en réaffirmant sa méfiance à l'égard des États-Unis.
Selon la Maison Blanche, il n'a jamais été question d'une rencontre entre Fidel Castro et Barack Obama lors de la préparation de sa visite historique, même si le président américain s'était déclaré prêt à le rencontrer lors d'un entretien accordé à la chaine ABC.
L'ex-leader cubain n'est plus apparu en public depuis juillet 2015, mais les médias officiels publient régulièrement des photos de lui recevant à son domicile personnalités et chefs d'État amis. – AfricaLog avec agence