La mort en février dernier du journaliste franco-congolais Bruno Jacquet Ossébi, qui voulait s'associer à une plainte visant des biens détenus en France par le président de son pays Denis Sassou Nguesso, est jugée suspecte par Reporters sans frontières (RSF)
L'organisation basée à Paris et son partenaire au Congo-Brazzaville, Journaliste en danger, ont publié un rapport sur cette affaire dans lequel ils assurent avoir obtenu des documents inédits lors d'une mission effectuée sur place en mai. Les deux organisations invitent le gouvernement français à ouvrir une instruction judiciaire en France. Le journaliste est mort dans la nuit du 1er au 2 février à l'hôpital militaire de Brazzaville où il avait été admis douze jours plus tôt, après un incendie survenu à son domicile, dans lequel ont péri sa compagne et les deux enfants de celle-ci. Trois jours avant l'incendie, ce journaliste qui collaborait au site d'opposition Mwinda, avait publié un article faisant état d'un projet d'avance de 100 millions d'euros par une banque française contre un gage en pétrole à la Société Nationale de Pétrole du Congo, dirigée par un fils de Denis Sassou Nguesso, un montage présenté comme illégal. RSF dit dans son rapport qu'il n'y a pas eu d'autopsie ou d'enquête sérieuse. Sa mort est selon l'organisation inexpliquée. L'acte de décès que l'organisation publie dans le rapport mentionne un arrêt cardio-respiratoire mais pas les brûlures dont souffrait le journaliste. Selon RSF, Bruno Jacquet Ossébi projetait de s'associer à la procédure conduite en France sur les biens détenus en France par les présidents de trois pays africains producteurs de pétrole, dont Denis Sassou Nguesso. En mai, une juge a ordonné d'instruire la plainte déposée en décembre par l'ONG anticorruption Transparency International contre les présidents du Congo, du Gabon et de Guinée équatoriale pour "recel de détournement de fonds publics". Le parquet a fait appel et la décision est suspendue. La cour d'appel de Paris tranchera à la rentrée. Recensés par la police, les 24 propriétés et 112 comptes bancaires de la famille Sassou Nguesso risquent en théorie d'être saisis, même si cette perspective est hypothétique. Me William Bourdon, avocat des plaignants en France, a expliqué à Reuters en avril que deux Congolais avaient renoncé à s'associer à la plainte en disant avoir été menacés. Un autre plaignant gabonais, Grégory Gbwa Mintsa, a été emprisonné dans son pays pendant douze jours en janvier. RSF ajoute dans son rapport que le jour de l'incendie chez Bruno Jacquet Ossébi, un autre incendie s'est déclaré en France, à Saint-Ay, près d'Orléans, au domicile du Franco-Congolais Benjamin Toungamani, un autre opposant congolais. - Reuters