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Ebola: la gestion des malades crée la discorde à Macenta

Apr 04, 2014
Ebola: la gestion des malades crée la discorde à Macenta

Parmi les consignes de la barrière sanitaire, il y a le fait qu’il est demandé aux populations de rompre d’avec les rumeurs. C’est ce qui vient de se produire dans la préfecture de Macenta où des citoyens qui font semblant de ne plus croire en l’existence de la fièvre hémorragique liée au virus d’Ebola ont levé le ton ce vendredi 04 avril 2014 en passant outre les consignes de sécurité conseillées par les spécialistes.

L’information de la protestation sera confirmée à la presse par le porte-parole de MSF, Sam Taylor «Une de nos équipes vient de nous informer que notre ONG a eu un incident avec la communauté locale de Macenta mais on essaye de comprendre pourquoi cela s’est déroulé afin de continuer notre travail dans cette zone».

Avec des cris de cœur: «Ebola c’est faux, Ebola c’est faux», des jeunes se sont ainsi mis à manifester à travers les rues de la ville de Macenta. La raison, selon un contact joint par AfricaLog, ils n’entendent plus respecter une recommandation de sécurité de Médecins Sans Frontières (MSF) qu’ils accusent désormais d’être «à la base de cette sale maladie pour nous tuer et faire avancer leurs recherches». Grave accusation!

Les manifestants ont poussé l’impertinence jusqu’à demander le départ de l’équipe de MSF de leur préfecture dont ils douteraient des prestations. Selon eux, les cas de décès enregistrés sont plutôt liés à «l’effet des gaz qu’ils pulvérisent et non à l’action du virus maudit d’Ebola».

Heureusement que les forces de l’ordre sont entrées en action pour disperser la foule de manifestants qui prenaient la direction de l’hôpital préfectoral. Avec quel dessein?

Pour revenir au cas qui aurait déclenché le courroux des macentakas (habitants de Macenta), ce vendredi, l’interlocuteur d’AfricaLog rapporte que tout serait parti «de l’intervention d’une équipe de MSF (Médecins Sans Frontières) dans une famille où un cas de décès suspect a été signalé. Du coup, un incident a éclaté entre cette équipe et des éléments de ladite famille pour refus d’obtempérer».

En effet, comme en pareil cas, au terme de la séance de désinfection des lieux, les Médecins demandent aux membres de la famille qui ont eu le contact avec le suspect d’être transportés vers des unités d’isolement. Mais, ils ont opposé cette fois, un refus catégorique de s’y rendre pour la raison sécuritaire qui y est observée: «Les populations considèrent cet isolement inhumain car, on pulvérise les gens, on les emballe dans des sacs et on a l’impression de ne plus être des humains, c’est inacceptable», relève l’interlocuteur qui conclut que «c’est la cause du clash de ce vendredi».

Aux dernières nouvelles, le calme serait revenu à Macenta et l'équipe médicale aurait été évacuée sur la ville Nzérékoré pour sa sécurité.

En attendant, Un nouveau cas suspect, décédé, à Conakry, en lien avec une personne malade venue de l’intérieur du pays. Il n’y a donc pas, à ce jour, de nouveau foyer spécifique dans la capitale guinéenne. 1 nouveau cas suspect, décédé, et 1 cas suspect à l’intérieur du pays: Guéckédou (1 cas suspect, décédé), Macenta (1 cas suspect).

Bilan global : 137 cas suspects, 86 décès, répartis comme suit : Guéckédou (81 cas, 59 décès), Macenta (27 cas, 14 décès), Kissidougou (9 cas, 5 décès), Dabola (3 cas, 2 décès), Dinguiraye (1 cas, 1 décès), Conakry (16 cas, 5 décès).

Et le foyer principal de l’épidémie reste concentré dans trois préfectures de la Guinée forestière : à Guéckédou principalement, Macenta et Kissidougou.

Actualité oblige, Sylvain Baize, Directeur du Centre national de référence des fièvres hémorragiques virales à l’Institut Pasteur de Lyon parle de l’état des recherches à ce jour: «Il y a une recherche très active menée depuis très longtemps sur la recherche de thérapeutiques ou de vaccins. Il y a des "candidats-vaccins" très prometteurs qui sont à l’étude. Il y a des traitements qui sont à l’étude. Mais pour l’instant, il n’y a rien de commercialisé, rien d’utilisable chez l’homme a priori. Donc, pour l’instant on est démuni.

Le seul moyen pour contrecarrer les épidémies, c’est d’isoler les patients, de recenser les contacts, pour prévenir les gens qu’il leur faut éviter de propager la maladie s’ils tombaient malades. Et puis, évidemment, il faut protéger les personnels soignants pour que des soins puissent être apportés aux malades, dans la mesure du possible, sans contaminer le personnel. C’est le seul moyen à disposition».

Il conseille la démarche qui s’impose en attendant de trouver le remède miracle: «Le message est : si l’on a été en contact ou que l’on revient de cette zone épidémique - de la zone initiale de l’épidémie -, et que l’on a des symptômes, qu’on a de la fièvre, qu’on est malade, il faut tout de suite consulter. Il faut tout de suite dire d’où on revient. Il faut évidemment éviter de toucher des gens malades, autour de soi, si ces personnes reviennent des zones d’épidémie. Il faut éviter les contacts avec des gens qui seraient susceptibles d’être infectés par le virus Ebola».

AfricaLog.com