Fièvre Ebola: Alpha Condé insatisfait de MSF
Le plus bel hommage rendu au gouvernement pour la gestion qu’il a faite de l’épidémie de la fièvre hémorragique Ebola est sans conteste celui de l’opposant Dr Fodé Oussou Fofana, par ailleurs, Vice-président de l’UFDG de Cellou Dalein Diallo.
Cet hommage a été rendu par le député à l’occasion de la conférence de presse organisée par le gouvernement le jour de la célébration de la Journée Internationale de la Liberté de la Presse, le 3 mai 2014. Le cadre choisi était la Maison de la presse.
Fodé Oussou Fofana avait alors déclaré: «Monsieur le porte-parole du gouvernement, nous tenons à vous remercier parce qu’il est souhaitable que ça [l’épidémie de ladite fièvre; NDLR] s’arrête», avant d’ajouter: «Je pense que le gouvernement fait beaucoup d’effort pour contrôler l’épidémie».
Justement, le Président de la République ne semble pas satisfait de la gestion de l’épidémie de la fièvre hémorragique Ebola qui sévit en Guinée depuis janvier dernier par un des partenaires de la "team gouvernementale", en l’occurrence, l’ONG internationale "Médecins Sans Frontières" (MSF).
La sortie du Chef de l’Etat a eu lieu au siège du parti présidentiel, le RPG Arc-en-ciel, le samedi 10 mai 2014.
Alpha Condé estime que l’«On a fait tout un mythe autour de cette maladie, mais le palu tue mille fois plus de personnes qu’Ebola ainsi que la méningite». Pour cela, il conseille, «Il faut que nous battions des campagnes à Gueckédou [épicentre de la maladie avec Macenta ; NDLR] pour qu’ils [les habitants ; NDLR] sachent que les médecins ne sont pas contre eux. Ils ont été intoxiqués par certaines personnes qui ont dit que les médecins sont venus pour les tuer». Le Président faisait allusion à la récente révolte des populations de Macenta contre des agents de MSF au point d’amener l’ONG à suspendre ses activités dans la localité. Mais, «plusieurs jours de négociations avec les autorités locales et régionales, les leaders de la jeunesse et des anciens du village» qui ont suivi ces incidents et «ont terminé avec succès». Et MSF a repris du service: «En effet, MSF doit pouvoir concentrer son action sur l’identification et la prise en charge des patients, ainsi que sur le suivi des personnes qui ont été en contact avec les malades», avait annoncé le Chef de mission de MSF en Guinée, Corinne Benazech.
Toutefois, au fur et à mesure de la "remontée de certaines informations", l’appréciation des autorités a changé vis-à -vis de cette ONG, pourtant de renommée internationale. La première démarche sera d’abord la définition d’une nouvelle nomenclature par rapport au nombre de cas réels de personnes atteintes de la fièvre Ebola: «Suite à l’examen des dossiers des cas suspects d’Ebola, enregistrés en Guinée du mois de janvier à avril 2014, par les experts scientifiques nationaux et internationaux (CDC Atlanta, OMS) du Comité de Crise Sanitaire National, il a été établi une nouvelle nomenclature de présentation basée sur la confirmation des cas par les tests biologiques. En effet, les analyses biologiques pouvant désormais être réalisées rapidement, les bilans ne prennent plus en compte que les cas confirmés», avait fait savoir la Commission interministérielle de Riposte à l'épidémie de la Fièvre Ebola ainsi mise en place.
La phase de la contestation se fera par la suite au plus haut niveau de l’Etat. Et la voix la plus autorisée se voudra être celle du Président Alpha Condé. C’était, comme écrit plus haut, le samedi, 10 mai au siège du RPG Arc-en-ciel: «Les "Médecins Sans Frontières" ne nous ont pas aidés, ils ont fait des communications pour qu’ils aient assez d’argent. Nous avons eu beaucoup de partenaires qui nous ont aidés».
Dans la salle tous les yeux ont aussitôt commencé à se croiser ; tant la "crudité" des propos a surpris. Et le Chef de l’Etat d’annoncer: «J’ai écrit à François Hollande pour que l’institut Pasteur retourne en Guinée». L’orateur d’en donner la raison: «Avant, on avait un institut Pasteur à Kindia. Dès qu’un problème de maladie se présentait, on envoyait les prélèvements à l’institut Pasteur pour des analyses».
Et le Président de la République de remonter l’origine de celle qui était qualifiée de "maladie mystérieuse": «Je précise que la fièvre Ebola a commencé en janvier [2014 ; NDLR] en Guinée. C’est quelqu’un qui l’a eu [patient ; NDLR] à Guéckédou. Le docteur [le médecin ; NDLR] qui l’a soigné est tombé malade. Il a été [s’est rendu] à Macenta pour se faire consulter par son homologue qui est aussi tombé malade et ils sont tous décédés. C’est ça qui a fait qu’Ebola s’est répandu. Si on avait su tôt, il n’irait pas loin. Il se serait arrêté à trois ou quatre personnes».
Le Président Alpha d’établir, à date, le bilan macabre suivant sur le continent: «Depuis qu’Ebola a commencé en Afrique, il n’y a eu que 1700 morts». Le minimise-t-il, ainsi?
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