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France : la classe politique divisée sur le voile intégral

Mar 31, 2010

La classe politique française a affiché mercredi ses divisions sur le dossier sensible d'une éventuelle loi pour interdire le port du voile intégral, après la remise d'un avis très réservé du Conseil d'Etat.
L'instance juridique consultative souligne dans un rapport rendu public mardi que le port de la burqa, du niqab ou de tout voile intégral religieux ne peut être totalement interdit sous peine de porter atteinte à plusieurs principes fondamentaux et donc encourir une censure au plan français et européen.

Le président UMP de l'Assemblée Bernard Accoyer a réaffirmé sa volonté de légiférer mais en soulignant qu'il fallait éviter tout risque juridique et n'a pas souhaité fixer de date pour l'examen de ce texte, estimant qu'il y avait d'autres priorités.

"Il y a des priorités plus pressantes, qui sont celles de l'emploi et du pouvoir d'achat", a-t-il dit sur LCI.
"(La loi) doit être applicable et ne doit pas être annulée par le Conseil constitutionnel ou la Cour européenne des droits de l'homme", a-t-il ajouté.

Le ministre de l'Immigration et de l'identité nationale, Eric Besson, a en revanche réaffirmé sur Europe 1 qu'il voulait une interdiction totale sur tout le territoire et a suggéré au gouvernement de passer outre à l'avis du Conseil d'Etat.
"Le Parlement et le gouvernement peuvent décider d'aller plus loin s'ils pensent que c'est majeur", a-t-il dit.

PAS DE TROUBLE À L'ORDRE PUBLIC

Le premier secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, s'est dite opposée à une loi. La question n'est pas prioritaire, a-t-elle jugé sur France 2, se rangeant à l'avis du Conseil d'Etat qui propose une réglementation prohibant les visages masqués dans les services publics, et non spécifiquement le voile.
"Il faut travailler sur les vrais sujets qui intéressent les Français", a-t-elle souligné.

"Prenons tous les moyens juridiques pour empêcher la burqa, mais faisons attention qu'il n'y ait pas une loi stigmatisante qui ne porte que sur les signes religieux et risque d'avoir les effets contraires."
Marine Le Pen, vice-présidente du Front national, s'est pour sa part prononcée pour une interdiction totale et a estimé que le dossier serait un test pour l'Elysée.

Dans un communiqué, elle "demande aux pouvoirs publics une application complète de l'interdiction dans l'espace public de cet épouvantable vêtement". Elle réclame en outre le retrait des titres de séjour des étrangers qui le portent.

"Cette affaire sera un bon moyen de juger de la volonté de l'Etat Sarkozy de défendre la laïcité et de résister concrètement à l'offensive communautariste dont notre système de valeurs fondamentales est l'objet", poursuit-elle.

Selon le ministère de l'Intérieur, il y aurait actuellement en France 1.900 femmes voilées intégralement. Des rapports de police publiés l'an dernier parlent de quelques centaines.
Le Conseil d'Etat estime que le voile intégral n'est associé à aucun trouble à l'ordre public spécifique et par conséquent, qu'il n'existe pas de fondement juridique à son interdiction. - Reuters