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François Hollande désavoué

Mar 30, 2014
François Hollande désavoué

Les socialistes au pouvoir en France ont subi une défaite cinglante dimanche aux municipales sur fond de forte abstention, le camp du président François Hollande enregistrant la perte de nombreuses villes, tandis que l'extrême droite revendiquait le «meilleur score de son histoire».

Le scénario d'un remaniement rapide du gouvernement, qui comptait sur une vaste mobilisation des électeurs socialistes pour limiter les pertes enregistrées lors du premier tour le 23 mars, était donné comme le plus probable à l'issue de ce vote sanction. La reconduction du premier ministre Jean-Marc Ayrault semblait en tout cas difficile.

Seule réelle satisfaction pour la gauche, Paris lui est restée fidèle grâce à la nette victoire d'Anne Hidalgo, qui sera ainsi la première femme à diriger la capitale française.

Le premier parti de l'opposition de droite, l'UMP, a revendiqué une «grande victoire» et son président Jean-François Copé a appelé François Hollande à «absolument changer de politique».

Son parti a éjecté les maires socialistes dans des grandes villes hautement symboliques, comme Toulouse (sud-ouest) ou Limoges (centre), qui était à gauche depuis un siècle.
Le Front national de Marine Le Pen, qui présentait des listes dans 328 communes, «réalise le meilleur score de toute son histoire» pour des municipales, a affirmé son numéro 2 Florian Philippot.

Le FN a remporté dimanche au moins six villes moyennes, dont Béziers (sud-ouest) et Fréjus (sud), qui s'ajoutent à Hénin-Beaumont (Nord) remportée dès la semaine dernière.
Ces résultats sont «indéniablement mauvais pour la gauche», a admis la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem. «Il nous faut renouer le dialogue avec les Français», a-t-elle ajouté.

Comme il y a une semaine, l'abstention a été massive, à environ 38%.

Le sursaut espéré n'ayant pas eu lieu, le Parti socialiste a perdu de nombreux bastions. À Pau (sud-ouest), le centriste François Bayrou, ex-candidat à la présidentielle en 2007 et qui avait perdu tous ses mandats électifs depuis, l'a emporté sur la gauche avec plus de 60% des voix.

En revanche, les socialistes ont évité l'humiliation en gardant Paris: Anne Hidalgo, 54 ans, a largement battu l'ancienne ministre UMP Nathalie Kosciusko-Morizet.

S'il remporte de nouvelles villes, le Front national a néanmoins échoué à conquérir Perpignan (sud) et la capitale mondiale du théâtre, Avignon (sud-est), qui revient aux socialistes. Le patron du festival international de théâtre qui se tient chaque année dans cette ville avait menacé de le délocaliser si l'extrême droite l'emportait.

À Béziers (71 000 habitants), la victoire de l'ancien président de Reporters sans frontières Robert Ménard, obtenue grâce au soutien du FN, incarne la stratégie suivie depuis quelques années par Marine Le Pen pour dédiaboliser sa formation.

La nette victoire de l'opposition de droite et l'ancrage de l'extrême droite, révélatrices d'une exaspération sociale, devraient faire réagir l'exécutif rapidement.

Un remaniement gouvernemental en début de semaine permettrait peut-être à François Hollande d'éviter un règlement de comptes dans la famille socialiste, où les débats sont vifs sur la ligne suivie par l'exécutif.

Deux ans après l'arrivée au pouvoir de M. Hollande, le Parti socialiste a payé l'impopularité de l'exécutif et son échec à faire reculer le chômage qui a battu un nouveau record en février avec 3,34 millions de demandeurs d'emploi.

Depuis une semaine, Jean-Marc Ayrault est désigné comme le bouc émissaire de l'échec des municipales, alors que le nom du populaire et ambitieux ministre de l'Intérieur Manuel Valls est le plus cité pour prendre la tête d'une équipe resserrée, devant celui du chef de la diplomatie Laurent Fabius.

Mais s'il rassure une majorité des Français pour sa posture de fermeté face à la délinquance et à l'immigration clandestine, Manuel Valls, 51 ans, hérisse une partie de la gauche qui ne lui pardonne pas des décisions et des déclarations virulentes contre la communauté des Roms.

Les écologistes, qui comptent deux ministres (Logement et Développement), ont en partie bénéficié du désaveu infligé par les électeurs au principal parti au pouvoir. Ils ont notamment pris la ville de Grenoble (sud-est) à leur allié au gouvernement. – AfricaLog avec agence