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Gabon: climat pesant malgré le calme apparent

Sep 15, 2009

Si le calme règne au Gabon après les violences post-électorales, la tension persiste avec une opposition déterminée à contester "jusqu'au bout" le scrutin présidentiel, des mouvements dans l'armée ou des accusations contre Malabo pouvant déstabiliser la région.

"L'atmosphère est pesante à tous les niveaux", affirme-t-on dans l'opposition, après les émeutes du 3 au 6 septembre à Port-Gentil, la capitale pétrolière du pays, qui ont fait entre trois et 15 morts, selon les sources.

"Le climat est délétère", reconnait un proche du pouvoir.

Au plan politique, le collectif de candidats refusant l'élection d'Ali Bongo Ondimba, qu'ils accusent de fraude, a opté pour une stratégie de "harcèlement", estime cette source.

Des candidats vont introduire des recours - un seul a été déposé - la veille de la date limite, fixée à samedi. Objectif: retarder le plus possible l'investiture du fils du président décédé en juin, pour rallonger la période de flou autour du pouvoir.

La tension est d'autant plus palpable autour des candidats et opposants qu'ils sont interdits de quitter le territoire jusqu'à la fin de l'enquête sur les émeutes. Selon le ministère de l'Intérieur, certains auraient "mis le feu à Port-Gentil" en "appelant à l'insurrection".

Cette mesure "porte gravement atteinte aux libertés", a dénoncé l'Union du Peupe Gabonais, le parti de Pierre Mamboundou, arrivé 3e et qui clame victoire.

Les opposants disent craindre pour leur vie. André Mba Obame, arrivé 2e et qui dit aussi avoir gagné, et M. Mamboundou ont trouvé "refuge" dans des "endroits sûrs".

Deux personnes de l'entourage du premier ont été arrêtées et des partisans du second ont subi des interrogatoires musclés de la police.

A Port-Gentil, des habitants ont affirmé avoir été victimes de passage à tabac et d'agressions de la part des forces de l'ordre. Le gouvernement attend "des preuves".

"En quelques jours, on a connu une régression", commente André Mba Obame, pour qui "le bilan des violences politiques, la dizaine de morts dont on parle à Port-Gentil, c'est plus qu'en 42 ans sous le régime du président (Omar) Bongo".

Parralèlement, de sources militaire et proche des familles jointes par l'AFP, au moins deux officiers de la Garde républicaine ont été arrêtés pour "tentative réelle ou non de coup d'Etat". Le ministère de la Défense n'a pas confirmé.

Enfin, ajoutant à la tension, les télévisions, notamment publiques, ont diffusé ces derniers jours une vidéo d'un journaliste vedette ayant travaillé pour la chaîne de télévision de M. Mba Obame.

S'affirmant en "semi clandestinité", Francis Sala Ngouah Beaud, y accuse la Guinée équatoriale, à travers M. Mba Obame, d'avoir "encouragé une espèce de déstabilisation" du Gabon, notamment en y envoyant "des mercenaires".

"Méthodes staliniennes", a dénoncé M. Mba Obame: "On monte de grosses accusations (...) pour liquider politiquement quelqu'un avant de le faire physiquement".

Le porte-parole du gouvernement équato-guinéen Jeronimo Osa Osa Ekoro a "formellement démenti toute tentative de déstabilisation" du Gabon. Presque un casus belli entre les deux pays alors que les relations sont déja tendues en raison du différend territorial sur l'îlot Mabnié, au sous-sol potentiellement riche en pétrole.

Selon un universitaire proche du pouvoir, il y a des "preuves" de la collusion entre M. Mba Obame et la Guinée, seul pays de la sous-région qu'Ali Bongo n'a pas visité lors d'une tournée après son élection.

"C'est un faux calme. Tout est possible", conclut M. Mba Obame. "Tout le monde s'agite mais tout va rentrer dans l'ordre", estime en revanche l'universitaire.- AFP