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George Weah président-élu du Liberia

Dec 30, 2017
George Weah président-élu du Liberia

Assoiffés de changement et de paix, les Libériens ont offert au plus grand de leurs footballeurs, George Weah, une victoire éclatante, a confirmé vendredi la Commission électorale nationale (NEC), ouvrant la voie à une alternance démocratique exemplaire.

Le président de la NEC, Jerome Korkoya, a proclamé en début de soirée la "victoire au second tour" mardi de George Weah et de sa colistière, Jewel Howard-Taylor, à l'issue du dépouillement de 100% des suffrages.

Il a confirmé que l'ancien attaquant du PSG, de Monaco et du Milan AC avait remporté 61,5% des voix, contre 38,5% pour son concurrent, le vice-président sortant Joseph Boakai. Des pourcentages identiques à ceux annoncés jeudi après le décompte de plus de 98% des bulletins.

A la mi-journée, M. Boakai, 73 ans, avait reconnu sa défait dans un message solennel à la nation. "Mon amour pour le pays est plus profond que mon désir d'être président. C'est pourquoi j'ai appelé George Weah pour le féliciter en tant que vainqueur du scrutin présidentiel", a déclaré M. Boakai, qui avait contesté en vain pendant plusieurs semaines les résultats du premier tour du 10 octobre.

Cette fois, le scrutin, dont le déroulement pacifique et la bonne organisation générale ont été salués par les observateurs internationaux, a livré un verdict sans appel.

Weah, dont les discours de campagne associaient "espoir" et "unité", a raflé 14 des 15 comtés du pays, ne laissant la victoire à Joseph Boakai que dans son fief de Lofa (nord).

La Maison Blanche a félicité "le peuple du Liberia pour la conclusion réussie du second tour et le président-élu George Weah pour sa victoire", selon un communiqué.

"Il s'agit du premier transfert pacifique du pouvoir d'un chef d'Etat élu démocratiquement à un autre depuis des décennies, ce qui constitue une étape majeure pour la démocratie au Liberia", a souligné Washington, à l'origine de la création au XIXe siècle de la plus ancienne république africaine, constituée pour d'anciens esclaves.

Le président-élu a passé l'après-midi à son quartier général, recevant des coups de fils de dirigeants étrangers, ont indiqué ses proches.

La foule de ses supporters, qui l'attendait depuis des heures était tellement agitée que, pour des raisons de sécurité, le président-élu, monté sur un podium pour tenir un discours de victoire, a dû renoncer à prendre la parole.

"Mes chers Libériens, je ressens profondément l'émotion de toute la nation. Je mesure l'importance et la responsabilité de l'immense tâche qui m'échoit aujourd'hui. Le changement est en route", avait tweeté Weah après l'annonce de sa victoire.

Le président français Emmanuel Macron s'est entretenu vendredi avec l'ancien enfant chéri du Parc des Princes, élevé par sa grand-mère dans le bidonville de Gibraltar, à Monrovia, avant de devenir l'un des plus brillants footballeurs de sa génération dans les années 1990.

"Félicitations à George Weah pour sa brillante élection et à l'ensemble du peuple libérien pour le chemin parcouru vers la paix et la réconciliation. Congrats Mister George", a écrit le chef de l'Etat français dans un tweet.

"Félicitations Mr. George", a aussi écrit Didier Drogba, ex-gloire de Chelsea et de la sélection ivoirienne.

Le Camerounais Stéphane Mbia, ex-milieu de Marseille, a félicité Weah pour sa "superbe carrière". "Premier Africain Ballon d'or en 1995, premier joueur retraité à devenir président de la République. Respect ! ".

Le Liberia, qui peine à se remettre de l'épidémie d'Ebola, vit encore dans le souvenir de Charles Taylor, 69 ans, ancien chef de guerre puis président (1997-2003), prédécesseur de la présidente sortante Ellen Johnson Sirleaf (2005-2017).

Condamné par la justice internationale à 50 ans de prison, il purge sa peine en Grande-Bretagne pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre perpétrés en Sierra Leone voisine.

Sénateur depuis 2014, George Weah aura comme vice-présidente la sénatrice Jewel Howard-Taylor, ex-femme de Charles Taylor. Mais tous deux affirment ne pas entretenir de lien avec l'ancien président.

Près de trois décennies après le début d'une guerre civile particulièrement atroce --250.000 morts entre 1989 et 2003-- le Liberia s'apprête à vivre une transition en douceur, la première passation de pouvoir entre deux présidents élus depuis 1944.

Mme Sirleaf a déjà signé un décret établissant une "équipe de transition" pour organiser un "transfert ordonné du pouvoir" à son successeur, qui prêtera serment le 22 janvier.

Le Liberia suit l'exemple d'autres pays d'Afrique de l'Ouest qui ont vécu ces dernières années des alternances démocratiques, comme le Sénégal, qui n'a jamais connu de coup d'Etat, le Cap-Vert, le Ghana ou encore le Nigeria. En Gambie, le très autoritaire Yahya Jammeh a cédé le pouvoir après 22 ans en janvier dernier, après avoir contesté pendant six semaines sa défaite à la présidentielle face à Adama Barrow. - AfricaLog avec agence