L’artiste guinéen Elie Kamano s’est fait un nom à travers ses chansons dénonçant la corruption et la répression des régimes militaires successifs en Guinée. Mi-octobre, il a fui la capitale guinéenne Conakry, et le pays, après avoir reçu des menaces lui faisant craindre pour sa vie. De passage à Dakar, la capitale du Sénégal, il a raconté, au micro d'IRIN, son expérience et ses inquiétudes pour l’avenir de son pays.
« Depuis que j’ai commencé à chanter contre les régimes en Guinée, je n’ai jamais été aussi effrayé que cette fois-ci. C’est la première fois que les militaires débarquent chez moi, c’est la première fois que je reçois des menaces directement de militaires me disant de faire attention sinon ils [vont] me faire la peau. [Ce sont] les raisons qui m’ont poussé [à partir], avec aussi les conseils d’amis qui m’ont dit de me mettre à l’abri, parce que mieux vaut vivre que mourir si on veut … mener une lutte, une révolution. C’est quand tu vis que ta révolution peut vivre avec toi, [si] tu ne vis pas, tu n’es pas porteur de message. » « La seule peur que j’aie aujourd’hui, ce n’est pas le gouvernement, c’est le peuple. C’est quand le peuple n’arrive pas à se comprendre que la magouille ou la manipulation des gouvernements… fait qu’entre nous, on soit divisés à ce point, jusqu’au point de dire que telle ethnie ne peut pas gouverner la Guinée… C’est très dangereux. » - IRIN