Le 7 mars, le Général Sékouba Konaté, président par intérim de la Guinée a signé un flots de décrets concernant, notamment les statutaires du CNT (Conseil national de la Transition), que dirige Hadja Rabiatou Serah Diallo et la Présidence de la Cour suprême. Dans l'un et l'autre cas, Sékouba Konaté, selon des Guinéens, aura désavoué Capitaine Moussa Dadis Camara, chef de la junte du Cndd en convalescence au Burkina Faso.
En effet, la composition du CNT rappelle étrangement celle de "la forêt gouvernementale" du Premier ministre Jean-Marie Doré, tant elle paraît pléthorique.
Toutefois certains guinéens s'en sont félicités pour avoir pris en compte quasiment les différentes sensibilités du pays. Mais il y a eu des reproches. Parmi ces reproches faits au décret, l'on note le galvaudage du terme "Société civile", auquel on soustrait des pans entiers de ses composantes, s'agissant par exemple des ordres socioprofessionnels, les Ong et autres confessions religieuses.
Le décret nommant les membres du CNT a été précédé de celui portant fixation de la date du premier tour du scrutin présidentiel au 27 juin prochain, soit dans quatre mois. Bien des Guinéens estiment que le Général Konaté veut accélérer le processus électoral sans, forcément, tenir compte du retard accusé dans l'enrôlement des électeurs. D'autres y voient un camouflet de sa part pour se mettre à l'abri des critiques au sujet de son voyage pour Tripoli. On le sait, le Guide libyen n'a pas bonne presse en Guinée. A cause de son soutien supposé au Capitaine Dadis, quand celui-ci avait menacé le 15 avril 2009 de se présenter à la présidentielle. Le tollé qu'a suscité cette réaction avait été à la base de l'annulation de la visite que le chef de la junte avait envisagée pour la Libye, craignant un hypothétique coup d'État. D'ailleurs, une dizaine de militaires avaient été soupçonnés de planifier un complot et avaient été arrêtés. Parmi ces derniers, figurait le Colonel Aboubacar Sidi Camara alias "Idi Amin". Et comme par enchantement, celui-ci se retrouve aujourd'hui comme membre du CNT. Ce qui fait dire à des observateurs de la scène politique guinéenne que le décret du Général Konaté sonne comme un désaveu pour le capitaine Dadis.
On rappelle qu'Idi Amin avait été nommé Ministre secrétaire permanent du Cndd pour quelques jours, à la prise du pouvoir le 23 décembre 2008. Il a été vite débarqué pour n'avoir pas cité le nom de Capitaine Dadis dans son discours de prise de service. Il a subi une des premières humiliations publiques que Capitaine Dadis a faites à plusieurs personnalités du pays dans ses "shows' d'antan synchronisés dans les médias d'Etat.
Autre décret du Général Sékouba Konaté ayant suscité des vagues, c'est le retour en force de M. Mamadou Sylla "Syma" au poste de Premier Président de la Cour suprême. Ce dernier aussi avait été relevé de ses mêmes fonctions, deux jours après sa nomination. Le Capitaine Dadis avait piqué une colère noire contre "Syma" lorsque celui-ci a parlé de Sacerdoce dans son discours de prise de fonctions au lieu de vanter Capitaine Dadis qui l'a promu à ce poste. "Sacerdoce, sacerdoce. Il parle de sacerdoce comme si c'est sacerdoce qui l'a mis-là . Maintenant, Sacerdoce n'a qu'à le ramener", s'était marré le chef de la junte lors d'une de ses sorties radiotélévisées. – AfricaLog