Le Premier ministre de Guinée Ahmed Tidiane Souaré et son gouvernement ont fait allégeance jeudi au chef de la junte au pouvoir, le capitaine Moussa Dadis Camara , qui leur a demandé d'"aider" son régime lors d'une rencontre à son QG, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Le président français Nicolas Sorkozy a demandé jeudi, dans un communiqué de l'Elysée, des "élections libres et transparentes", à "bref délai". Les Etats-Unis ont exigé jeudi un "retour immédiat à l'ordre civil" et "rejettent le communiqué des militaires (putschistes) promettant des élections en décembre 2010", selon un communiqué de leur ambassade à Conakry transmis à l'AFP. "Retenez que nous sommes des techniciens (...) et que nous sommes à votre entière disposition. Nous vous remercions encore une fois pour votre sagesse, Monsieur le président", a déclaré M. Souaré au chef de la junte. M. Souaré répondait au capitaine Camara qui avait demandé au Premier ministre et à son gouvernement d'"aider" son régime. "Hier, c'était vous, aujourd'hui, c'est nous. Nous vous avons aidés, vous devez nous aider", a déclaré M. Camara devant la presse, à la trentaine de membres du gouvernement réunis au camp militaire Alfa Yaya Diallo de Conakry où ils avaient été convoqués par la junte. "Rassurez-vous que vous êtes en sécurité avec nous. (...). Vous pouvez revenir aux affaires (par la voie des urnes, ndlr), évitons simplement les oppositions armées qui entraîneraient notre pays dans des guerres fratricides", a poursuivi le capitaine Camara, qui s'était autoproclamé la veille "président de la République". La prise de pouvoir par l'armée est "une transition pour aboutir à des élections libres et transparentes, au terme desquelles nous allons rejoindre les casernes", a-t-il promis. "Nous ne sommes pas des ambitieux, que Dieu nous éloigne de l'injustice, du tribalisme, de la corruption", a-t-il encore déclaré. Le chef du gouvernement et ses ministres ont écouté religieusement la déclaration du nouvel homme fort de Conakry, se levant à son arrivée et s'asseyant lorsqu'il les invitait à le faire. Les militaires putschistes avaient intimé l'ordre mercredi soir à "tous les officiers généraux de l'armée" et "membres du gouvernement" de gagner ce camp militaire dans les 24 heures, avertissant que "passé ce délai" un "ratissage" serait organisé dans le pays. Souaré avait été nommé Premier ministre en mai par le "général-président" Lansana Conté. La junte a pris mardi le pouvoir en Guinée par un coup d'Etat militaire, peu après l'annonce du décès de Lansana Conté dans la nuit précédente. Tous les participants à la réunion ont observé une minute de silence à sa mémoire. "Lansana Conté est pour nous un symbole, il nous a formés, il nous a encadrés, nous ne devons pas ternir son image et salir sa mémoire", a alors déclaré le chef de la junte. M. Souaré et ses ministres devaient, à leur sortie du camp Alfa Yaya Diallo, se rendre dans un autre camp, Almamy Samory Touré, pour présenter leurs condoléances à la famille du président décédé, dont les funérailles "nationales" sont prévues vendredi.- AFP