Deux mois après sa déclaration de candidature à la Maison-Blanche, Hillary Clinton a puisé samedi dans son histoire personnelle lors de son premier grand discours de campagne à New York, afin de défendre sa vision d'une Amérique profitant à nouveau aux «Américains ordinaires».
«Je ne suis peut-être pas la plus jeune parmi les candidats à cette élection», a ironisé Hillary Clinton, 67 ans, devant plusieurs milliers de sympathisants, dans un discours de 45 minutes prononcé sous un soleil de plomb. «Mais je serai la plus jeune femme présidente de l'histoire des États-Unis... Et la première grand-mère!».
Le lieu du discours était symbolique: l'île qui porte le nom de l'ancien président et héros démocrate Franklin Roosevelt, toute proche de Manhattan dont les gratte-ciels constituaient la toile de fond de la rencontre. Un lieu dégagé et «sans aucun plafond», a-t-elle dit, un clin d'oeil au «plus haut des plafonds de verre» auquel elle s'était heurtée lors de sa première candidature en 2008.
Rompant avec le positionnement de cette première campagne, Hillary Clinton a adopté un ton plus personnel, évoquant l'enfance difficile de sa propre mère, Dorothy, décédée en 2011, et retraçant les étapes de sa vie depuis son premier travail, dans le but de démontrer son engagement de 40 ans en faveur des enfants et des femmes.
«Je regrette qu'elle n'ait pas connu (...) une Amérique où un père peut dire à sa fille: oui, tu peux devenir ce que tu veux, même présidente des États-Unis», a dit Hillary Clinton.
Sur le fond, la candidate a promis de se battre pour une prospérité partagée et une économie «au service de vous et de chaque Américain», citant pêle-mêle ouvriers, infirmières de nuit, camionneurs, agriculteurs, anciens militaires...
«La prospérité ne peut pas être seulement pour les dirigeants d'entreprises et les patrons de fonds d'investissements. La démocratie ne peut pas être seulement au service des milliardaires et des entreprises», a-t-elle ajouté.
Relevant le nombre élevé de candidats aux primaires républicaines, elle a affirmé qu'ils «chantaient tous le même vieux refrain», promettant tous «une baisse d'impôts pour les plus riches et moins de réglementations pour les entreprises, sans tenir compte du fait que cela aggraverait les inégalités de revenus».
Outre Roosevelt, l'ex-sénatrice de l'État de New York a cité deux présidents: son mari Bill, présent en bas du podium avec leur fille Chelsea, et Barack Obama, dont elle fut la secrétaire d'État de 2009 à 2013.
Le discours était très attendu, car depuis avril, la candidate se contentait de rencontres de petits formats et de réceptions privées de levée de fonds. Son adversaire des primaires Bernie Sanders critique régulièrement son silence sur des sujets chers à la gauche, comme le futur accord de libre-échange avec la région Asie-Pacifique.
Hillary Clinton repart samedi dans l'État de l'Iowa, une étape cruciale pour tout candidat. Suivront une série de propositions sociales, économiques et politiques, dont elle a donné un aperçu: réforme fiscale pour inciter les entreprises à investir aux États-Unis, investissements dans les infrastructures, la recherche et les énergies propres.
Elle a répété samedi son engagement en faveur des droits des homosexuels, de régularisations massives de sans-papiers, ainsi que d'une réforme du système de financement électoral.
Mais elle a consacré la plus longue partie de son discours aux femmes et aux enfants, dénonçant les écarts de rémunération entre hommes et femmes, et proposant de généraliser les congés maladie et la pré-scolarisation des enfants avant cinq ans.
Rappelant ses années à la tête de la diplomatie américaine, Hillary Clinton ne s'est pas attardée la politique étrangère, perçu par sa campagne comme un sujet secondaire dans cette élection, au-delà des menaces terroristes --une discrétion relevée sarcastiquement par le parti républicain.
«Hillary Clinton ferait un troisième mandat de Barack Obama», a aussi réagi le républicain Scott Walker, candidat non déclaré aux primaires.
Hillary Clinton mène de loin la course des primaires démocrates, qui commenceront début 2016, aucun de ses rivaux n'étant aussi connu qu'elle.
Mais son problème d'image persiste: la proportion d'Américains estimant qu'elle n'est pas «honnête et digne de confiance» est passé de 49 à 57 % entre mars et juin, selon un sondage CNN, dans la foulée de révélations sur son usage exclusif d'une messagerie privée pour ses fonctions gouvernementales, ainsi que de multiples articles sur le réseau de donateurs de la fondation Clinton. – AfricaLog avec agence