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Iran: Khamenei soutient Ahmadinejad et défend la validité du vote

Jun 19, 2009

L'ayatollah Ali Khamenei, Guide suprême de la révolution iranienne, a apporté vendredi son soutien au président Mahmoud Ahmadinejad et accusé les "ennemis de l'Iran" d'attaquer la légitimité du pouvoir islamique en remettant en cause le résultat du scrutin présidentiel du 12 juin.

Mettant en garde contre les tentations "extrémistes" qui ne peuvent conduire qu'à des effusions de sang et au "chaos", il a demandé aux candidats battus l'arrêt des manifestations de rue et appelé la nation au calme, après une semaine de troubles qui ont fait au moins sept morts, un mouvement de protestation sans précédent depuis 1979 et l'avènement de la République islamique.

"Les résultats de l'élection sortent des urnes, ils ne se décident pas dans la rue", a-t-il martelé dans sa première allocution à la nation depuis le scrutin contesté.

"Les ennemis (de l'Iran) prennent pour cible la légitimité du pouvoir islamique en remettant en cause l'élection et sa validité, avant et après" le scrutin, a-t-il ajouté en dénonçant les ingérences de "certaines puissances étrangères" et en disant n'avoir aucune leçon à recevoir des Etats-Unis en matière de droits de l'homme.

Il a démenti toute scission au sein des instances dirigeantes et a tenu à souligner que ses propres vues, tant en matière de politique étrangère que de politique intérieure, étaient plus proches de celles du président réélu Mahmoud Ahmadinejad que de n'importe quel autre responsable politique du pays.

"NE LAISSEZ PAS L'ÉTRANGER ÉCRIRE NOTRE HISTOIRE"

Des dizaines de milliers de personnes s'étaient rassemblées en début de matinée sur le campus de l'Université de Téhéran, où Ali Khamenei a pris la parole.

Des photos de Khamenei, d'Ahmadinejad et de feu l'ayatollah Ruhollah Khomeini, père de la révolution islamique de 1979, étaient brandies par la foule, au milieu de drapeaux iraniens.

"Ne laissez pas l'histoire de l'Iran être écrite avec le stylo des étrangers", pouvait-on lire sur une pancarte.

La plus haute autorité de la République islamique a soutenu ouvertement le président ultraconservateur sortant pendant la campagne et invité les Iraniens à l'union derrière Mahmoud Ahmadinejad.

Mais les partisans de Mirhossein Moussavi, le candidat des réformateurs, dénoncent une fraude électorale d'une vaste ampleur. La contestation de l'élection a mis en lumière comme jamais auparavant les luttes internes au sein du pouvoir religieux et politique.

L'ancien président Mohammad Khatami a pris fait et cause pour le principal candidat des réformateurs, comme un autre ex-chef de l'Etat, Akhbar Hashemi Rafsanjani, très critique envers Ahmadinejad.

Le pouvoir cherche à reprendre la main en Iran. Aussi le sermon de l'ayatollah Khamenei, prononcé à l'occasion du jour hebdomadaire des prières, était-il très attendu, au lendemain d'une sixième journée de manifestations massives.

PLUS DE 600 RECOURS À L'ÉTUDE

Plusieurs dizaines de milliers de partisans de Mirhossein Moussavi sont encore descendus dans les rues de la capitale jeudi en hommage aux victimes des violences post-électorales.

Les médias publics iraniens ont rapporté que sept ou huit personnes, selon les sources, avaient été tuées en marge des manifestations qui se répètent quotidiennement depuis la proclamation des résultats de la présidentielle, samedi dernier.

Ce mouvement de contestation, d'une ampleur inégalée en Iran depuis la révolution islamique, a été durement réprimé et plusieurs dizaines de réformateurs ont été arrêtés.

La lauréate du prix Nobel de la paix Shirin Ebadi a affirmé qu'un demi-millier de personnes avaient été arrêtées et a appelé à leur libération immédiate. Elle a en outre souhaité l'organisation d'un nouveau scrutin sous l'égide de l'Onu.

Ebrahim Yazdi, ancien ministre des Affaires étrangères qui anime le Mouvement de la liberté, organisation d'opposition tolérée par le régime, a en revanche recouvré la liberté, a-t-on appris dans son entourage. Il avait été arrêté mercredi alors qu'il passait des examens médicaux dans un hôpital de Téhéran.

Les journalistes des médias étrangers ont reçu l'ordre de ne pas quitter leur bureau pour couvrir les événements et les médias iraniens font l'objet d'une étroite surveillance.

Comme les deux autres candidats malheureux, le réformateur Mehdi Karoubi et le conservateur Mohsen Rezaï, Mirhossein Moussavi devrait être reçu samedi par le Conseil des gardiens, principal organe législatif d'Iran.

Cette instance a été saisie de 646 recours dont elle a dit avoir commencé un "examen minutieux". Manques de bulletins, pressions sur les électeurs et entraves à l'observation des dépouillements sont quelques-unes des fraudes dénoncées. – Reuters