Le Premier ministre burkinabè Isaac Zida a démenti lundi des rumeurs de démission, alors que la garde présidentielle réclame son départ à trois mois de l'élection présidentielle prévue le 11 octobre.
Le Burkina Faso connaît depuis plus d'une semaine une nouvelle crise autour du Régiment de sécurité présidentielle (RSP): ce corps d'élite, qui fut le bras armé de l'ex-président Blaise Compaoré - chassé par la rue en octobre après 27 ans de règne - exige le limogeage du lieutenant-colonel Zida, qui est pourtant son numéro deux.
J'ai suivi comme vous les informations erronées dans la presse hier (dimanche). Je voulais saisir cette occasion pour vous dire qu'il n'en est rien. Au sein du gouvernement il n'y a aucune crise. Le Premier ministre est toujours en place, plaise à Dieu!, a déclaré M. Zida.
Des sites internet et radios burkinabè avaient évoqué dimanche une possible démission du Premier ministre.
Cela a un peu jeté le trouble au sein de la population, a affirmé M. Zida, lançant un appel à la sérénité et au calme lors d'une conférence de presse dans une base militaire de Ouagadougou proche de l'aéroport, juste avant de s'envoler pour la Côte d'Ivoire voisine pour un déplacement officiel.
Le gouvernement burkinabè a affirmé qu'un complot contre M. Zida fomenté par des membres de la garde présidentielle avait été déjoué le 28 juin.
Mais des officiers du régiment controversé accusent le chef du gouvernement d'avoir monté un faux complot contre sa personne afin de créer des troubles et de se maintenir au pouvoir.
Les chefs militaires burkinabè ont de leur côté demandé vendredi au président Michel Kafando, qui tente de jouer les médiateurs, la formation d'un gouvernement composé de civils pour mettre fin à cette nouvelle crise, selon deux sources militaires interrogées.
Que ce soit X ou Y, ce qui est important c'est que nous puissions conduire cette transition, que nous puissions parvenir aux élections le 11 octobre, a lancé M. Zida.
La première crise autour du RSP (1.300 hommes) remonte à février: la garde présidentielle exigeait déjà la démission de M. Zida, qui avait réclamé la dissolution pure et simple du régiment, avant de se raviser.
Le RSP est accusé d'être impliqué dans des assassinats comme celui du journaliste Norbert Zongo à la fin des années 1990.
Les autorités de transition, mises en place après la chute de Blaise Compaoré, devront rendre les rênes du pays au nouvel exécutif issu de la présidentielle d'octobre.
Pas de dissolution du gouvernement imposée par le RSP, ont lancé une trentaine d'organisations de la société civile dans une déclaration lue lundi devant la presse par leur porte-parole Guy-Hervé Kam.
La crise actuelle, maquillée en affaire Zida-RSP, n'est que la partie visible de l'iceberg, ont affirmé ces organisations, pour qui le régime déchu, via ses partis satellites, ses réseaux mafieux et occultes appuyé par leur bras armé, le RSP, tente de faire tomber la transition pour empêcher l'élection.
Une possible rencontre avec Blaise Compaoré n'est pas à l'ordre du jour, a affirmé Isaac Zida lors d'une conférence de presse à Abidjan. Je ne pense pas que je puisse rencontrer tous les Burkinabè vivant en Côte d'Ivoire, a-t-il sobrement commenté.
M. Compaoré, qui a été un soutien important d'Alassane Ouattara durant la décennie de crise politico-militaire ivorienne (2002-2011), est exilé en Côte d'Ivoire depuis sa chute. – AfricaLog avec agence