Le gouvernement de la République démocratique du Congo a invité une vingtaine de groupes armés à participer à des discussions avec la rébellion tutsie afin de faire cesser les affrontements dans la province du Nord-Kivu, annonce le ministre de l'Information.
Le chef des insurgés tutsis, le général Laurent Nkunda, n'a cessé de réclamer des négociations directes avec le président Joseph Kabila après avoir lancé, fin août, une nouvelle offensive qui a contraint 250.000 habitants de l'est de la RDC à fuir face aux violences. Mis en déroute de manière répétée par les combattants de Nkunda, le gouvernement a apparemment accepté vendredi cette revendication en annonçant qu'il enverrait le lundi 8 décembre une délégation au Kenya pour rencontrer les rebelles.
Le ministre de l'Information, Lambert Mende, a déclaré dimanche que d'autres groupes armés signataires en janvier d'un accord de paix participeraient à la réunion de Nairobi. "Il y a une vingtaine d'entre eux (...) Nous ne voulons laisser personne en dehors", a-t-il dit à Reuters. Kabila et Nkunda ne devraient pas assister à la réunion de Nairobi. Un porte-parole du Congrès pour la défense du peuple (CNDP) de Nkunda a déclaré que la délégation de rebelles n'avait pas encore été informée de la décision d'inviter d'autres groupes, notamment des milices pro-gouvernementales.
"PAS DANS LA BONNE DIRECTION" Nkunda a jugé partial l'accord de janvier, appelé "Amani" ("Paix" en swahili) et il l'a rejeté. "Notre position est très claire. Nous négocierons avec le gouvernement et avec personne d'autre", a déclaré à Reuters à Nairobi Bertrand Bisimwa, du CNDP. "Le gouvernement peut négocier avec qui il veut, mais toute tentative de nous imposer l'Amami est vouée à l'échec", a-t-il prévenu.
Nkunda a proclamé fin octobre un cessez-le-feu unilatéral alors que ses hommes étaient sur le point de s'emparer de Goma, le chef-lieu de la province. Le cessez-le-feu a été dans l'ensemble respecté par les rebelles et par l'armée, mais des heurts se sont poursuivis entre les combattants de Nkunda, d'une part, et d'autre part les Mai Mai, une milice locale, et des rebelles hutus rwandais qui apportent ponctuellement leur soutien à l'armée gouvernementale, faible et indisciplinée. Des responsables gouvernementaux et des représentants des rebelles ont souligné que le principal objectif des discussions de lundi était de consolider le cessez-le-feu et d'y associer d'autres groupes.
Observateurs et diplomates ont réservé un accueil prudent à la réunion qu'ils considèrent comme une première étape pour désamorcer les tensions. "Ce qui compte, c'est que le gouvernement et le CNDP vont se parler. C'est ce qui apparemment va se passer. Et c'est un pas dans la bonne direction", dit un diplomate occidental.- Reuters